CHAPITRE 49

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— Tya, tu es sublime ! s'écrie Gabriel en se tournant vers moi sur la banquette.

Je le remercie mécaniquement sans lui adresser le moindre regard. Mes yeux ne quittent pas la silhouette qui me fait face. Le sourire de Charles Carpenter s'élargit encore et il confirme :

— Effectivement, vous allez en faire tourner des têtes, ce soir.

Si tu savais comme je m'en fous... La seule tête que je veux faire tourner ce soir, c'est la tienne, pauvre andouille... Te la dévisser bien comme il faut, histoire que tu regardes ton c*l plutôt que ceux des petites étudiantes qui n'ont rien demandé... La colère bouillonne en moi et je me dis que ce n'est pas plus mal : elle sera mon moteur pour la soirée.

Je me contente donc de sourire moi aussi, aussi faussement que lui. Gabriel ne sait pas encore qu'il va passer son temps à faire le tampon entre deux hypocrites. Hauts les coeurs et bon courage pour faire la conversation.

— Tu as pu décommander tes projets de ce soir, finalement ?

Gabriel tente de me faire décrocher un mot ou deux. Je détourne enfin le regard pour poser mes iris bleus dans les siens. D'un ton plus sec que je ne le voudrais mais qui trahit bien au final ce que je pense de ma présence forcée à ce spectacle, je lui dis :

— Non, mais tu ne m'as pas vraiment laissé le choix.

— Bien sûr que si tu l'avais, mais tu ne semblais pas décidée à faire le bon choix. Je t'ai juste aidée.

Je ricane. C'est qu'il ne manque pas d'air, mon manager. Je dois au moins lui reconnaître ça. Je lâche un léger soupir d'exaspération mais ne relève pas plus ce qu'il vient de dire. S'il veut croire à ce qu'il dit, qu'il le fasse mais ce sera sans moi.

Le reste du trajet se passe dans un silence religieux. Gabriel, à mes côtés, a bien compris que je lui en veux de m'imposer cette soirée. Quant à Carpenter, il m'ignore royalement, passant son temps sur son téléphone à échanger des messages. Je me fais la remarque qu'il est étrange, pour un homme comme lui, de textoter plutôt que d'échanger de vive voix, en parlant haut et avec force gestes, mais comme son indifférence m'arrange bien, je ne prête guère plus attention à lui, me contentant d'admirer les rues new yorkaises qui défilent à travers les vitres teintées de la limo.

Quelques longues minutes plus tard, nous arrivons enfin. Le chauffeur stationne juste devant la salle et descend pour venir nous ouvrir la portière et nous faire sortir. Je suis la première à mettre un pied dehors, aidée de la main qu'il me tend de manière très professionnelle. Je le remercie d'un sourire et d'un petit signe de tête.

Une main vient ensuite se poser dans le bas de mon dos. C'est Gabriel qui m'indique la direction à prendre et nous avançons vers l'entrée, tout en marchant aux côtés de Carpenter qui continue à être plus intéressé par son téléphone que par notre arrivée à destination. Mesquine, je souhaite en une silencieuse prière, qu'il se prenne les pieds dans le tapis et se vautre comme une m*rde.

Bien évidemment, le sort n'étant que rarement avec moi, je ne suis pas entendue et nous pénétrons entiers dans le hall.

Croûte, pour ne pas dire autre chose. Je n'en aurais pas boudé mon plaisir, autrement.

Je me dirige vers le guichet d'entrée pour faire la queue mais Gabriel me prend par le bras et m'entraîne à sa suite et celle de Carpenter. Ce dernier affiche un air ostentatoire quand on nous laisse passer devant tout le monde et qu'on nous déroule limite le tapis rouge... Euh, c'est pas un peu trop pour un mec aussi vomitif que lui ? Ah ben non, forcément, personne ne sait, je suis la seule ici à voir clair dans son jeu.

Avec un A comme Am...Where stories live. Discover now