Chapitre 66

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Adriel

Je n'ai pas pu m'empêcher de venir la voir. Si hier soir elle m'a clairement montré qu'elle voulait garder une partie de son passé secret, je me suis aussi rendu compte que pour une fois, nous avons pu parler calmement. Lynn comme moi ne voulions pas d'une énième prise de bec.

Dans ces vêtements bien trop grands et sa terre sur le visage j'ai pu voir deux points particuliers. Elle n'est qu'encore une gamine de dix-sept ans, la terre me donner cette impression de voir une enfant s'amuser, sa façon de parler m'a toujours donné l'impression de parler avec une personne bien plus âgée qu'elle ne l'est.

La seconde chose qui m'a frappé c'est qu'elle est vraiment petite, j'ai quasiment deux têtes de plus qu'elle, ses grands vêtements la rendent encore plus mince qu'elle ne l'est déjà. Cela m'a donné une de la protéger, de m'occuper d'elle, de prendre soin d'elle. Et elle est devenue hésitante, comme si quelque chose la troublait fortement.

Elle est là devant moi, le visage ayant perdu ces traces marrons. Elle est si proche de moi, mais j'ai l'impression qu'elle n'a jamais été si loin. Elle ne montre rien, enfin si, un tourbillon de choses que je suis incapable d'interpréter.

- Pourquoi m'as-tu évité depuis que nous sommes rentrés de chez toi ?

Je crois qu'elle ne s'attendais à cette question, elle me brûle les lèvres depuis hier soir. Elle ouvre la bouche puis la referme, elle ferme les yeux et se pince l'arête du nez.

- Je sais de quoi Pierre t'a parlé, et je savais très bien que tu souhaiterais m'en parler... Et tu me l'as confirmé hier soir. Je n'ai pas besoin de cela en plus. Pas envie d'y penser et de m'en rappeler et puis tu as les autres prétendantes à voir. Pas que moi, je ne veux pas donner l'impression aux autres que je prends tout ton temps.

- Mais pourquoi ? Depuis quand cela te dérange ce que pense les autres ? Depuis quand Lynn ? Tu n'étais pas comme cela avant de partir...

- Car cela me fait plus de mal que de bien ! Car je ne suis pas prête ! Et tu sais très bien que j'aime être discrète. Ce que je peux faire moi m'importe peu mais ici, cela à des répercutions sur beaucoup de monde et toi en premier.

- Et tu crois qu'un jour tu seras prête ?! Tu crois qu'un jour il y aura toujours une personne pour t'écouter ?! Tu nous repousse tous Lynn. Et je suis bien assez grand pour choisir ce que je fais. Si j'ai envie d'être avec toi alors je le fais !

J'ai haussé le ton. Encore une fois, quand il s'agit d'elle je m'emporte. Mais encore une fois j'ai oublié qu'elle est loin d'être aussi forte qu'elle ne le laisse paraître.

- Tu as raison, je ne serais jamais prête à te le raconter. elle dit cela d'une voix tellement calme que cela me glace le sang. Et de toute façon, cela ne vaut tout simplement pas la peine qu'on s'y attarde. On n'a pas besoin de s'attarder sur moi. Je n'ai pas ma place ici, et tout le monde le sait depuis le début. On se voile juste la face, on fait croire à tous que nous nous entendons alors que ce n'est pas le cas. Je fais semblant et tu le fais aussi. Il vaut mieux qu...

- Ne dis surtout pas que tu souhaites partir. Ne dis pas que ce serait mieux. La coupe-je ne pouvant pas entendre ces mots sortir de sa bouche.

Elle me fixe toujours aussi calme alors que je commence à vraiment m'énerver. Elle ne peut pas partir alors que je viens tout juste de la retrouver. Elle doit rester là. Cette jeune fille me fixe, les bras croisés contre sa poitrine.

- C'est pourtant le cas. Cela rime à quoi Adriel ? Tu peux me le dire ? Tu peux m'expliquer ce qui va se passer ensuite ?

Je la regarde, totalement perturbé par ses propos. Voyant que je ne réponds pas elle enchaîne :

- Le temps va passer, tu vas avoir de plus en plus de responsabilités. Je continuerai mes recherches et quand j'aurais l'âge et les papiers je demanderai d'avoir mon royaume. Tu sais ce qu'il va se passer si jamais il se passe quelque chose entre nous ? Cela va avoir beaucoup de répercussion sur le respect de nos peuples, sur notre capacité à le diriger. Alors on va réduire les risques de conneries tu veux bien.

- Tu es en train de me dire quoi qu'il se passe tu voudras ton royaume ?!

C'est comme le coup de grâce pour moi. Et cette voix toujours calme commence à m'énerver. Je préfère lorsqu'elle me hurlait dessus. Je m'assoie sur le lit et passe mes mains dans mes cheveux. Pourquoi cela me touche autant ? Pourquoi je me sens si trahis ?

- Il est temps qu'on retrouve notre liberté... il est temps...

- Car ton peuple n'est que celui de l'Alaska ?! Tu sais que cela va entraîner des famines que je ne pourrais jamais arrêter ? Tu penses vraiment que c'est la meilleure des solutions ?

- Non ! Arrêtez avec ça ! elle se retient de jurer. Je passe mon temps à réfléchir à tous cela ! Je passe mon temps à me demander si je fais le bon choix ou non. Si je serais capable d'être une bonne reine, ou si je vais pouvoir tenir plus d'un an sans que l'on m'attaque ! Sauf que toi tu n'étais pas là-bas ! Tu n'as pas vu l'espoir dans leurs yeux, le sourire sur leurs visages, le poids qui venait de s'enlever de leurs épaules. Et je ne peux pas me résoudre à les laisser ! Ils souffrent !

Je me lève et lui attrape les épaules, la fixe droit dans les yeux. Mais qu'est-ce qui s'est passé là-bas pour qu'elle revienne encore plus détruite ?

- Et c'est nous qui allons souffrir par la suite ! C'est ton quartier, ta famille, tes amis ! C'est moi qui vais souffrir. finis-je doucement.

Nous nous retrouvons dans le silence, mes mains descendent ses bras pour attraper ses mains. Je la fixe, elle a l'air dans un autre monde, un monde où personne ne peut s'approcher d'elle. Cependant elle me fixe, elle ne cille pas, c'est une statue.

- Lynn...

La porte s'ouvre dans un fracas pas possible m'empêchant de continuer.

Linéaire : Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant