CHAPITRE 46

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Nous arrivons chez Daryl alors que sonnent treize heures. Dans l'air de la propriété flotte une odeur de viande grillée. A priori, les festivités ont commencé sans nous. Nous pénétrons dans l'enceinte de la villa, en marchant d'un bon pas mais pas pour la même raison.

Matt, parce qu'il crève la dalle, il me l'a dit dans le taxi.

Moi, parce que je le sens mal : je suis persuadée que je vais découvrir Lisa et Daryl en tenue et position compromettantes.

Je déboule donc à l'arrière de la maison, sur la terrasse près de la piscine, la boule au ventre et Matt sur les talons. Le spectacle qui nous attend nous laisse pantois et sans voix. Lisa est dans un coin, les bras croisés sur sa poitrine, le visage fermé, le sourcil froncé, une petite ride barrant le milieu de son front, juste au dessus de son nez. Daryl, de son côté, a la joue rouge du mec qui s'est pris un soufflet et bougonne dans son coin, râlant apparemment sur le fait qu'aujourd'hui on ne peut plus rien dire, que tout est toujours interprété de travers.

Matt, qui est resté silencieux jusqu'à maintenant, me lâche dans un murmure la bouche en coin :

— Ah ouais... On est un peu loin de l'idée que je me faisais du passage à la casserole de Daryl par Lisa, non ?

Je lui réponds de la même manière :

— Garant de ton frère qui sait se tenir, hein... Tu m'en diras tant...

Daryl se frotte la joue et s'adresse à nous en parlant de Lisa :

— Elle est complètement siphonnée, votre copine. Faudrait voir à lui apprendre à calmer ses ardeurs.

Lisa lâche un soupir d'exaspération avant de lui claquer :

— Parce que demander à une jeune femme, si elle aime la saucisse, avec un air libidineux, c'est faire preuve d'ardeurs beaucoup plus calmes ?!

Notre hôte lève les yeux au ciel :

— Non mais je rêve là ! Je parlais juste de barbecue... BAR-BE-CUE ! Mademoiselle n'est pas irrésistible au point que je ne me sente plus. C'était pas une proposition de plan cul, ne t'en déplaise !

— C'est cela oui, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y a aucune saucisse dans ton plateau de viandes, là, reprend Lisa, sans se démonter et en montrant du menton le plat de victuailles posé près du barbecue.

Daryl se frappe le front et ironise :

— Mais fallait me dire qu'on recevait Miss Marple à déjeuner, j'aurais sorti le cluedo...

Puis se tournant vers Lisa, il assène :

— Le reste de la viande, merguez et saucisses comprises, se trouve dans le frigo de la cuisine... Si mademoiselle veut bien se donner la peine d'aller vérifier, que je rigole devant tant de bêtises... J'aurais gagné ma journée.

Mon amie se tourne vers nous, excédée au plus haut point et interroge Matt :

— Comment peut-on être jumeaux et avoir si peu de points communs ? Tu as hérité de tout et lui, de rien, dit-elle en désignant Daryl d'un doigt accusateur, tout en insistant lourdement sur le mot rien.

L'intéressé soupire, horripilé. Matt et moi nous regardons, impuissants. Il va falloir désamorcer le conflit si on veut que cette journée finisse mieux qu'elle ne semble avoir commencé. Je prends le bras de mon amie pour l'entraîner à part, tout en faisant un signe de tête à Matt pour qu'il prenne son frère en charge.

Avec un A comme Am...Where stories live. Discover now