CHAPITRE 14

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J'ai passé le reste de mon dimanche dans un état semi-comateux. Je pense avoir dormi mais jamais plus de deux ou trois heures d'affilée. C'est comme si mon cerveau refusait que je le mette trop longtemps sur pause.

Vers dix-sept heures, je finis par me lever pour de bon : j'en ai marre de tourner et tourner encore dans mon lit. Je constate d'ailleurs que ma cousine n'est pas à côté de moi : j'ai probablement tellement remué que je l'ai fait fuir... 

Finalement, je la découvre dans le salon, concentrée sur son téléphone.

Elle m'aperçoit bouger dans son champ de vision et lève les yeux de son écran. Elle se décale dans le canapé pour me faire une petite place. Je viens m'y écrouler, les yeux encore passablement collés.

— Bien dormi ? me demande-t-elle.

— Moyennement... Je pense avoir plus somnolé qu'autre chose. L'impression d'avoir un processeur d'ordinateur dans la tête, qui turbine et qui turbine...

— Ouais, j'avais remarqué... Tracassée ?

— J'en sais rien...

Je reste volontairement évasive, pas envie de remettre certaines choses sur le tapis pour le moment. Je voudrais pouvoir passer le reste de mon dimanche dans la paix et la sérénité. 

Paix et sérénité : mon mantra du jour, c'est décidé !

— Dodo de bonne heure ce soir alors ?

J'étouffe un bâillement, étirant mon corps comme le ferait un chat puis marmonne vaguement, en posant ma tête contre son épaule :

— Probablement oui...

— Ça t'ennuierait si je sortais ce soir, du coup ?

Je me redresse et l'interroge du regard. Elle me sourit, comme le ferait une jeune fille à son premier bal. Puis elle agite son téléphone sous mon nez.

— C'est Adam, il voudrait qu'on aille boire un verre. Juste lui et moi... Pour faire plus ample connaissance.

— Hum hum... Et plus si affinités ?

Je lui fais un clin d'oeil entendu. Elle me le rend, accompagné d'un coup de coude dans les côtes.

— Y'a un double de mes clefs dans le petit cache-pot sous la sellette. Prends-le, au cas où tu rentrerais tard... Si jamais tu rentres.

Je la taquine, mais je suis heureuse pour elle. Je n'ai pas trop discuté avec lui, mais Adam me paraît le symbole même du type gentil, enjoué, que rien ne peut déstabiliser. Il a vraiment l'air de se faire à tout, sans se contrarier plus que ça.

Et puis, à 25 ans, Monica mérite bien de commencer à vivre pour elle aussi. Elle s'est beaucoup abstenue d'avoir des relations amoureuses après le lycée. Je venais de vivre un traumatisme impliquant des hommes et j'avais en aversion tout ce qui pouvait ressembler, de près ou de loin, à un garçon. Elle a pris soin de moi et ce soir, je me sens redevable comme jamais. A mon tour de lui renvoyer l'ascenseur.

Je l'encourage donc :

— Et pour répondre à ta question : non, ça ne me dérange pas du tout que tu sortes. Surtout sans moi, tu as assez joué les baby-sitters comme ça. En plus, t'es à New York, miss ! Faut en profiter... Après, ce sera retour en Louisiane... Le train-train quotidien... La routine, tout ça tout ça...

Je la vois qui ouvre la bouche pour m'envoyer paître mais elle finit par secouer la tête légèrement en me disant :

— Tu sais que c'est ma réplique, ça ! Y'a un copyright. Fais gaffe, ça pourrait ne pas être dans tes moyens.

Avec un A comme Am...Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz