Chapitre 42, Je te crois

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C'était sûrement une très mauvaise idée mais Charlotte n'en avait pas vraiment d'autre. Elle aurait pu appeler Adam mais une partie d'elle préférait ignorer cette option et agir seule.

C'est comme ça qu'elle se retrouva devant la porte des March à vingt heure trente ce soir-là. Elle n'avait pas vraiment préparé de mensonge élaboré au cas où Pamela et Eddy lui ouvraient la porte, mais elle avait une chemise cartonnée sous le bras et espérait qu'une simple transmission de "devoirs" serait assez crédible.

Prenant son courage à deux mains, elle appuya sur la sonnette. Elle l'entendit résonner à l'intérieur mais n'entendit personne, pas de pas pressés pour venir lui ouvrir : rien. Alors elle réessaya, cette fois plus insistante. Elle n'avait pas de raison de se retenir, si les parents de Joaquin avaient été là ils l'auraient déjà fait entrer.

Au bout de plusieurs sonneries, Charlotte perdit espoir et s'apprêtait à partir lorsque finalement la porte s'ouvrit derrière elle. Elle se retourna et tombe face à face avec Joaquin. Ce dernier semblait sortir de la douche et s'était habillé rapidement, ses vêtements tachés d'eau, une serviette sur une épaule. Ses bleus avaient pris une teinte plus foncée, surtout l'hématome qu'il avait sur la pommette.

"Tu comptes me fixer longtemps ?" demanda-t-il d'un ton neutre, son ton habituel.

Ses yeux n'avaient plus cette étincelle de folie qu'elle avait remarqué plus tôt et il semblait étonnamment calme.

"Je voulais être sûr que tu allais bien" essaya Charlotte dans une tentative d'explication de sa présence.

Joaquin soupira et lui ouvrit la porte en grand.

"Entre" soupira-t-il.

Et avec un hochement de tête reconnaissant, Charlotte entra dans la demeure des March.

Elle eut du mal à reconnaître cette maison dans laquelle elle avait passé autant d'après-midi durant son enfance. Elle avait été entièrement rénovée dans un style plus chaleureux et moderne en bois qui contrastait avec les aires de petit manoir que dégageait la maison de l'extérieur. Il restait d'intérieur ce côté gothique mais atténué par l'ouverture que procurait une énorme baie vitrée donnant sur le jardin.

"Ça a changé ici" commenta Charlotte.

"Mes parents ont décidés de tout refaire il y a quelques années. C'est plus accueillant maintenant" dit Joaquin en allumant le luminaire du séjour, éclairant la grande pièce contre la pénombre naissante du soir.

La jeune fille hocha la tête et attendit qu'il lui propose de s'assoir pour s'exécuter.

"Va droit au but" lui ordonna presque Joaquin en se laissant tomber dans un fauteuil.

"Tout à l'heure" dit Charlotte "Quand je t'ai vu dans la rue, tu n'allais pas bien. Tu peux me dire ce que tu veux, je ne te croirais pas, je sais ce que j'ai vu"

Le garçon la considéra un moment avant de parler.

"J'étais sonné. L'entrainement ne fait pas de cadeaux" expliqua-t-il en pointant son visage du doigt "Rien de plus, pas de quoi s'affoler"

Il semblait honnête et Charlotte le pensait jusqu'à ce qu'elle remarque un faible flou autour de lui. Elle fronça les sourcils et se concentra sur ce qu'elle voyait. Et en quelques seconde elle discerna une ombre jaune pâle autour du corps du garçon.

D'un coup elle ouvrit la pochette en carton qu'elle avait tenue sous son bras depuis son arrivée et en sortit une feuille de papier qu'elle consulta sous le regard perdu de Joaquin.

Ira (FR Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant