Atlazas, Le Secret des Abysses T.2

CHAPITRE 1-3

Nous courûmes vers la sortie, et aussitôt que nous fûmes loin de la musique, Ike me souleva dans ses bras et s'envola sans me prévenir. J'enfouis mon visage dans son cou en me crispant. Je ne m'étais pas encore habitué au vol. Je me risquai un regard vers les grandes ailes noires aux pointes d'argents d'Ike, subjuguée à chaque fois par leur beauté majestueuse. Elles battaient de toute leur puissance l'air, dans le ciel sombre. En bas, tout sembla rapetisser ainsi que la boîte de nuit qui battait toujours en trompe. Je fus pris d'un léger fou rire en imaginant la tête que ferait nos amis en se rendant compte de notre disparition.

- Je ne suis même pas sûr qu'ils remarqueront notre absence, commenta Ike qui avait comme à son habitude vagabonder dans ma tête.

Nous survolâmes la ville lumineuse et animée en cette période de vacances. La longue allée principale du centre-ville était bondée de monde malgré l'heure, des bars étaient encore ouverts ainsi que des restaurants. Atlazas City ne dormait pratiquement jamais.
Ike prit de la vitesse et dépassa un groupe de jeunes atlazasiens qui s'était regroupé juste au-dessus d'un bar. Je ne pouvais m'empêcher de fermer les yeux dès qu'il passait à côté d'autres atlazasiens en plein vol, ou qu'il prenait un virage très serré, surtout à cette vitesse. Mon estomac ne s'y était toujours pas fait.
- Où allons-nous ? Lui demandai-je alors que nous nous éloignions de la ville.

- J'ai repéré une petite grotte dans une falaise plus tôt dans la journée, tu verras.

Le voyage ne s'éternisa pas, en quelques minutes nous arrivâmes à l'entrée d'une grotte qui se trouvait directement face à l'océan dont la surface brillait par la lune. Je ne savais pas si c'était à cause de l'alcool que j'avais ingurgité mais, l'excitation fit monter la chaleur à mes joues. L'endroit était tout simplement magique avec une vue imprenable sur la mer et la lune. Ike me prit par la main et m'entraîna doucement, dans le fond de la grotte. En découvrant l'intérieur, l'émotion me prit la gorge. Quelques bougies illuminaient la sombre grotte, un matelas se trouvait sur le sol rocheux et sur le côté, posé sur une roche plate, deux coupes et un champagne nous attendaient.

Dans mon dos, Ike passa ses bras autour de moi et déposa un doux baiser sur mon cou. Je frissonnai tandis que le désir naissait en moi. Il fit doucement courir ses doigts le long de mes bras, son souffle chaud me brûlant la peau du cou.

- Tu avais tout planifié...

- Oui, dès que j'ai eu l'opportunité, je me suis éclipsé, dit-il en me tournant vers lui. Vous vous amusiez tellement qu'aucun de vous n'a remarqué mon absence cette nuit - il passa lentement ses mains sous mon chemiser - alors j'ai profité de ce moment pour tout préparer.

- Si tu savais à quel point je t'aime Ike, lui murmurai-je mon front collé au sien.

Avec un grognement bestial, Ike me souleva et plaqua ses lèvres chaudes sur les miennes. J'entourai mes jambes autour de ses hanches et enfouis mes mains dans ses cheveux. Mon cœur battait de plus en plus fort et une chaleur intense m'envahit. Je caressai de ma langue celle d'Ike, griffai la peau brûlante de son dos. Je pouvais sentir son désir pour moi, son amour pour moi. La respiration saccagée, Ike me jeta sur le matelas et arracha mes vêtements avant de les balancer. Toute nue sur le matelas, je lui lançai un regard malicieux tandis que ses yeux observaient mon corps. Il bondit alors sur moi et embrassa chaque centimètre de ma peau. Puis brusquement, il me pénétra m'arrachant un gémissement. Je courbai mon corps tandis qu'Ike s'engageait dans un va-et-vient plus rapide. Le plaisir déferla en moi comme une vague, m'étouffant presque. Je croisai son regard et m'y perdis. Il m'attrapa par la taille, assise sur lui et me mordit le cou. Je gémis à nouveau. Ike accéléra le mouvement jusqu'à ce finalement, nous jouissions ensemble.

Nous nous laissâmes tomber sur le matelas, essoufflés. Comblée, je me tournai sur le flanc et déposai un baiser sur les lèvres charnues et parfaites d'Ike. Sa peau transpirait légèrement. Il sourit.

- Tu es tellement belle quand nous faisons l'amour.

Un peu gênée, je détournai le regard. Je ne doutais pas de son honnêteté mais je ne pensais que c'était vrai non plus. J'étais si banale comparée à toutes les atlazasiennes. Je n'osai d'ailleurs penser à toutes les autres magnifiques créatures qu'il avait fréquentées. Je me souvenais encore des mots de Chell m'informant qu'il était le noble le plus convoité des filles ou encore Milo qui affirmait que son ami était un véritable tombeur.

Toujours nu, Ike se leva et ouvrit la bouteille de champagne. J'en profitai pour admirer son corps parfait. La musculature de son torse, ses bras et jambes. Mais ce que j'aimais par-dessus tout, c'était admirer sa peau à nuit tombée. On aurait dit qu'elle était recouverte d'un voile argenté tant elle était belle, satinée. Ike leva les yeux vers moi et aussitôt, une chaleur naquit en moi, mon ventre se contracta. Il esquissa un sourire goguenard.

- J'aime l'effet que je te fais.

Je sentis la chaleur monter à mes joues. Pourquoi étais-je si transparente aux yeux des atlazasiens ?

Ike se rassit à mes côtés et me tendit une coupe. Nous trinquâmes.

- Il est très bon, commentai-je tandis que le liquide froid intensifiait la chaleur ambiante de mon corps.

- C'est un champagne Côte d'Or.

- Je vais finir par emménager ici, dis-je en rigolant. C'est tellement beau ici. Je n'ai pas envie de retourner au manoir, de devoir à nouveau me cacher pour t'embrasser.

Une lueur de tristesse étincela une fraction de seconde les yeux d'Ike qu'il camoufla par un sourire.

- Je n'en ai pas envie non plus. Mais nous le devons.

J'acquiesçai lentement en observant la flamme d'une bougie, les pensées loin. Je nous imaginai pliant bagage et venant nous installer ici, dans cette grotte. Nous l'aurions aménagé le temps de bâtir sur cette falaise une maison. Nous vivrions ici de pêche, aurions des enfants et pourrions vivre notre amour en paix, face à l'océan avec pour seuls voisins les poissons. Je fermai les yeux un moment et me laissai bercer par ce rêve. Quand je sentis des lèvres se coller sur les miennes doucement.

- J'aurais beaucoup aimé, murmura-t-il. Mais je pense que je me serais lassé de manger du poisson tous les jours.

J'éclatai de rire.

- On aurait quand même été de temps en temps à l'épicerie, dis-je.

Ike haussa les épaules et but une autre gorgée de son champagne.

- Tu as faim ? Me demanda-t-il en se relevant. J'ai acheté quelques sandwichs.

- J'en veux bien un.

Il m'en donna un et se rassit derrière moi. Je me plaçai entre ses jambes écartées et m'adossai sur son torse en prenant une bonne bouchée de mon sandwich au poulet.

- Eh ben, tu avais faim dis donc, observa Ike en ricanant.

- Oui, je m'en étais pas rendue compte. Heureusement que tu y as pensé.

Il me serra fort.

- Oui, myôe haïwama.

Après avoir vidé la bouteille de champagne et engloutie pas moins de trois sandwichs, nous finîmes par refaire l'amour. La soirée s'acheva et nous nous endormîmes en pleine conversation, la tête posée sur l'oreiller. Mes yeux se fermèrent tout seul, une sensation de bien-être intense.