Avec un A comme Am...

CHAPITRE 4

— Le concert de samedi, c'était du pur délire, mec !

— Ouais, grave.

J'écoute d'une oreille distraite Colin me racontant le concert auquel je lui ai filé un coup de main : mon esprit est ailleurs. Je ne sais pas bien où en fait...

— Eh Matt, t'es là ou bien ?

— Euh, ouais ouais, je t'écoute !

— Sérieux ! T'avais l'air parti super loin, plutôt. J'te connaîtrais pas mieux, j'pens'rais qu'y a une fille là-d'ssous.

J'écarquille les yeux, plus comme pris en flag' que d'étonnement et je vois mon ami faire de même, plus de compréhension que d'étonnement lui aussi...

— Naaan ?! L'éternel célibataire serait mordu ??

— Meuh nan, tssss, qu'est-ce que tu racontes...

Je hausse les épaules en levant les yeux au ciel.

— J'partage juste mon box avec quelqu'un désormais. J'étais plus habitué, ça fait bizarre...

— Ah ok, celui pour qui tu ramènes un double sandwich américain tabasco ?

J'acquiesce avec soulagement : avec un sandwich pareil, jamais personne ne supposerait que mon collègue est une femme. Et effectivement, Colin semble se satisfaire de cette explication.

On termine notre rapide repas et on se lève pour regagner nos bureaux respectifs.

Dans l'ascenseur qui nous mène à nos étages, il revient à la charge :

— Il est sympa au moins, ton collègue ? Nan parce que sinon, je peux tripatouiller son dossier et l'envoyer bosser au 3ème sous-sol...

— Euh, nan, fin j'veux dire, non pas le sous-sol... mais ouais, sympa... Ça a l'air d'être quelqu'un de cool.

— Chouette, invite-le à un prochain concert ! Tous les premiers samedis du mois, on sera au Vertigo. Vu le succès du week-end passé, le patron nous a demandé d'nous produire chez lui régulièrement, désormais.

— Ah euh... ouais, je... je proposerai...

— Géant ! Allez, mec, file.

Les portes de l'ascenseur s'ouvre sur le 42ème étage et je sors, comme un robot, accompagné d'une tape virile de Colin dans mon dos. Un signe de tête plus tard et mon ami disparaît derrière les lourdes portes de l'élévateur qui le conduit au service informatique, huit étages plus haut.

Je soupire et regarde ce fichu sandwich... J'aurais peut-être dû lui prendre un machin végétarien ou un sandwich plus simple genre jambon-fromage... Un truc que les nanas mangent, quoi...

En passant la porte de l'open space, j'entends des rires provenant de mon box. En m'approchant, je découvre Tya en grande conversation avec Lisa. Toutes les deux semblent bien s'amuser, je n'ose pas m'avancer de peur de déranger. Mais Lisa est redoutable, elle m'aperçoit du coin de l'oeil et m'interpelle :

— Eh ben alors Matt ? Tu fais ton timide ou quoi ?

Lisa me lance un regard taquin. Je lui réponds, narquois :

— J'voulais juste pas écourter votre touchante réunion façon salon de thé.

Tya me corrige en riant :

— Salon de coiffure, plutôt.

— Ou institut de beauté !

— Oh oui, bien vu, Lisa : pendant une séance de gommage pour le corps... hummm...