Chapitre 54 (Partie 2)

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Puis les études et l'internat avaient fait leur œuvre et Aidan s'était policé.

– Les mérites d'une éducation stricte à l'anglaise, avait-on dit.

Et si durant sa scolarité, Nathan avait eu des résultats plus qu'honorables, ceux de son cadet avaient été exceptionnels. Il avait excellé dans l'apprentissage des langues, des sciences, des mathématiques...


– Ce petit est une éponge, avait déclaré un professeur.

C'était aussi l'avis sa mère Aloysa, d'après elle Aidan serait toujours ce dont on aurait besoin. Elle disait cela en prenant son petit air mystérieux.

Et comme son frère ne semblait pas être décidé à mettre sa famille à l'abri des soucis, Aidan s'en chargea. Il devint riche, très vite après être sorti de l'école. Et si l'on invitait Nathan partout parce qu'il était un convive agréable et de bon ton, on faisait venir Aidan pour profiter de ses lumières, même si son humour irlandais choquait parfois les oreilles les plus prudes.

Gaëlle savait aussi que l'amitié qui le liait à Joshua Blake était aussi puissante qu'un sentiment fraternel. Adolescent, il parlait de lui comme son compagnon d'infortune, un jour, lors d'une fête de village, alors qu'il avait un peu trop bu, il raconta à Gaëlle qu'il était presque aussi dur d'être une grosse tête d'irlandais à Eton que le fils d'une folle. Ils avaient besoin l'un de l'autre pour se protéger des plus grands.

– Et Nathan ne peut pas te protéger ? Avait-elle demandé.

– Pfff ! Il ne fréquente pas les parias, il est trop occupé à être parfait, avait-il répondu.

Au fil du temps les deux fils Brogan s'étaient éloignés l'un de l'autre au grand désespoir de leur mère.

– On dirait deux étrangers ! S'exclama-t-elle un jour en les voyant. Prenez-vous dans les bras. Mieux que ça ! Ordonna-t-elle. Une vraie accolade. Et avec le sourire. Voilà ! Vous êtes heureux de vous voir et d'être en famille ! Un bisou maintenant !

– Mais Maman !!!

Malgré tout le sang était plus épais que l'eau comme on disait et les deux frères s'aimaient.

Aidan qui faisait tournoyer son alcool dans son verre reprit :

– Il a de très nombreuses qualités mais aussi quelques défauts.

Dans un réflexe primaire et parfaitement infantile, Gaëlle voulut le défendre comme l'aurait fait une adolescente énamourée. Mais pour une fois, elle se força à tenir sa langue.

– Nathan est dans un sacré guêpier.

– Il a des dettes ? Je sais qu'il est dépensier. C'est pour cette raison que votre père n'autorise pas notre mariage. 


– Oh Gaëlle. Si ce n'était que l'histoire de quelques paires de bottes, de vestons ou une note laisser dans quelques restaurants, ce ne serait pas bien méchant. J'aurais même pu lui verser une rente pour qu'il puisse vivre plus confortablement, vois-tu ? Son problème, c'est le jeu. Les cartes pour être plus précis.

– Il est plutôt bon au whist.

– Oui. Il a commencé à jouer à l'école, d'abord en pariant des sommes dérisoires, mais grâce à ça, il pouvait doubler son argent de poche et il avait alors de quoi s'acheter ce qu'il fallait pour "paraître". Il voulait avoir les mêmes affaires que ses amis, et jouer le lui permettait, car père n'aurait pas dépenser un sou pour des frivolités. Tu sais qu'il est plutôt économe de nature. Nathan était persuadé d'être un joueur d'exception. Sorti de l'école, il commencé à jouer plus gros, à gagner plus mais aussi à perdre davantage, mais il répétait sans cesse qu'il "allait se refaire". Et puis il a été invité à jouer dans le club de Lord Crawley : Le Purgatory.

Quand les loups se mangent entre euxWhere stories live. Discover now