Chapitre 6 Bienvenue chez toi mon ange

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Il ne dit rien de plus, me laissant là encore le choix des aveux que je suis disposée à faire, se contentant de faire peser sur moi un regard interrogatif. Je l'en remercie d'un sourire et poursuit mes confidences.

-Mis à part le plaisir sadique que ma belle-mère prend à me pourrir la vie ? ... Pardon, je ne devrais pas dire ça. Je sens mes joues rougir malgré moi.

-Bien sûr que si, si tu le penses ! Première leçon de ton parrain, ne te censure jamais, jamais avec moi, avec tes oncles, tes cousins et cousines. Et si ta belle-mère te pourrit la vie, ce dont je ne doute pas, connaissant un peu le personnage, tu as le droit de le dire. Tu as en tous cas le droit de Me le dire.

-Peut-être, mais je n'en ai pas l'habitude. De la critiquer ouvertement, de reconnaître qu'elle contribue grandement à ce que j'aie du mal à trouver ma place dans ma famille. Leslie trouve que je la ménage trop ; mais ce n'est pas comme si j'avais le choix. Malgré tous mes efforts, elle me tolère à peine. Alors comment les choses évolueraient-elles si je me laissais aller à mes envies ? Ce n'est pas comme si j'avais des milliers de solution de rechange.

-Tu nous as nous. Tu nous as toujours eus ; mais si enfin, ton père t'autorise à reprendre pied dans ta famille, tu nous auras encore davantage auprès de toi.

Cette déclaration me chavire. Les larmes montent à mes yeux. Je retiens de mon mieux un sanglot que je dissimule sous une toux discrète. Yann fait mine de ne pas s'en rendre compte et s'excuse de m'avoir interrompue. Magali, donc ?

-Oui, Magali. Pour une fois, elle n'est qu'une partie de l'équation. Apparemment, mon père a vu dans mon séjour un moyen de se faire payer des vacances, en Bretagne, sans frais. Les affaires doivent vraiment aller mal pour qu'elle accepte de renoncer à ses vacances bling-bling. Je suis désolée, ça ne fait pas très reluisant comme raison de venir. Mais moi je suis heureuse d'être là, vraiment. Et de plus en plus. Mais bref, assez parlé d'eux. On pourrait s'arrêter quelques minutes ? Je voudrais faire une photo avec toi. Ma première photo de famille ! Et là, le cadre est très très beau. On peut ?

Yann fait une fois de plus semblant de ne pas noter la façon dont je détourne la discussion et éclate d'un rire chaud.

-On va se gêner ! Se réjouit-il en garant sa voiture. Il m'attrape dans ses bras et prend une quantité de selfies depuis nos deux appareils.

Au bout d'une petite demi-heure, nous sommes en vue de Concarneau et de ses remparts qui me coupent le souffle. Mon oncle m'emmène ses bureaux principaux. Je suis impressionnée de l'importance de son cabinet. Pour leur part, ses collègues viennent tous me saluer. Je suis surprise de leur réaction mais Arzhel Bars, son plus proche ami, pouffe. Depuis qu'il sait que j'arrive, il est, paraît-il, purement intenable.

-Autant dire, jeune fille, que tu étais plus qu'attendue. Je suis ravi de te rencontrer enfin, m'accueille-t-il gentiment. Il me dévisage quelques instants avant de se tourner vers Yann. Bon sang, tu avais raison, on dirait Katell revenue parmi nous ; c'est troublant, ... Pardon, je suis maladroit. Enfin, bienvenue Sterenn, conclut-il avant de rejoindre son bureau.

Je m'empourpre encore en regardant mon oncle. J'ai mal réalisé la force de sa réaction et ne cesse d'être émue. Figé dans la même observation, il reprend la parole.

-On dirait que j'ai été peu discret. En même temps, c'est mon meilleur ami. On se connaît depuis toujours. J'en reviens pas que tu sois là, enfin. C'est ce que j'ai dit aux garçons hier au téléphone.

-Les garçons ?

-Tes oncles. Je n'ai pas pu m'empêcher de les appeler ; ils m'ont dit que je les narguais. Maman avait demandé qu'on te laisse prendre tes marques avant de venir et qu'on ne vienne qu'au déjeuner de dimanche. Erwan supervise un chantier en Allemagne et Pierrick est en vacances en Italie. Ils ne rentrent que ce weekend. J'aurais dû attendre aussi... Mais j'ai l'impression que j'attends depuis douze ans. Depuis les dernières fois où j'ai tenté de te voir en vain, chez ton père. Alors peut-être qu'il n'y a pas que du faux dans leur reproche. Mais je crois surtout qu'ils sont jaloux de ne pas avoir été là. D'ailleurs, quand on parle du loup, dit il en réceptionnant un message. ... ton oncle Pierrick me déteste visiblement d'avoir eu le premier selfie avec toi résuma-t-il. Il va me le faire payer, dit-il, ... mais ça vaut le coup.

Un été pour une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant