Chapitre 17

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Elsa avait la tête ailleurs depuis qu'elle s'était réveillée. Elle écoutait en ce moment, d'une oreille très distraite, Anna, qui débattait avec Raiponce de la couleur de sa robe de mariée. Et encore, c'était le premier qu'elles abordaient, après déjà trois heures de discussion. Elsa regarda par la fenêtre pour se distraire. Elle avait organisé cette petite réunion entre cousines... maintenant, elle n'était plus tout-à-fait certaine que ce soit une bonne idée. Quoi qu'il en soit, il était sans doute trop tard pour y réfléchir. Mais les bavardages incessants commençaient à lui taper sur le système.

Excédée, elle finit par craquer. Elle fit légèrement pivoter sa chaise, et se tourna franchement vers l'extérieur. Aucune des deux filles n'eut l'air de le remarquer. Après tout, elles étaient tellement absorbées par leur conversation...

– Bleue !

– C'est n'importe-quoi, râla Raiponce. Le bleu ne te va pas, je suis désolée de te le dire. À la limite, tu pourrais mettre du rose pâle.

– Tu veux rire ?

Et elles continuèrent ainsi. Elles avaient déjà fait défiler dans la liste des couleurs le jaune, le vert, le beige, le blanc cassé, le gris argenté, le turquoise, etc. Elsa soupira. Il n'y avait rien de plus désespérant que ces deux-là.

Elle laissa son regard errer sur les montagnes aux pentes verdoyantes. Seuls les sommets étaient couverts d'une neige éternelle qui scintillait légèrement. Elle aimait bien l'été, bien que l'hiver soit – évidemment – sa saison préférée. Elle pouvait y remédier quand elle voulait, après tout. Elle sourit à cette idée. Un petit flocon commença à se former dans la paume de sa main. Elle bâilla, et s'étira. Elle avait l'impression d'être invisible aux yeux des ferventes organisatrices.

Amusée, elle laissa son imagination prendre le dessus, et donner à la neige toutes sortes de formes, allant d'un petit lapin à un bonhomme de neige qui ressemblait à une version féminine d'Olaf. La minuscule créature, qui tenait dans la paume de sa main, lui fit un salut, et retomba en un petit tas poudreux.

Mue par une idée soudaine, Elsa augmenta le volume de neige qu'elle manipulait, et lui fit prendre une apparence précise. Elle retoucha les contours, affina les détails, et se tourna vers sa sœur.

– Anna ? Tu as pensé au blanc ? lui demanda-t-elle.

– Trop banal, grogna l'autre. Presque toutes les mariées en portent. Je veux être originale !

– Je parlais de ce type de blanc.

Intriguée, la rouquine tourna légèrement la tête, et lâcha une exclamation stupéfaite. Raiponce se contenta de garder la bouche ouverte.

Elsa maintenait en vol stationnaire une petite robe qui ressemblait beaucoup à celle qu'elle avait créé dans son palais lorsqu'elle avait abandonné toute retenue. Mais celle-ci était plus complexe. Elle était d'une blancheur étincelante, de la même façon que les sommets qui avaient inspiré la reine. Un bustier très simple, en forme de cœur, était rattaché à une large jupe composée de volants et de froufrous qui retombaient élégamment pour prendre la forme d'une cascade de cristaux de glace. La traîne, quasiment transparente, flottait au moindre mouvement et se paraît ça et là de reflets dorés. Elle n'avait pas de détails visibles, mais si on y regardait bien, on pouvait entrevoir ici et là des ombres de flocons, à peine perceptibles.

– Je... Elsa, elle est magnifique !

La voix d'Anna était montée dans les aigus sur la fin de sa phrase, pour finir dans un petit couinement. La princesse s'approcha, hésitante, comme si l'œuvre allait soudainement disparaître. Elle piétina un instant, se résolut finalement à toucher le bout du jupon. Elle retira presque aussitôt sa main.

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 1 : Love above the realmsOnde as histórias ganham vida. Descobre agora