Chapitre 41, Sautes d'humeur

11 2 0
                                    




"T'es prêt ?" demanda Nyle à Joaquin qui était assis sur un des bancs des vestiaires.

Il hocha la tête sans regarder le blond.

Mais il savait fermement qu'il n'était pas du tout prêt. Il tapait nerveusement du pied par terre. Nerveusement... Joaquin n'avait jamais été nerveux.

Ce soir était son premier combat contre une personne de la catégorie adulte. Certes, il avait déjà eu à faire à des adultes, à des hommes plus grands et plus forts que lui, mais jamais à de vrais combattants comme lui, jamais dans une vraie salle comme celle-ci. Si encore ils avaient pu se battre à l'entrepôt... Mais non, ce soir était un soir important pour une raison ou une autre, ce qui ajoutait encore plus de pression sur ses épaules.

"Rule, c'est maintenant" lança un homme de derrière la porte du vestiaire.

Joaquin contracta sa mâchoire, serrant les dents avant d'inspirer profondément et de se lever. Nyle le suivit, quelques pas derrière lui pour éviter de le rendre encore plus nerveux. Il avait foi en Rule, mais s'il y avait une personne en qui il avait encore plus foi c'était en Joaquin. Même si Rule savait donner et encaisser les coups, Joaquin était le seul aux commandes, celui qui pouvait tout faire basculer d'un seul coup, celui qui gagnait toujours.

Alors quand il monta sur le ring, Joaquin fit abstraction de tout ce qui l'entourait : des cris, des encouragements, des mots, des visages... sauf celui de son adversaire.

Clay fit les présentations et ajouta quelques mots sur les paris, mais la seule chose que Joaquin entendit vraiment fut la cloche du début de combat. Et la première chose qu'il vit fut le poing de son adversaire voler en direction de son visage.

Il leva sa garde et bloqua le coup de ses avants bras. Cependant, il ne ressenti aucune douleur car quand il montait sur le ring et devenait Rule, celle-ci lui était inconnue.

***

Ce soir-là, et pour la première fois de sa vie, Sawyer n'avait aucune idée de comment s'habiller. Il passa une demi-heure à faire des allés retours entre sa chambre et le séjour pour demander à sa mère ce qu'elle pensait de sa tenue.

"Pourquoi tu tiens tant à avoir mon avis ?" demanda-t-elle en éteignant le son de la télévision pour la énième fois.

"T'es une fille maman ! J'ai besoin d'un avis féminin !" répondit-il avant de tourner sur lui-même "Tu crois que la chemise blanche c'est too much ?"

"Pas avec ce jean" dit sa mère en pointant du doigts son slim troué aux genoux.

"C'est la touche Chandler" justifia-t-il simplement en retournant dans sa chambre.

Il s'assit sur son lit et attrapa ses docs, qu'il enfila avant de vérifier l'heure sur sa montre au verre fissuré. Il ne lui restait plus que dix minutes avant d'être en retard, dix minutes pour traverser la ville à pied. Il lâcha un juron et sans même penser à prendre une veste quitta la maison en courant, sans un au revoir à sa mère.

***

"C'était un des plus beaux combats que j'ai vu ces dernières années" avait dit Clay lorsque la cloche de fin de match avait retenti, avant que sa voix ne se fasse engloutir par les cris de la foule.

Et peut-être que c'était vrai, peut-être bien que ce fût aussi son meilleur combat. Pourtant lorsque Joaquin reprit vraiment conscience de ce qui l'entourait, la première chose qu'il ressenti n'était pas de la joie, ni de la fierté : c'était de l'incompréhension.

Ira (FR Version)Where stories live. Discover now