Chapitre 48

20.6K 1.6K 68
                                    

La salle de bal est déjà remplie de personnes toutes plus riches les unes que les autres et je me sens vraiment de trop. Mais j'ai à peine mis les pieds à l'intérieur que Lila et Éva me saute déjà dessus. Je rigole doucement d'un rire forcé, mais ça me fait du bien de savoir qu'elles sont toujours ici.

- Tu nous as tellement manqué Lynn !

- Vous m'avez aussi manqué les filles. Vous êtes superbes !

- Et toi donc ! Alors où tu étais ? s'exclame Lila.

- Loin d'ici pour mon défi... vous savez très bien que je ne peux rien dire...

Elles me serrent dans leurs bras encore un fois mais avant qu'elles puissent dire quoi que ce soit je leur dis :

- Allez rejoindre vos familles et profitez-en ! Elles ne vont pas rester très longtemps.

- Mais et toi ?

- Ne vous inquiétez pas pour moi je suis grande, je vais pouvoir me débrouiller toute seule et de toute façon il nous reste beaucoup de temps pour parler de ce qu'il s'est passé ces deux mois.

Elles affirment et partent chacune rejoindre leur famille. Je garde ce sourire plaqué sur le visage. Il y a cinq filles qui ne sont pas là dont une qui se trouve actuellement avec le prince mais je n'ai aucune idée de qui peut être avec lui. Je me rends compte que je suis seule ici, bien qu'entouré d'au moins une centaine de personnes je me sens plus seule que jamais. Et peut-être que finalement Duncan avait raison, je n'ai pas les épaules d'une reine. Mais j'ai commencé alors je ne vais pas m'arrêter. Je me dirige vers ce qui ressemble à un buffet et prends une coupe de jus de fruits. Je ne tiens pas à boire de l'alcool, je ne bois jamais et ce n'est pas maintenant que je vais commencer.

Le temps passe et le prince et sa cavalière n'apparaissent toujours pas, mais j'ai entendu des conversations qui disait que tous les deux c'étaient énormément rapprochés depuis quasiment deux mois. Et que ça ne les étonnait pas de les voir mariés à la fin de cette année. Qui pour moi ne devient qu'une mascarade. J'ai eu le droit à des conversations pas très agréable car "je n'ai pas ma place ici et que de toute façon j'allais être éliminée ce soir". Oui on m'a réellement dit cela, mais j'ai simplement souris en leur répondant qu'on ne peut pas savoir l'avenir et que je suis là où je dois être, le tout avec beaucoup de politesse.

Après une demie heure à attendre ils arrivent enfin. Je suis tout au fond de la salle, et je sais très bien qu'avec la foule on ne me verra pas. Je ne veux pas qu'il me voit car je sais que mon masque de joie peut tomber à tout moment même si je fais tout pour qu'il reste bien accroché.

Dans les secondes qui suivent c'est Margot qui arrive, je vois une caméra qui me filme alors je souris encore plus et fait une révérence comme toutes les personnes de cette salle. Je tiens bon, je tiendrai, je dois tenir. Jusqu'à la fin du pire noël de ma vie. Le poids que j'avais dans la poitrine a laissé place à un vide. Et même si mes mains tremblent légèrement je ne montre rien qu'un sourire parfait. Même si mes yeux ne souhaitent que pleurer, je laisse croire que j'ai des étincelles dans les yeux. Dès que nous nous relevons je peux voir le prince et Margot dans les bras l'un de l'autres et heureux.

C'est à ce moment-là que je me décide à aller sur le balcon alors que la musique recommence à être joué. La caméra ne m'a pas suivie trop préoccupé par le lancement du bal fait par le nouveau couple. Et je ne peux pas leur en vouloir, ils se sont trouvés et s'ils sont heureux alors je ne peux que leur souhaiter le plus grand des bonheurs.

Appuyé contre la balustrade je peux voir la ville au loin et comme le jour de mon arrivée une vague de nostalgie me prend et encore plus aujourd'hui. La neige ne cesse de tomber mais sentir ce froid est la seule chose qui me rappelle que tout est réel. Mes yeux ne lâchent pas les petites lumières à l'horizon, je le fais pour eux. Je me battrai pour eux, quoi qu'il m'en coûte. Mais je hais cette sensation qui me détruit petit à petit. Je me hais d'être si naïve, de vouloir croire en n'importe qui. Je hais...

Une veste se pose sur mes épaules et je tourne la tête en me forçant à sourire et me retrouve face à un homme de vingt-trois ans environ. Une couronne sur la tête, et un air confiant et bienveillant.

- Que fait une jeune fille seule dehors dans se froid ?

- Je prends l'air et profite de quelques instants de calme.

- En regardant dans le vide comme si vous rêviez de quitter cet endroit ?

- Je ne regarde pas le vide mais la ville.

- Qu'à cette ville de si particulier ?

Je repose mon regard sur les lumières en soufflant un vrai sourire bien que mélancolique sur le visage.

- Elle est pleine de personnes heureuses, de familles aimantes, de joie, de paix, d'entraide et tellement de choses en cette soirée. Ils arrivent à oublier toutes les difficultés qu'ils ont, leur pauvreté pour juste être ensemble et s'aimer le temps d'une soirée. Voilà ce qu'elle a de particulier votre majesté...

Il ne dit rien et se contente d'observer avec moi. Je me demande pourquoi il reste là à regarder dans le vague.

- Vous devriez rentrer on doit vous chercher... dis-je au bout de quelques minutes.

- Cela doit être le cas pour vous aussi...

- Oh non... Personne ne m'attend à l'intérieur de ces murs vous pouvez me croire...

- Ne mentez pas mademoiselle, tout le monde vient accompagné à ce genre de soirée. Il y a forcément une personne qui vous attend.

- Je ne mens pas, je suis venue seule, et je crois que seulement deux, trois personnes avec vous savent que je suis ici. lui réponds-je en me tournant vers lui.

- J'ai l'impression que vous ne souhaitez pas être ici...

- Je pourrais en dire autant pour vous, car sinon vous ne seriez pas ici à me parler mais avec ceux qui vous ont accompagné.

- Touché, ce n'est pas ce que je préfère, être ici seulement pour assurer la paix entre deux royaumes n'est pas très intéressant. Et vous que fuyez-vous ?

- Si je réponds ma vie dans ce château ça marche ?

Il rigole un petit sourire vient se plaquer sur mon visage. Je reprends alors.

- Je viens de la ville que vous voyez au loin, d'un des quartiers les plus pauvres et je dois dire que ça me manque et particulièrement ce soir...

- Et si vous veniez danser avec moi, je pourrais peut-être vous rendre un peu moins nostalgique ?

Il me tend sa main avec un sourire charmeur, j'esquisse un petit sourire timide à mon tour. Si il me le propose, je pourrais en effet ne plus penser au reste. Je fini par poser ma main sur la sienne, lui rendant sa veste et marchant en direction de la salle de bal.

Linéaire : Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant