Chap XXXIV : BABY AND BALOU

225 31 5
                                    

Cela devait faire presque un quart d'heure que j'étais face à la maison des Fitz, à écouter des magnifiques slows -She's like the wind ou bien encore Total eclispe of the heart- décidement Harry avait les mêmes goûts musicaux que moi ! Je sortis mon portable pour regarder l'heure : une heure trente-deux. Je m'empressai de le remettre dans ma poche en même temps que ma main, mes doigts étaient gelés. Au bout de plusieurs minutes, je vis la porte s'ouvrir et une silhouette aux larges épaules en sortir. Elle traversa la rue et vint s'asseoir sur le banc.

-Je te cherchais, je me demandais où tu étais passée, dit-il.

-C'est seulement maintenant que tu t'en inquiètes ! M'exclamai-je.

Le grand Mckellen ne dit rien.

-Tu es resté avec tes potes depuis le début de la soirée, tu n'es même pas venu danser ! Même pas pour les slows...

-Tu avais l'air bien avec Harry, répliqua Aslinn.

-Oh tu ne vas pas me dire que tu es jaloux !

Aslinn ne dit rien puis après un petit moment, il pouffa.

-Quoi ? Tu vas encore me dire que c'est une situation tellement improbable ? Demandai-je en pensant à la fois où nous avions dû récurer ma cuisine à 3h du matin suite à une visite surprise d'Harry.

-Nan pas cette fois, dit-il se rapprochant. C'est juste qu'on est en train de se disputer comme un vieux couple, c'est ça qui me fait rire, sourit Asinn de toutes ses dents.

Je grognai en croisant les bras.

Il se rapprocha encore et plongea sa tête au creux de mon cou. Je gardai les bras croisés sur ma poitrine.

-Tu m'énerves Aslinn Mckellen...murmurai-je tandis que je sentais la délicieuse caresse de ses cheveux dans mon cou.

-Je sais, souffla-t-il en se redressant tandis que les slow s'achevaient pour laisser place à David Guetta.

-J'ai froid, dis-je au bout d'un moment.

-Accepterais-tu qu'en guise de pardon je t'offre un chocolat chaud ? Me demanda-t-il avec un air malicieux.

Je levai des yeux interrogateurs sur lui.

-On ne risque pas de réveiller ton père ? Demandai-je à Aslinn alors que nous entrions chez lui.

-Il n'est pas là, il est sur la route, m'expliqua-t-il. Son père était routier et parfois il travaillait les week-end ou les jours fériés.

-Vas-y, fais comme chez toi, me dit Aslinn alors qu'il disparaissait dans la cuisine.

J'allai m'asseoir dans son canapé face à la cheminée où quelques restes de braises rougeâtres mourraient. Dans l'angle, un tout petit sapin trônait avec au pied un paquet encore emballé. Bizarre pensai-je, Noël est déjà passé.

Un minute plus tard, le grand brun m'appelait pour m'inviter à le rejoindre dans la cuisine.

-Ton chocolat est servi, fit-il alors que j'entrais.

-Je vais chercher quelque chose, je reviens, dit Aslinn en disparaissant à nouveau.

-Je vais finir par croire que tu ne veux pas me voir ! Lui criai-je.

Quelques secondes après, il réapparut dans l'encadrure en tentant de cacher le gros paquet derrière son dos, ce qui était une tentative ridicule vu la grosseur du cadeau.

-J'ai un petit quelque chose pour toi, dit-il avec ses azurs pétillants.
-Hum, un "petit" quelque chose, fis-je en imitant des crochets avec mes doigts.

Il sourit de plus belle et s'avança pour poser le paquet sur la table.

-Bonne année, Claire.

Étonnée, je commençai à défaire le papier cadeau qui au passage était rouge avec des petits coeurs, beau message subliminal...

-Oh Aslinn, fis-je en découvrant le contenu du paquet : un gros nounours en peluche, blanc comme la neige, moelleux comme un oreiller et...aussi doux que les cheveux d'Aslinn.

Le sourire du grand brun s'étira jusqu'aux oreilles. Je m'avançai vers lui pour lui déposer un bisou.

Tout en sirotant notre chocolat chaud sous la surveillance de "nounours "-je n'avais pas encore décidé de son nom - Aslinn me lança soudain :

-Je vais te laisser mon lit et moi je prendrai le canapé et c'est non négociable, dit-il avant que j'ai pu ajouter quoi que ce soit.

Peu après, nous nous dîmes bonne nuit et chacun gagna son dodo. Jamais je n'aurai pensé dormir dans les draps d'Aslinn, ils sentaient si bon ! Ils avaient son odeur et c'est comme s'il me tenait lui-même contre lui...avec la chaleur en moins. Effectivement, même enfouie sous sa couette, il faisait bigrement froid ! Je me relevai pour aller régler le radiateur. Je tâtonnai dans le noir et finis par trouver la vanne...pour m'apercevoir qu'elle était bloquée. Impossible d'augmenter le thermostat. N'y avait-il pas une cheminée juste en bas ? La pensée des flammes rouges me poussa à sortir de sa chambre -tant pis, dormir dans les draps d'Aslinn ne serait pas pour ce soir- et descendis. A la moitié des marches, je pouvais deviner la silhouette d'Aslinn à la lueur du feu. Les ombres dansantes brillaient sur ses cheveux et soulignaient ses courbes.

Absorbée par mon observation, je manquai une marche et dévalai le reste des escaliers sur les fesses. Réveillé par le vacarme que je venais de faire, Aslinn se redressa et me regarda, étonné. Assise sur le palier et enroulée dans sa couette bleue, j'éclatai de rire en me relevant.

-Claire, qu'est-ce-que tu fais là ? Me demanda-t-il.

-Eh bien c'est-à-dire qu'il fait un froid de canard dans ta chambre et il se trouve que ton radiateur est bloqué sur le thermostat zéro.
-C'est balo, rétorqua-t-il simplement. Aussitôt un éclair me traversa la tête.

-Balou ! Je vais l'appeler Balou ! M'exclamai-je.

-Oh là là Claire je ne te suis plus là, dit Aslinn en se prenant la tête entre les mains.

-Je parle de ton ours en peluche !

-Aaah d'accord.

Je restai plantée là, enrobée comme un saucisson dans sa couverture. Aslinn me fixait d'un air espiègle. Il semblait attendre que je dise quelque chose.

-Bon et sinon tu te pousserais pas d'un cran ? Demandai-je en venant m'asseoir sur le canapé.

Il soupira en se collant contre le dossier pour me libérer une place. Je m'allongeai tout contre lui, mon dos contre son ventre -ce qui était bien mieux qu'être seulement dans ses draps... Aslinn rabattit son bras autour de ma taille tandis que nos doigts s'entremêlaient.

-Bonne nuit Aslinn.

-Good night sweetie, souffla-t-il dans ma nuque.

Je crois que je passai la plus merveilleuse de toutes les nuits, calée contre Aslinn je dormis comme un bébé.

Le lendemain matin, je m'éveillai au son d'une mélodie qui m'était familière. J'ouvris les yeux et les refermai aussitôt. Non, ce n'est pas possible me dis-je, je suis encore dans mon rêve. J'écartai à nouveau mes paupières. Non, je ne rêvais pas : Aslinn (en pyjama) était devant moi à faire des huits - ou plutôt des carrés- avec ses hanches. Je m'assis en le regardant, ahurie. Aslinn Mckellen était en train de danser. Il DANSAIT !! Et pas sur nimporte qu'elle musique : Reality, de Richard Sanderson, la Boom ! Le grand brun me fixait d'un oeil espiègle et amusé avant de me tendre la main :

-Tu viens danser ?

Je me frottai les yeux avant de me relever et d'accepter son invitation. Je crois que c'était le plus beau slow -et le premier...- de ma vie. Ce moment était juste parfait. Mes bras enroulés autour de son cou, ma tête calée contre lui, mon corps collé au sien et ses deux mains enlacées autour de ma taille, nous dansâmes jusqu'à ce que la dernière note s'achève.

Un joli triangleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant