Chap XX : CLAIRE, EN FAIT...

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Dans trois minutes, je savais que la sonnerie allait rententir et couperait court à cette discussion qui s'annonçait être des plus intéréssantes.

-Oui, Aslinn, fis-je pour l'encourager à continuer.

-Eh bien...

-Aslinn ! M'exclamai-je un peu plus fort. Soit tu m'en as trop dit ou pas assez ! Dis-je en le regardant avec de gros yeux. Il garda la tête baissée en se jetant à l'eau.

-Voilà, tu sais que Darerca est arrivée l'année dernière au lycée. Dès les premiers jours, elle...elle me tournait autour. Avec Harry, on en rigolait, seulement elle devenait de plus en plus relou et insistante, plus que Harry, tu vois le genre.

J'acquieçai d'un petit hum, je n'avais pas le temps ni l'envie de couper Aslinn dans son formidable -et surprenant !- élan.
-Vers le milieu d'année, genre février, elle m'a carrément demandé si je voulais être avec elle.

-Et toi, qu'est-ce-que tu lui as répondu ? Demandai-je, à brûle pourpoint.

-Que je ne savais pas. Enfin...tu vois, je ne l'aimais pas ni ne la détestais. Du coup, tout le reste de l'année et même cet été elle a continué son petit jeu. Seulement à la rentrée...tu es arrivée, ajouta le grand brun en évitant soigneusement mon regard.

-OK. Je vois maintenant pourquoi elle ne m'apprécie pas. Mais toi et Harry ? Que s'est-il passé entre vous pendant les vacances de la Toussaint ? Fis-je, fermement décidée à savoir le fin mot de cette histoire.

-Heu...Je

La sonnerie le stoppa net mais aucun de nous de bougea. J'étais à deux doigts de savoir la vérité. Je soupirai tout en me relevant. Cette fois, c'est moi qui me plantai devant Aslinn pour lui tendre une de mes mains.

-Ce soir, je prend le bus avec toi, lui dis-je alors qu'il serrait ma main dans la sienne.

C'est d'un pas traînant et en silence que nous descendîmes les escaliers.

Je cru que cet après-midi n'allait jamais finir. Je n'arrivais pas à me concentrer sur le cours, même en maths je faillis décrocher à plusieurs moments. Que s'était-il passé entre Aslinn et Darerca ? Pourquoi Aslinn ne lui avait-il pas dit qu'il ne l'aimait pas pour avoir la paix ? Je ruminais tout cela dans ma tête, aussi, c'est toute étourdie que j'entendis une voix sèche prononcer mon nom.

-Claubert ! Répéta pour la je ne sais combien de fois la prof de maths.

-Oui, bredouillai-je sans savoir pourquoi elle m'appelait.

-Au tableau !

Oh non, pensai-je intérieurement tout en me levant et en relisant vitesse grand V exposant dix ma feuille d'exercice. Dans les rangs, je croisai le regard jubilateur de la grande perche -surnom remplaçant la panthère.

Heureusement, il s'agissait d'un basique exercice de proba que je résolu sans mal.

Quand dix-sept arriva, je me sentis réellement libérée, jamais je n'avais eu aussi hâte que la journée se termine.

Une fois installés dans le bus côte à côte, j'entrepris de relancer la conversation avec Aslinn.

-Je crois que tu ne m'as pas tout dit toi, fis-je à l'attention d'Aslinn qui refusait toujours de me regarder et qui gardait obstinément son regard sur la nuit noire qui défilait à travers la vitre.

-Tu devrais plutôt t'adresser à Harry, me répondit-il platement.

-Harry ? Tu as vu comme il m'évite ? Mercredi il n'est même pas venu à la danse, il ne répond à aucun de mes sms ! M'énervai-je.

Aslinn restait fermé comme une huître. Je soupirai ostensiblement en croisant les bras. Presque dix minutes passèrent ainsi.

-Aslinn, l'interppelai-je doucement. Dis-moi, s'il te plaît...

Presque imperceptiblement, je vis Aslinn serrer les dents. Puis sans prévenir, il prit la parole :

-Un jour pendant les vacances, alors qu'il était à la maison, il s'est mis à me parler de toi.

Je brûlai d'envie de lui demander ce qu'Harry avait dit à mon sujet mais je me retins, c'était déjà un exploit qu'Aslinn se décide à me parler !

-Moi, je ne disais rien, je l'écoutais. C'est là qu'il m'a avoué ce qu'il ressentait vraiment pour toi... La voix d'Aslinn mourût, étouffée par le brouhaha des autres qui papotaient et le bruit du chauffage.

J'écarquillai les yeux. Harry...m'aimait ? Mais quel rapport avec l'attitude froide qu'il avait avec Aslinn ? J'écarquillai encore un peu plus les yeux, comprenant le pourquoi du comment. Mais alors, pourquoi Harry traînait-il si souvent avec Darerca ?

Je m'affaissai contre le siège. J'étais perdue. Si Aslinn ne s'était pas levé pour descendre, je crois que je n'aurai pas remarqué l'arrêt du bus. Ce vendredi soir là, nous nous quitâmes sans nous saluer, sans nous faire la bise. Je rentrai chez moi en marchant d'un pas lent. Alors Harry et Aslinn avaient tous les deux le béguin pour moi ? À présent qu'Aslinn m'avait tout dit, je craignais que notre amité ne soit plus comme avant.

Quand j'ouvris la porte de la cuisine, c'est mon père qui m'accueillit :

-Bonsoir ma chérie ! Ça va ? Tu as l'air dans la Lune, remarqua-t-il.

Je m'empressai de plaquer un sourire sur ma face. Si mon père me faisait cette réflexion, c'est que je devais afficher une triste mine !

-Si si, tout va bien, je suis juste fatiguée, répondis-je en l'embrassant.

-Bon alors si ce n'est que la fatigue, tout va bien ! Une bonne dose de sommeil et hop ! S'exclama ma mère, qui comme d'habitude se montrait optimiste.
En rentrant ce soir là, j'étais persuadée qu'elle allait me poser une foule de questions pour savoir pourquoi je n'étais pas rentrée avec elle, pourquoi avais-je pris le bus...etc... Mais rien ! Ni elle ni mon père ne me demandèrent de me justifier. Profitant de cette baisse de curiosité, je m'empressai de grimper dans ma chambre.

Tes yeux noirs d'Indochine dans les tympans, je ne cessais de repenser à cette journée des plus étranges. Deux personnes en particulier occupaient mes pensées. Harry et Aslinn. Aslinn et Harry. Et moi, là au milieu, qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire ? Je me dis, qu'à cause et malgré moi, la bande Fitz et Mckellen était détruite. Pourquoi n'avais-je rien vu ? Pourtant je passais tout mon temps avec eux ! Quand je dansais avec Harry, je n'avais jamais rien remarqué qui puisse ressembler à autre chose que de l'amitié ou de la complicité. Avec Aslinn, ce n'était pas tout à fait pareil. Pour tout dire, c'était radicalement différent. Dès la rentrée, Aslinn -surtout ses azurs- me faisaient quelque chose. Ils me dévisageaient avec une expression indéfinissable qui me mettait à la fois mal à l'aise mais dans laquelle j'avais envie de me perdre pour oublier le reste.

La tête pleine d'images de mer et d'océans, je sombrai dans un sommeil lourd et profond.

Un joli triangleWo Geschichten leben. Entdecke jetzt