LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]

[CHAPITRE 23] Changements imprévus.

Ce fut de mauvaise humeur qu'Hermione descendit le lendemain, pestant toujours contre Fred. Elle n'attendit même pas ses amis, trop occupée à ruminer ses pensées, et s'empressa de rejoindre la Grande Salle, à la fois pressée de s'éloigner le plus vite de la salle commune où elle risquait de tomber sur un certain rouquin, mais aussi de savoir si l'article d'Harry avait été finalement publié.

Le printemps approchait à grands pas, pourtant, les températures encore fraîches de l'hiver contraignaient les étudiants à se déplacer chaudement vêtu même au sein du château, les obligeant à traverser des couloirs glacials. La plupart des cours en extérieur avaient même été annulés ces dernières semaines, sauf ceux de Botanique, du fait du froid. Et comme il était impossible de chauffer les serres à cause des plantes, les élèves avaient donc du apprendre à travailler dans des conditions difficiles.

Hermione frissonna en pénétrant dans le Hall d'entrée, dans lequel quelques collégiens s'étaient réunis, soit pour attendre des amis soit pour discuter loin du regard perçant des professeurs assis à leur table. Un instant, elle songea à faire de même, pour attendre qu'Harry et Ron ne la rejoigne, mais penser au rouquin lui fit inévitablement songer à son frère, et elle pénétra dans la Grande Salle, furieuse.

Du coin de l'œil, elle remarqua la présence discrète de Luna Lovegood à la table des Serdaigle, entrain de lire un manuel de Divination. La blonde lui offrit un signe chaleureux de la main, auquel Hermione répondit un peu tardivement, surprise de voir sa camarade d'aussi bonne heure.

Un soupir lui échappa en s'installant à sa place habituelle, non loin de l'entrée, et se versa du jus de citrouille dans un verre, méditant encore sur la façon qu'elle accueillerait Fred lorsqu'il finirait par la rejoindre.

Car au fond, elle lui en voulait encore des propos qu'il lui avait tenu la veille, prétextant qu'elle serait furieuse contre lui s'il lui confiait ses tracas, ce que la jeune fille trouvait parfaitement égoïste, puisqu'il lui en avait longuement voulu de ne pas faire de même de son côté. Il s'était plaint qu'elle ne lui parle pas assez, et maintenant il agissait exactement de la même façon. Etait-ce sa façon de se moquer d'elle ?

Elle avait passé une majeure partie de sa nuit à essayer de comprendre son comportement. Elle l'avait analysé sous tous les angles, comme s'il s'agissait-là d'un devoir difficile, et en avait conclu que cela avait un rapport avec le grande projet que George et lui avaient. Ils ne cessaient de lui en parler depuis des mois maintenant, s'enthousiasmant de le voir avancer plus vite que prévu. La seule chose qu'ils avaient consentis à lui dire, c'était que ce serait leur blague la plus grandiose. Et aussi, et surtout, la dernière.

Cela voulait-il dire qu'ils comptaient se tenir à carreaux après ça ? Avec l'approche de leurs ASPIC, peut être avaient-ils finalement compris qu'il était temps de se mettre à travailler plus sérieusement ? C'était peu probable, mais Hermione ne voyait pas d'autres explications.

Des plausibles, s'entend.

Un énième soupir lui échappa, et elle se massa les tempes. Cette histoire, ajoutée au manque de sommeil, lui donnait une migraine affreuse. Des cernes violettes encadraient ses yeux, faisant ressortir la pâleur de sa peau, et quiconque la voyait en cet instant aurait pu croire qu'elle était malade. Mais ce n'était pas le cas. Et elle songea qu'elle avait devoir demander des potions à Mrs Pomfresh pour apprendre à gérer son calme, surtout si Fred acceptait enfin de lui parler.

Harry et Ron arrivèrent finalement, une dizaine de minutes après elle, et ils se mirent tous les trois à contempler le ciel avec inquiétude. Depuis trois jours qu'ils attendaient d'avoir des nouvelles de l'interview du Survivant, leurs nerfs commençaient à être légèrement à vifs. Ajouter un rouquin à tout ça, et Hermione finirait par exploser.