CHAPITRE 6-1

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4ème partie aujourd'hui

Contente de tous mes cadeaux, je m'enfouis sous ma couette en feuilletant une dernière fois l'album photo. Il était un peu près de quatre heure du matin quand je tombai endormi sur l'album ouvert. Je fis un rêve sans sens, je me laissai emporter tranquillement par des nuages puis je me laissai tomber dans l'eau de l'océan jusqu'au plus profond des abysses. Il y faisait sombre, trop sombre pour y voir quelque chose et froid. Si froid, si sombre. Je paniquai. Il fallait que je remonte à la surface, sinon je manquerai à un moment d'air. Il fallait que je remonte. Je battis des jambes de toutes mes forces mais n'avançai pas d'un poil. Pire, plus je battais des jambes, plus je semblais m'enfoncer dans les ténèbres. Je tentai de crier à l'aide mais là encore ma voix se perdit dans les sombres fonds marins. Soudain, j'entendis une voix douce et grave me murmurer à l'oreille :

– Réveille-toi ma belle.

Alors les fonds marins s'éclairèrent tout à coups, l'obscurité disparue et je refis surface. Le corps en sueur, je me redressai brusquement, en respirant bruyamment. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles comme un tambour. Il me fallut quelques secondes pour reconnaître les voiles blancs qui habillaient mon lit à baldaquin, l'album photo encore ouvert juste à côté de moi, ma coiffeuse laissée en désordre, et mes pantoufles en formes d'énormes lapin à poils longs jetés négligemment près des fauteuils.

J'étais chez moi.

Pas dans un labyrinthe infernal, ni dans des eaux sombres et effrayantes. Le lourd rideau de ma fenêtre était tiré et me permettait de voir la lune brillant encore dans le ciel telle une boule de cristal. Il faisait donc encore nuit. Retrouvant mon calme, je rabattis les quelques boucles qui me retombaient sur le visage et arrêtai net mon geste en remarquant la statue d'argent qui se tenait debout aux pieds de mon lit et me fixait de ses yeux étincelants.

– Désolé, je ne voulais pas te réveiller mais tu semblais faire un cauchemar.

Non, ce n'était pas possible. D'un mouvement vif, je me jetai sur la table de chevet à côté de mon lit et frôlai du bout des doigts la lampe. De grandes mains d'argents m'empoignèrent avant que je ne puisse allumer la lumière et me plaquèrent contre le matelas de mon lit. Le visage de mon visiteur que je connaissais que trop bien, était si proche de mon propre visage que je pouvais sentir son souffle tiède sur mes lèvres.
Quelques mèches rebelles de ses cheveux noirs de jais lui retombaient un peu sur les yeux, il les écarta en les envoyant en arrière. Ses yeux noirs étoilés comme la nuit comme ceux de son frère, me lançaient un regard malicieux. Ike ressemblait lui tellement. Du moins à quelques détails près, ses yeux par exemple eux, avaient deux anneaux d'argent dans chaque œil, un autour de l'iris et l'autre autour de la pupille. Ses lèvres étaient aussi plus minces que celles de son frère.
La proximité de son visage et du mien me coupa le souffle. Mon cœur s'emballait doucement dans ma poitrine. Il était trop près, je pouvais même prendre son haleine mentholée. Il n'en fallait plus beaucoup pour que son nez ne frôle le mien. Puis comme si on venait de me jeter un sceau d'eau froide sur la figure, me remettent les idées en place, je lui assenai un coup de genou dans les côtes. Je bondis hors de mon lit et courus jusqu'à la porte. Kei poussa un juron en massant ses côtes et sauta à son tour. Une main sur la poignée, j'étais sur le point de l'ouvrir quand bien-sûr Kei plus rapide que moi, posa une main contre la porte, juste au-dessus de ma tête, la maintenant ainsi fermée. Je me retournai pour lui faire face, en espérant qu'il ne se rende pas compte que mes jambes tremblaient.

– Tu viens me tuer ?

Je fus soulagée d'entendre une voix sûre et non chevrotante sortir de mes lèvres. Kei ne bougea pas d'un cil. Puis au bout de quelques secondes qui me parurent être une éternité, il sortit de la poche de son jean noir, un tout petit sac en écrin noir et me le tendit.

– Je n'en veux pas, dis-je d'un ton froid en baissant les yeux sur le petit sac, ressentant quand même un peu de curiosité quant à son contenu.

Kei esquissa un sourire en coin, les yeux brillant de malice.

– Joyeux anniversaire, ma belle, murmura-t-il en posant le petit sac dans le creux de mes seins.

– Espèce de...comment oses-tu ? m'indignai-je en enlevant le petit sac et le jetant par terre. Il fit un bruit sec en heurtant le parquet.

Il me fixa longuement, une lueur amusée dans le regard puis se pencha lentement sans me lâcher des yeux, ramassa le sac et le remit dans le creux de mes seins.

- Qu'est-ce que tu me veux ? demandai-je d'un ton agressif. Va-t'en avant que je ne crie à l'aide et qu'Orphyll n'expédie tes petites fesses dans un cachot glacial.

Il n'eut pas la moindre réaction. J'hésitai. Devais-je hurler ? Combien de temps mettrait Berry et ses hommes avant de me sauver ?Et Orphyll ? Je ne l'avais jamais vu à l'œuvre. Peut-être qu'il était trop vieux. Il aurait le temps de me trancher la gorge et me réduire au silence

- Je ne vais pas te faire de mal, Kaya. Pas cette fois-ci.

Kei recula d'un pas, redressa la tête et plongea ses mains dans ses poches, tout en m'observant de ses yeux de lynx. Comme dans ce maudit repaire, il portait un pull clair et un jean. Des vêtements très surprenants dans le monde des atlazasiens.

- Alors, va-t'en !

Ses lèvres minces s'étirèrent en un sourire. Il s'amusait, bien-sûr. Ça l'amusait de me voir trembler de peur face à lui.

- N'ai-je pas le droit de souhaiter un joyeux anniversaire à ma belle-sœur préférée ? soupira Kei en prenant un air peiné.

Je résistai à l'envie de lui enfoncer mon poing dans le visage pour effacer ce sourire suffisant qu'il affichait, et l'ignorai avec superbe. Il se pencha doucement vers moi et écarta une de mes mèches de cheveux. A son contact, j'eus un mouvement de recul et levai des yeux apeurés vers lui, m'attendant à ce qu'il me frappe ou m'assomme pour une fois de plus, me livrer à son père. C'était un monstre qui travaillait pour le diable en personne et de plus, c'était le frère de l'homme que j'aimais. Sans lever les yeux vers lui, je sentais son regard me brûler la peau.

– Il en a de la chance mon petit frère.

Mon cœur tressauta dans ma poitrine.

– Je t'exècre, Kei. Va donc, rejoindre ton ordure de père, vociférai-je avec toute la haine que m'inspirait Darken.

Ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Il eut l'air à la fois choqué et peiné. L'avais-je vexé ? Je l'observai, un peu déconcertée. Avais-je réellement réussi à le toucher ? Il laissa retomber sa main et en un clignement d'yeux, il se retrouva sur le bord de la fenêtre, accroupie avec l'agilité d'un chat. Son regard brillant rivé sur moi, il prit soudain un air sérieux.

– Fais attention à toi, ma belle. Darken n'est pas le seul danger à Atlazas.

Et il fit un bond en arrière avant de déployer ses ailes noires et s'envoler dans la nuit noire. Je me laissai glisser le long du mur et atterris sur le parquet froid, la respiration haletante. Ce ne fut qu'à ce moment que je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration durant tout notre entretien. Mon cœur battait fort contre poitrine et mon corps tremblait comme une feuille. Je ne savais pas pourquoi je me mettais dans un tel état. Encore chamboulée par cet entretien, je retournai me coucher en essayant de me calmer, remontant la couette jusqu'à mon menton, le regard fixé sur la lune.

Atlazas, Le Secret des Abysses T.2Where stories live. Discover now