Avec un A comme Am...

CHAPITRE 19

Midi.

J'émerge avec bien du mal. Mes yeux me brûlent et je mets quelques minutes à comprendre pourquoi. Les souvenirs me reviennent : Matt, mes révélations, ses bras, mes pleurs. Voilà donc pourquoi j'ai les yeux comme des pelotes !

Je me tourne, à sa recherche et m'aperçois que je suis dans mon lit, sans me rappeler m'y être installée. Mon premier réflexe, complètement irraisonné, est de soulever le plaid qui me recouvre. Je pousse un soupir de soulagement en constatant que je suis encore habillée comme la veille. Puis la culpabilité m'envahit : on parle de Matt, hey ! Pas de n'importe qui.

— Il t'a juste déposée dans le lit, avec beaucoup de précaution et de tendresse.

Je sursaute.

Monica se tient dans l'embrasure de la porte. Elle me sourit puis elle approche et vient s'asseoir sur le rebord du lit.

Je me redresse en appui sur mes coudes et je lui lance un regard qui traduit mon état d'esprit vis à vis d'elle.

Elle rigole :

— Oh oh, je connais ce regard, pas la peine de me le lancer, Matt s'en est déjà chargé ce matin. Et je vais te dire ce que je lui ai dit : j'vais pas m'excuser d'avoir fait ce qu'il fallait.

— Ce qu'il fallait ?

Petite moue de ma cousine, visiblement plutôt fière d'elle.

— Pour vous rapprocher, pardi ! Vous vous tourniez autour comme deux cercles concentriques. Fallait bien vous désaxer pour espérer que vous vous croisiez enfin ! Et puis, tu avais besoin de lui hier.

— Oh, mademoiselle donne dans la psychologie maintenant...

— Oui, bah après avoir discuté avec lui ce matin avant qu'il ne parte travailler, j'ai cru comprendre que mon stratagème avait plutôt bien fonctionné. Même plus que ce que j'espérais.

Je rougis. Elle n'a pas tort. Je dois au moins lui reconnaître ça : sans son coup de pouce qui nous a un peu forcé la main - sans jeu de mots - nous en serions toujours au même point. Moi, avec mes casseroles, et Matt avec ses sentiments inavoués.

Monica me dévisage et soudain, le sien s'éclaire :

— Au fait, il m'a dit de te dire qu'il t'appelait ce soir en rentrant du taff et qu'il te souhaitait un bon anniversaire.

Je laisse un timide sourire se dessiner sur mes lèvres et je saisis mon téléphone.

— Un petit texto pour le remercier, tu penses que ça le ferait ? Ou vaut mieux que j'attende son appel ce soir ? Je me sens gourde... J'sais pas y faire moi, dans ce genre de situation.

— Un texto, ça le ferait clairement oui. Écoute ton instinct, il se trompera rarement.

Je tapote mon clavier tactile et quelques secondes plus tard, j'envoie mon message.

[Coucou toi. Monica m'a transmis le message, merci :D J'espère que c'était pas trop dur d'aller travailler ce matin... Avec la soirée pour le moins compliquée que nous avons eue. Je croise les doigts que tu n'aies pas de souci avec Gabriel. A ce soir au tél. Tya]

La réponse arrive rapidement. Matt doit être en pause méridienne :

[Hey princesse. De rien ;) Et non, pas trop dur d'aller bosser mais plutôt de te quitter ce matin sans avoir pu te parler. Pas de Gabriel en vue. Il est en déplacement pour la journée. Youhou ! xD J'espère que tu vas bien... ou du moins mieux. Hâte d'être à ce soir. Bisous, Matt]