v i n g t - c i n q u i è m e

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C'était V qui l'appelait.

Au détour de trois couloirs, Hoseok marche, Jimin sous l'épaule. À quelques reprises, le petit noiraud gémit et gigote, secoué par la tornade de ses nerfs. Il a beaucoup pensé, oui, et beaucoup réfléchit, mais il est perdu. Comme à son habitude, il continue de se questionner, de remuer sans cesse ses méninges cotonneuses et filendreuses, qui ne forment jamais ce cumulus blanc et net, si agréable à regarder pourtant ; non, elles, elles sont floues et brumeuses, si bien que chacun s'y aventurant trop près finirait sans doute comme par perdre la tête.

Hoseok s'arrête devant une porte bleuette pendant quelques brefs instants, laissant tout juste le temps au plus jeune de lire une inscription gravée sur celle-ci, affichant donc le prénom SeokJin.

« Non, ne nous arrêtons pas là pour le moment, il y a tant à faire. Tu le verras plus tard Jimin, songes-y. »

Ainsi, le noiraud recommença à se torturer les esprits, l'âme perturbée, l'âme égarée.

« Je t'ai demandé il y a quelques minutes de cela, quelle était ta plus grande peur. Tu ne m'as pas répondu, j'attends, déclare le rouquin, prenant un énième virage.

- Moi aussi je me pose des questions Monsieur, mais je ne les énonce pas pour autant, marmonne Jimin, bien décidé à faire la grève de son côté. Son interlocuteur lève les yeux au ciel, laissant un léger sourire fendre ses lèvres.

- Non, bien sûr, mais les invités ne sont jamais traités comme les hôtes, n'est-ce pas ? Je suis ton hôte, souviens t'en. Alors, je te prierais de répondre à ma délicate demande, qui ne reflète pas encore la tendre affliction que tu niches au creux de ton être, je te rassure.

Voyant que le petit homme ne daigne répondre, Hoseok déclare alors :

- La mort ? Tu as peur de la mort ?

- Non, non non non et non. Pas la mort, elle ne m'effraie pas ; elle et ses ailes noires. Après tout, elle ne fait que son travail.

- C'est intéressant. Très intéressant. Dis m'en plus ? Jimin fait mine de réfléchir. Il a déjà répondu à cette question quelque part, mais il ne s'en souvient sûrement pas.

- Eh bien, je dirais que le moment de mourir est le plus terrorisant.

- As-tu déjà participé au rendement du dernier souffle d'un individu ? As-tu déjà donné la mort à quelqu'un ? »

À ces mots brillants, le roux ouvre une porte, qui donne sur une pièce opaline et salée, à l'amertume de l'inquiétude, au regret de l'aveu.

Et là, Jimin sait qu'il n'hallucine pas ; sa mère le regarde, toujours habillée de fine dentelle, mais cette fois, ridée, aux yeux fendus, vides et brûlés, des mains noueuses et poussiéreuses, un teint blafard pour une peau cramée. Elle est en cendre.


« Avoue tout. Avoue que tu l'as tué, avoue que tu t'es tué. Ce n'est pas si dur, après tout, la mort ne te fait pas peur. »

𝐑𝐀𝐃𝐈𝐎 ᵛᵐⁱⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant