Chapitre 48

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Harry POV:

Les épreuves, aussi dures puissent-elles paraître, sont faites pour nous transmettre des leçons. Voir Louis dans ce lit d'hôpital, inconscient et entouré de machines me fait prendre conscience de la gravité de mes erreurs. Si mon ami se trouve dans cet état, c'est en grande partie de ma faute. C'est difficile à admettre mais je suis un des facteurs ayant poussé Louis au suicide...

Une heure passe durant laquelle je ne fais que fixer Louis en pensant aux nombreux mois écoulés depuis le début de l'année scolaire. Ce dernier à due vivre un véritable calvaire, jour comme nuit et personne n'a sue l'aider ou l'épauler. Nous nous sommes tous acharnés sur lui sans prendre en compte que derrière le mot «proie» il y avait un être humain accablé par la peur et l'angoisse...
A présent, je suis rongé par la culpabilité. Pour la première fois de ma vie je me sens minable.

C'est un grincement de porte qui me tire brusquement de mes sombres pensées. Je tourne vivement la tête en balayant la pièce des yeux. Mon regard croise immédiatement celui de la jeune infirmière. Je lui adresse un mince sourire qu'elle me rend. Elle se racle ensuite la gorge puis m'annonce, timidement:
- Je ne voudrais pas vous mettre à la porte mais... Il est préférable de rentrer chez vous. Nous devons prodiguer des soins à votre ami et puis vous avez besoin de repos. Attendre toute la nuit ne servirais à rien.

Je hoche lentement la tête tout en me levant du fauteuil que j'occupais. Je n'ai pas envie de partir de cette chambre, si je le pouvais, j'y resterais jusqu'à ce que Louis se réveille, seulement, je voix bien que ma présence ne convient pas au personnel. Bien que l'infirmière me l'ai dit gentiment, j'ai compris que je les gênais dans leur travail.
J'adresse un dernier regard à mon ami, priant dans ma tête pour que tout s'arrange puis me retourne et sors de la pièce. Je traverse les longs couloirs silencieux, les mains dans les poches. Je suis mentalement et physiquement exténué, j'ai l'impression que cette journée à durée 48 heures.
Lorsque je quitte le bâtiment chauffé, un vent glacial vient fouetter la peau de mes bras nus. La froideur de la nuit me rappelle encore une fois que décembre n'est pas un mois à porter des tee-shirts. Je cours donc jusqu'à ma voiture puis saute à l'intérieur. J'allume le chauffage au maximum après avoir démarré puis m'engage prudemment sur la chaussée. Les routes sont verglacées, je suis contraints de rouler au pas afin de ne pas provoquer d'accident.

Je me gare devant ma demeure trente minutes après avoir quitté l'hôpital. Mon compteur indique 03h57 du matin. J'attrape mon sac posé sur le siège passager tout en baillant puis sors de mon véhicule. Je cours jusqu'à la porte d'entrée puis la déverrouille et l'ouvre le plus discrètement possible. Une fois à l'intérieur, je me déchausse afin de ne pas faire de bruit et pose mon sac à dos contre le porte manteau. Je fais quelques pas en direction de l'escalier mais la lumière du couloir s'allume brusquement, m'aveuglant un instant. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de voir ma mère débouler sur moi tel une furie. Je déglutis difficilement en repensant aux appels que j'ai reçus plus tôt dans la soirée et auxquelles je n'ai pas répondu.
Lorsqu'elle arrive à ma hauteur, je n'ai pas le temps de parler qu'elle me tire dans la cuisine par le col de mon tee-shirt. Elle me lâche ensuite afin de croiser les bras, prend une grande inspiration pour calmer ses nerfs puis commence, la voix pleine de rage:
- Mais bon sang Harry où étais-tu passé? Je t'ai appelé une bonne trentaine de fois! Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, j'étais morte d'inquiétude! Tu ne peux pas faire ça, tu ne peux pas rentrer à l'heure que tu veux et m'ignorer! Je te rappelle que tu vis sous mon toit et que je suis ta mère!

Je pourrais comme à mon habitude me braquer et l'ignorer en regagnant ma chambre. Je pourrais ne pas lui donner d'explications, seulement je ressens le besoin de me confier à elle. Pour la première fois depuis des années, j'ai besoin de ma mère plus que de n'importe qui...
Je pose alors ma main sur son bras pour qu'elle cesse de parler, me racle doucement la gorge puis commence, d'une voix étranglée:
- Je... Je suis désolé maman. J'étais à l'hôpital. J'ai du emmener un ami aux urgences et je suis resté avec lui...

Lost hope - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant