Chap III : UNE RENTRÉE PLEINE DE SURPRISE

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Les quinze minutes qui suivirent me parurent s'étirer à l'infini. Notre professeure, ayant fini de déballer sa sacoche, s'était insallée dans une position du moins confortable : sa chaise légèrement penchée et...les pieds sur le bureau ! Cette attitude contrastait vivement avec son allure de femme rigide et stricte. Elle ne paraissait pas décidée à vouloir faire quoique ce soit pour stopper les discussions dont le volume sonore ne cessait de s'élever.

Mon voisin, Aslinn -drôle de prénom- semblait amusé par la situation. Un coude appuyé sur le dossier de sa chaise, il s'amusait à faire tourner son stylo entre ses doigts. Le silence entre nous était assez gênant. Je décidai alors à mon tour de lui montrer que moi aussi j'étais capable d'éxécuter des acrobaties avec ce qui se trouvait dans ma trousse. Je me saisis de mon stick de colle - édition spéciale âge de glace- et le fis passer entre mes doigts à la façon d'une majorette avec son bâton. Je fis de même avec l'autre main, fière de ma petite démonstration. Aslinn, m'osberva puis tenta de m'imiter. En vain.

-C'est plus fac...

Je fus coupée net par un projectile qui passa à deux ou trois millimètres de ma tête pour aller percuter le verre droit des lunettes d'Harry Potter. Aussitôt le silence se fit dans la classe, Aslinn se redressa sur sa chaise tandis que je reposai Sid dans ma trousse.

-Bien, commença la professeure. Jeune homme, malgré votre empressement je vous informe que votre baccalauréat n'a lieu qu'au mois de juin de l'année prochaine.

Effectivement, je jetai un rapide coup d'oeil derrière et constatai que Potter ainsi que d'autres garçons du fond avaient commencé un baccalauréat qui s'était terminé sur la lettre K -pas facile, pensai-je.

Quelques un gloussèrent, ravis de voir que cette vieille femme avait un minimum d'humour.

-Je me présente reprit-elle, je suis Madame Hopskins et je suis celle qui est censée vous ouvrir l'esprit à travers la philosophie. Je serai aussi votre professeur principale pour cette année. Bon, lorsque je vous appelerai, vous viendrez à mon bureau chercher les documents que je dois vous remettre. Une fois l'appel terminé, je vous distribuerai vos emplois du temps et vous débuterez les cours dès dix heures, après la récréation. Compris ? Demanda-t-elle en haussant un peu la voix.

Quelques élèves répondirent mollement. Alors à la surprise générale, madame Hopskins grimpa sur son bureau et mit ses mains en porte-voix puis cria :

-Compris !?

Cette fois-ci, des yes fusèrent avec force.

-Parfait, répliqua la professeure en réajustant son gilet.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens que cette nouvelle matière qu'était la philosophie allait me plaire.

Commença alors un long défilé, ce qui me permit d'observer chaque personne qui constituait la terminale B. Il y avait plus de filles que de garçons qui ne représentaient qu'un peu plus d'un tiers de la classe : 23 pour 12. La plupart avait une tête sympathique à l'exeption d'une fille prénomée Darerca. Lorsque madame Hopskins l'appela, elle se recula de sa table puis se leva de sa chaise avec lenteur, captant ainsi tous les regards. Il faut dire qu'elle était l'incarnation même de la beauté : grande et mince, elle portait une robe beige ajustée qui soulignait sa fine taille et qui tranchait avec sa peau mate. Ses cheveux bruns crépus flottaient autour de son visage qui dégageait une expression déterminée et fière. Sûrement ravie d'être le centre de l'attention, elle prit soin de parcourir des yeux l'assemblée formée des élèves et il me sembla que son regard fût plus appuyé lorsqu'il se posa sur Aslinn.

-Je vous prirai de ne pas tous faire comme mademoiselle Casey afin que l'appel ne s'éternise pas, lança la professeure un peu énervée.

La sublime créature afficha un air presque satisfait, et s'avança d'une démarche lente -et élégante- jusqu'au bureau. La professeur lui tendit sèchement ses papiers.

-Merci, lui répondit d'un ton mielleux Darerca.

Puis, profitant d'être devant toute la classe, elle tourna son beau visage et esquissa un sourire ravageur -trop beau pour être vrai, pensai-je- et retourna de sa gracieuse démarche jusqu'à sa place, non sans avoir une nouvelle fois posé ses petits yeux noirs sur mon voisin.

-Claubert. Claire Claubert, appela la professeure.

Je me levai, manquant de m'étaler de tout mon long, je me rattrapai de justesse en agrippant l'épaule d'Aslinn.

-Tu peux pas ranger ton sac, maugréai-je à l'intention de mon voisin qui avait du mal à cacher son envie de rire.

-Hey, fais gaffe poupée entendis-je derrière moi.

Je m'extirpai péniblement de ma place, sous le regard agacé de la professeure. Arrivée à son bureau, je pris les papiers qu'elle me tendait et fis demi-tour. Alors que je passais derrière la chaise d'Aslinn pour rejoindre la mienne, j'entendis une sorte de craquement. Oups... Je venais de marcher sur son sac qu'il ne s'était toujours pas décidé à ranger. Celui-ci, l'ayant entendu regarda à l'intérieur puis posa ses deux morceaux d'azurs sur moi.

-Quoi ? Je te l'ai pourtant dis de le ranger, fis-je en haussant les épaules.

-Tu as explosé ma bouteille d'eau ! Tout est trempé ! S'exclama-t-il.

-Moi ? Avec mon poid plume ? Impossible, répliquai-je, amusée.

Aslinn grommela.

Hopskins continua d'appeler un à un les élèves de la classe, aussi je remarquai que le sosie d'Harry Potter s'appelait en réalité Harry ! Quelle coïncidence... La fille à côté de lui et qui lui ressemblait tant portait le même nom que lui : Fitz, Lana Fitz. J'en conclu qu'ils devaient être de la même famille. Peut-être des jumeaux ?

Dix minutes avant la pause, les emplois du temps furent distribués, accompagnés de grands : "Chouette !" ou encore de "Génial !" Effectivement, les cours étaient plutôt bien répartis avec quelque heures de pauses par-ci par-là.

Lorsque la sonnerie annonçant la récré résonna, ce fut un véritable troupeau qui se précipita dehors. Quant à moi, je sortis la derrière, ne tenant pas à être bousculée comme une vulgaire poupée de chiffon. L'heure de cours suivante était un étage plus bas, en 103. Je décidai donc d'aller attendre devant. Quinze minutes, c'est assez pour écouter au moins trois musiques non ?

Un joli triangleWhere stories live. Discover now