Chap XXVII : TRAUMATISME "COEURIEN"

226 37 0
                                    

Aujourd'hui, nous avions exeptionnellement deux heures de libres avant de reprendre les cours de l'après-midi, un prof étant absent

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Aujourd'hui, nous avions exeptionnellement deux heures de libres avant de reprendre les cours de l'après-midi, un prof étant absent. Durant notre repas en tête-à-tête sur la table qui portait le même nom, j'en avais profité pour moi aussi féliciter Aslinn.

-J'avoue que tu m'as scotché, je pensais que ce n'était pas ton fort de parler en public, lui avais-je dit.

-C'est plus facile quand le sujet nous parle, m'avait-il répondu mystérieusement.

Nous étions vers le puit à papoter avec Lana et Billy -entre eux, c'est comme si leur dispute n'avait jamais eu lieu- et cela faisait un moment que je jetais des petits coup d'oeil en direction de l'entrée du lycée. Harry s'y trouvait avec un groupe de personnes, comment dire...peu fréquentables. J'hésitai encore quelques minutes puis je me dis que c'était l'occasion ou jamais.

-Je vais voir Harry, murmurai-je à Aslinn en me hissant sur la pointe des pieds pour être à la hauteur de son oreille.

Celui-ci me retint par la manche.

-Je vais le chercher.

Et avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, le grand brun s'éloignait déjà d'un pas rapide.

-Même moi il ne veut pas m'écouter, fit Lana en jetant un œil désespéré en direction de son jumeau. J'espère que toi et Aslinn aurez plus de chance, finit-elle par dire dans un soupir.

Puis Billy relança la conversation autour du nouveau film qui allait sortir. Je l'écoutai d'une oreille distraite tout en regardant du coin de l'œil Aslinn et Harry qui avaient l'air en grande discussion. Ouf ! Les deux garçons avaient accepté de se parler et je m'en réjouissais. Je m'apprêtai à poser ma main sur l'épaule de Lana pour lui montrer son frère et Aslinn lorsque je vis Harry secouer un index réprobateur sous le nez d'Aslinn. Quand celui-ci se saisit du jumeau Fitz par les épaules pour le secouer comme un prunier, je compris que j'avais parlé trop vite. Le ton était en train de monter entre eux.

Soudain, le poing gauche d'Harry atterrit sur la figure d'Aslinn. Je ne pus retenir un petit cri, ce qui alerta Lana et Billy qui se tournèrent vers moi. Leur regard suivit la direction du mien. Je m'élançai sans réfléchir vers Aslinn et Harry. Même si la carrure d'Aslinn pouvait jouer en son avantage, Harry était souple et rapide. D'une prise habile, il plaça son pied derrière son adversaire. Aslinn, entraîné par son propre poids, tomba lourdement au sol avant qu'Harry ne se rue sur lui.

-Arrêtez ! Arrêtez ! Criai-je.

Une fois arrivée à leur niveau, je m'égosillai de plus belle.

-S'il vous plaît, arrêtez ! Harry ! Aslinn ! Hurlai-je au milieu de mes larmes.

Mais les deux garçons ne m'écoutaient pas le moins du monde. J'agrippai alors la veste d'Harry et tirai dessus de toutes mes forces, mais rien à faire.

Maintenant, Aslinn s'était relevé et, campé sur ses deux jambes, il faisait face à Harry. Une espèce de lueur de rage allumait son regard d'habitude si doux.

Je changeai de position et allai m'interposer entre eux. Au même moment le poing d'Aslinn fendit l'air comme une fusée.

-Aslinn, Harry, s'il vo...

Je reçus de plein fouet le poing d'Aslinn et toute la colère et la force qu'il contenait dans mon flanc gauche. Les deux mains crispées sur mon ventre comme pour contenir toute ma douleur, je vacillai et perdis l'équilibre.

Seulement voilà, à l'entrée du lycée, l'administration avait eu la bonne idée de planter des massifs de fleurs entourés par des bordures en béton de près de quinze centimètres de hauteur pour faire "plus joli".

Ma tête heurta une de ces fichues bordures. Ma vue devint floue et tous les sons autour de moi n'étaient plus que des bruits lointains et étouffés.

Avant que tout ne se brouille, j'eus le temps de voir qu'une ronde de lycéens s'était formée autour de notre trio, je pus aussi voir un surveillant qui accourait au loin. La toute dernière image que je vis fût celle de Lana, dont la panique rendait le visage blême.

Je sombrai dans un océan de coton.

Quand mes yeux s'ouvrirent à nouveau, ce ne fût que sur l'obscurité. J'étais allongée et un gros coussin me calait le dos et la tête. Où étais-je bon sang ?!

Il me fallut quelques secondes pour que ce qui s'était passé quelques minutes -heures ?- plus tôt ne me revienne. J'en conclu qu'on m'avait emmenée à l'infirmerie. Peu à peu, je parvins à saisir des voix qui parlaient derrière la porte, d'où filtrait la seule source lumineuse avec quelques rais de lumière jaune. Au fur et à mesure que je me réveillais, la douleur dans mon ventre s'intensifiait, tout comme ma migraine.

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit en projetant une lumière agressive dans la pièce. C'était madame Cary, l'infirmière du lycée. Elle prit soin de ne laisser la porte qu'entre ouverte derrière elle puis elle vint s'asseoir sur le bord du lit.

-Claire, Claire, c'est madame Cary, dit-elle avec une petite voix, presque en chuchotant.

-Oui, oui je vous ai reconnu, la rassurai-je.

-Bien, comment vas-tu ? Demanda-t-elle.

Qu'est-ce-qu'elle espérait que je lui réponde ? Que je lui dise, qu'outre mon crâne et mon ventre qui me lançaient, que je me sentais brisée de l'intérieur ? Que j'avais le cœur sur le point d'exploser ?

-Ça peut aller, répondis-je simplement. Ça fait combien de temps que je suis là ? Demandai-je. Je me sentais toute déboussolée, j'avais complètement perdu la notion du temps.

-Tu es restée inconsciente à peine plus de dix minutes, puis on t'a emmenée ici. Je ne pense pas que tu aies un traumatisme crânien mais j'ai tout de même appelé une ambulance pour t'emmener à l'hôpital et faire une radio, je ne veux pas prendre de risque, m'expliqua-t-elle.

À ce moment là, j'eus bien envie de lui répliquer que ce n'était pas un traumatisme crânien que j'avais, mais plutôt un traumatisme "coeurien".

-Ta mère est prévenue, d'ailleurs, je crois qu'elle voudrait te voir. Ça va aller ou préfères-tu te reposer ? Reprit-elle.

-Non non, je peux la voir, assurai-je.

-D'accord, je vais la chercher. Madame Cary se leva et ressortit sur la pointe des pieds.

Et Aslinn ? Et Harry ? Où étaient-ils ? Qu'est-ce-qu'ils leur avait pris de se taper dessus comme ça ?

Un joli triangleWhere stories live. Discover now