Chapitre 41

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Louis POV:

Assis contre le mur de ma salle de bain, une lame de rasoir serré entre mes fins doigts et les yeux perdu dans le vague, je réfléchis. Je me remémore cette dernière journée. Je ne comprends pas le soudain changement de comportement de Harry, je ne comprends pas pourquoi il devient subitement gentil avec moi. Je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il joue une nouvelle fois avec moi, j'essai de me convaincre qu'il est sincère mais à chaque fois des souvenirs de ce cruel pari me reviennent en mémoire. Je suis totalement perdu, je ne sais plus quoi faire, quoi penser ou quoi dire. J'aimerais me confier à Liam, lui dévoiler toutes mes appréhensions, mes doutes et mon désarroi mais je ne veux pas l'embêter, il doit sûrement avoir d'autres problèmes à gérer, je ne peux pas lui rajouter mes tracas sur le dos.

Alors, au lieu de parler, je me mur une nouvelle fois dans le silence et je fais glisser la lame tranchante encore immaculée sur ma cuisse déjà parsemée de cicatrices et de croûtes. Les larmes me montent instantanément aux yeux au moment ou ma peau se déchire sous cette dernière. Je ne les retient pas, je les laisse dévaler mes joues et mourir dans mou cou.

Lorsque les premières gouttes de sang débordent de la fraîche plaie, j'abats une nouvelle fois le fin métal sur mon ventre et trace de longues vagues en sanglotant. J'ai l'impression de me libérer, d'évacuer toute la tristesse et l'incertitude qui embue mon cerveau. L'instant de quelques secondes, j'ai l'étrange sensation d'être tellement léger que je pourrais à tout moment m'envoler. Je ferme les yeux pour mieux apprécier cette divine sensation et lâche la lame ensanglantée qui s'écrase sur le sol dans un petit fracas. Je balance ensuite ma tête en arrière tout en gémissant de douleur.

Tout est de la faute de Harry. Mes pensées, mes gestes, mes blessures, tout est de la faute de cet être fourbe qui ne cesse de hanter mon esprit. J'ai beau essayer de le sortir de ma tête, j'ai cette désagréable impression qu'il est imprégné dans chacun de mes neurones, dans chaque recoin de mon cerveau.

Le silence pesant qui m'entoure devient rapidement oppressant, angoissant. Je ne peux plus rester assis dans cette petite salle de bain, au milieu de ma propre marre de sang. Je me redresse donc rapidement et saute dans la douche. L'intense sensation de brûlure qui parcours mon corps lorsque le jet d'eau entre en contact avec mon torse et mes membres inférieurs me fait lâcher quelques jurons. Je me savonne rapidement puis me rince avant de sortir pour m'enrouler dans une serviette. Je ne prends pas la peine de me regarder dans le miroir, je connais déjà la mine triste et fatiguée qui tire les traits de mon visage. Je nettoie rapidement le sol puis marche mollement jusqu'à ma chambre avec dans ma main, la lame désinfectée et emballée dans un mouchoir en tissus blanc.

Dès l'instant où je passe la porte de mon refuge, je cache le précieux métal au fond de mon armoire et m'étale sur mon lit après avoir enfiler les premiers vêtements qui me passaient sous la main. Je m'installe correctement sur le dos, place mes bras derrière ma tête et ferme les yeux pour tenter de trouver le sommeil. Après vingt minutes de dur combat contre mon cerveau qui refuse de se mettre en veille, je parviens tout de même a sombrer dans un léger état de somnolence.

                             ******

Je suis posté dans mon jardin, devant le portail encore fermé depuis dix minutes déjà. La fraîcheur de ce premier jours de décembre provoque des picotements dans l'intégralité de mon corps et paralysent complètement mes doigts. Mon sac est sur mon dos, mes écouteurs sont vissés dans mes oreilles, tout est exactement comme d'habitude et pourtant aujourd'hui je ne parviens pas à franchir ce haut mur de fer qui me sépare du monde réel. La boule d'angoisse qui ne veut pas me quitte depuis que je suis réveillé augmente considérablement lorsque je pose mes yeux sur la rue encore éclairée à la lueur des vieux lampadaires. Je ne comprends pas pourquoi aller au lycée aujourd'hui est si difficile, je ne parviens pas à déceler ce qui bloque ce matin.

Lost hope - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant