CHAPITRE 41

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Nous sortons rapidement de la salle, et marchons dans la rue vers un petit food truck de la connaissance de Matt. Il m'explique qu'il a prévu que nous dînions chez lui un plat à emporter, pour gagner du temps et éviter se coucher à pas d'heure. C'est qu'il est fatigué, le p'tit bouchon.

— Donc c'est ok pour mon squatage chez toi cette nuit ?

— Bien sûr, pourquoi ?

— Oh, je ne sais pas, comme tu n'avais pas dit oui de manière claire... Je me disais que tu avais peut-être des choses à cacher...

Il passe un bras autour de mes épaules, tout en continuant à marcher :

— Non, rien à cacher. À part les potes pour une bière, je ne reçois jamais personne chez moi, encore moins des femmes...

Je lui lance un regard amusé, il est vraiment tel que je l'imaginais, quand j'ai fait sa connaissance. Le genre de mec qui dragouille pour faire comme les copains mais qui ne met pas forcément les nanas dans son lit. Je le taquine :

— Bon, bah ça a un côté rassurant au final. Au moins, je ne risque pas de mettre les pieds dans une garçonnière !

Il rit de bon coeur et me confie :

— Je ne suis pas certain que ce soit plus rassurant, en réalité. Mon appartement n'est pas doté du même confort que le tien.

Nous nous arrêtons enfin devant un petit camion aménagé en restaurant de fortune, qui me rappelle étrangement les baraques à frites françaises. Je laisse Matt faire la conversation avec le cuisinier. Ils parlent tous les deux en espagnol et je n'y comprends pas un traître mot. La transaction dure à peine deux minutes et nous repartons, toujours à pieds, direction l'antre de Matt.

En cheminant, il m'explique quelques petites choses au sujet de la spécialité de son pays qu'il souhaite me faire découvrir. Il s'agit d'un mofongo. C'est un plat très populaire par chez lui, fait à base de bananes plantains vertes, qu'on a faites frire et de viande ou de fruits de mer. Ici, il a choisi celui à base de porc, plus goûtu à son sens. Ça me convient parfaitement. Moi et les fruits de mer, ça fait... vomir. 

Yeurk.

— Habituellement, je le cuisine moi-même mais je connais celui qui le prépare et il fait ça bien, ça sera à peine différent du mien.

J'arque un sourcil réellement impressionné :

— Parce que tu cuisines aussi ? Mais dis-moi, tu serais presque le mec idéal.

— Je note le « presque », dit-il en me pinçant le flanc doucement, avant de déplacer son bras de mes épaules vers ma taille.

Nous arrivons dans sa rue environ dix petites minutes plus tard. Le bâtiment qui abrite son appartement est assez vieux, fait entièrement de briques rouges. Sur le petit escalier de béton qui mène à la porte d'entrée de l'immeuble est assise une bande de garçons que j'estime en âge de conduire. Ils portent des tas de bijoux autour du cou, la casquette à l'envers visée sur le crâne, sont tous tatoués et piercés, au delà du raisonnable. Le cliché du mauvais garçon qui se la joue tombeur du dimanche. Néanmoins, je ne tenterai pas un sourire moqueur : en effet, je ne leur trouve pas un air très engageant.

Matt resserre son étreinte autour de moi, sans pour autant leur accorder le moindre regard et nous montons rapidement les quelques marches sous les sifflets des garçons. Il me conseille de ne pas leur prêter attention et de ne pas le quitter d'une semelle au moment où il me lâche pour chercher sa clef et l'introduire dans la serrure.

Avec un A comme Am...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant