CHAPITRE 8

2.8K 167 26
                                    

Il est 20h et nous sommes en train de peaufiner les détails de la scène : Adam a presque terminé d'assembler ses fûts et ses cymbales, tandis que Colin achève les branchements des divers amplis. Pour ma part, j'ai écopé du réglage de l'éclairage.

— Et voilà, dis-je, une fois les dernières modifications apportées.

Je me redresse et étire mes muscles tendus. Colin m'adresse un hochement de tête, signe qu'il a besoin de me parler. Je m'approche, essuyant avec la serviette que je porte autour du cou, les gouttes de transpiration qui perlent sur mon front. C'est que ça en fait : du matos à charger, décharger, installer, brancher...

— Alors mec, c'est ce soir qu'on rencontre enfin ton collègue ou t'as encore été frappé d'un Alzheimer précoce ?

— Euh ouais... Ben justement, à ce propos...

— J'y crois pas !! Tu vas encore nous la faire à l'envers ??

— Mais non, j'lui ai proposé mais elle est pas disponible.

J'avise le froncement de sourcil de Colin qui digère l'information.

— Elle ?

J'acquiesce d'un air contrit :

— Oui, elle. Mon collègue est une femme et avant que je ne te laisse aller plus loin : oui, elle est jeune, ultra sexy, célibataire mais pas touche !

— Chasse gardée ? Ben dis donc... T'as flashé ou bien ?

Il siffle un coup pour attirer l'attention d'Adam qui s'approche rapidement :

— T'entends ça, Adam ? Le nouveau collègue de Monsieur, qu'on n'a pas encore vu...

— Ah oui, l'homme invisible...

— Ça, pour être invisible... il va le rester longtemps parce qu'en fait c'est une femme. Jeune, ultra sexy, célibataire et pas touche, pour reprendre ses mots.

Je vois la mine réjouie d'Adam qui se fait déjà des films au sujet de moi et de Tya. Je baisse les yeux vers le sol et secoue la tête en signe de résignation...

— Rhoo ça va les mecs... C'est juste une collègue... Quand je dis pas touche, c'est parce qu'elle mérite mieux que deux saltimbanques dans votre genre.

Et mes deux comparses d'éclater de rire. Adam retourne à sa batterie en me donnant une tape virile sur l'épaule mode « on y croit »... Quant à Colin, il hausse un sourcil moqueur et il me lâche :

— T'essaies de convaincre qui au juste, là ? Adam et moi, ou bien toi ?

Et tandis que Doris apparaît enfin, un brin éméchée comme à son habitude, il m'indique les coulisses que je regagne en pestant : ça ne s'est pas passé comme je l'avais espéré.

Le concert démarre sous les applaudissements et les cris de folie furieuse des groupies qui ne savent plus se tenir en entendant la voix de mon ami. Je m'adosse à un mur et me perds dans mes pensées. Colin a raison, en fait... Je cherche à convaincre qui exactement ? Moi. Me convaincre moi, que je ne suis pas attiré par Tya, que je ne ressens rien d'autre pour elle qu'une amitié professionnelle, qu'elle n'est en rien l'origine de mes accélérations cardiaques quand je suis en sa présence, qu'elle n'a pas réussi à me faire fantasmer sur ses pieds dès le premier jour de boulot, que je n'ai pas été jaloux de son colocataire canin...

Le concert prend fin sous un tonnerre d'applaudissements, devant une foule en délire et je me rends compte que j'en ai passé toute sa durée à ne penser qu'à ma collègue.

Avec un A comme Am...Where stories live. Discover now