[CHAPITRE 13] Noël glacial.

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Le vent s'engouffra si rapidement dans la gare ouverte que je n'eus pas le temps de resserrer mon écharpe autour de mon cou et un immense frisson parcourut ma colonne vertébrale, quelques secondes avant que les premiers sifflements du Poudlard Express ne parviennent à mes oreilles. Du coin de l'œil, je vis ma mère faire quelques pas en avant et pousser une exclamation de joie en reconnaissant le train rouge et noir en bout de gare.

—Enfin ! soupira-t-elle d'une voix tendue.

J'aurais vraiment voulu partager l'enthousiasme du reste de ma famille à l'idée de revoir mon frère et ma sœur ainsi que Harry. Pourtant, en cet instant précis, alors que la distance se réduisait doucement entre nous et la locomotive, ce fut l'angoisse qui prédomina. L'angoisse, tenace, qui ne m'avait pas quitté ces dernières semaines. L'angoisse à l'idée de revoir Hermione.

C'était tout bonnement idiot, car j'attendais ces retrouvailles depuis la seconde où elle avait posé un pied dans le train en septembre. Je les attendais avec une impatience que je n'avais jamais connu jusque-là et qui faisait bien rire mon jumeau. Je les attendais comme un enfant attend l'autorisation d'ouvrir ses paquets de Noël. Je les attendais comme on pouvait attendre la naissance d'un bébé. Je les attendais tellement fort que ça me rongeait ces derniers jours et mes pensées tournaient constamment autour de cette fille à la chevelure indisciplinée dont j'étais tombé amoureux.

Comment allait-elle réagir en me voyant ?

Trente mètres.

Serait-elle fâchée que je sois là ?

Vingt-cinq mètres.

Ou bien serait-elle heureuse de me voir ?

Vingt mètres.

Ferait-elle comme si je n'existais, un peu comme j'avais agi ces dernières semaines en ne répondant pas à ses appels ?

Dix mètres.

Mon cœur fit une embardée lorsque le wagon de tête nous dépassa. Quelques élèves téméraires avaient passés la tête à travers les fenêtres baissées pour tenter d'apercevoir leurs familles sur la gare. Il y eut des cris de joie, des prénoms lancés et répétés plusieurs fois, des rires et des larmes.

Terminus.

Lorsque les portes s'ouvrirent, ce fut la cohue générale, si bien que je faillis perdre George et mes parents du regard. D'ailleurs, je ne parvenais pas à détacher le mien de l'ouverture qui me faisait face, comme si c'était de celle-là qu'Hermione allait descendre. Des élèves jeunes, peut-être des premières années, descendirent et se jetèrent dans les bras des adultes qui les attendaient autour de nous. Le brouhaha s'intensifia brusquement et je grimaçais.

Une foule monstrueuse se dessina devant moi, m'empêchant de voir la porte du compartiment. Ma mère, impatiente, sautillait autant qu'elle le pouvait pour tenter d'apercevoir les cheveux roux de ses enfants, en vain. Mon père, essayait tant bien que mal de la rassurer, promettant que Ron et Ginny allaient arriver d'une seconde à l'autre. Je vis mon frère s'éloigner un peu, pour se rapprocher d'une élève blonde que je ne parvins pas à identifier, car il la masqua avec sa grande taille.

Et ce fut en tournant la tête que je plongeais mon regard dans le sien. Le monde environnant sembla se figer. Le temps se suspendre.

Hermione n'était pas arrivée par la porte que j'espérais. Sa lourde malle traînait derrière elle, et elle avait même posée la cage de Pattenrond dessus. D'ailleurs, il me jeta un regard si féroce que je me demandais l'espace de quelques secondes si ce chat n'avait pas un pouvoir de télépathie. Mais cette pensée absurde eut vite fait de disparaître de mon esprit lorsque je remarquais le petit sourire accroché à ses lèvres.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Where stories live. Discover now