Chapitre 2

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Loki prit appui contre une colonne. Au moment où Mjöllnir filait vers lui, il se propulsa en avant. Il glissa sur le sol lustré, sortit une dague et la planta dans le pied de Thor. Le gémissement de douleur étouffé lui procura plus de plaisir que l'action en elle-même. Il se faufila entre Volstag et Hogun. Soudain, il y eut deux Fandral dans la pièce. Sif regarda les deux avec un air curieux qui dissimulait mal sa fureur.

– Il y en a un de trop, remarqua-t-elle.

Le véritable attaqua le faux. Lorsque les autres parvinrent à les séparer, il n'y avait plus aucun moyen de savoir lequel était lequel. Loki grimaçait pour cacher un sourire. Fandral leva doucement la main, sans faire de gestes brusques, et plia légèrement le bord de son oreille droite. Dans la seconde qui suivait, le traître était déjà plaqué au sol, un marteau posé sur le dos. Sans essayer de se relever – il savait d'expérience que c'était impossible – il préféra ne rien faire, à part grincer des dents. Relevé brutalement, il fit face à Thor, fermement maintenu par les Trois Guerriers.

– Alors, mon frère ? Toujours décidé à me tuer ?

– Je t'avais prévenu, menaça Volstagg, que si tu pensais seulement à le trahir, je te tuerais.

– Techniquement, j'ai exécuté ma part du contrat. J'ai failli mourir d'ailleurs.

– Je t'ai sauvé du vortex, lâcha le dieu de la foudre.

– Mais tu ne m'as pas sauvé de l'épée du monstre. Et j'ai sauvé la femme si chère à ton cœur. D'ailleurs, la seule personne qui pourrait regretter mes actes, c'est Sif.

– Nous ne sommes pas là pour débattre de qui a aidé qui, coupa Hogun.

Un garde, qui avait assisté au début du combat, revint en courant, des menottes en main. Loki fit une grimace.

– Tu n'aimes pas les chaînes ? se moqua Fandral.

– Disons que je ne suis pas vraiment accro à l'endroit où elles mènent.

La réplique avait fusée, un brin acerbe.

– Eh bien on va y aller tout de suite.

Volstagg attrapa l'homme aux cheveux noirs, et le guida hors de la pièce, escorté par les deux autres. Sif et Thor restèrent en arrière.

– C'est vrai ? demanda le blond, légèrement attristé.

Elle soupira.

– Jusqu'à ce que cette humaine arrive dans ta vie, il n'y avait aucun doute que nous soyons ensemble. Mais maintenant...

Elle inspira profondément.

– J'essaie de passer outre mes sentiments pour t'aider au mieux, mais à chaque fois que je la vois, ou que je te vois avec elle, je ne peux pas m'empêcher d'être...

Elle chercha le mot.

– Jalouse ? proposa Thor avec douceur.

Elle hocha la tête. Son regard redevint clair, et elle demanda :

– Qu'est-ce qu'on fait de... lui ? Tu ne peux pas juste le tuer. Il n'avait pas tort sur un point, si je crois ce que tu m'as raconté de votre escapade.

– Tu le défends ?

Il y avait un mélange d'étonnement et d'incompréhension sur son visage.

– J'essaie simplement d'être juste.

– Mais il a tué Odin.

– On n'en est pas tout à fait sûrs.

– Il l'a dit lui-même ! Je vais lui faire payer.

– Tu es certain que tu ne le regretteras pas ? Penses-y.

Il ferma les yeux. Il ne pouvait pas. Il n'arrivait pas à oublier qu'il avait vécu près de trois millénaires avec lui.

– Non... je ne peux pas, souffla-t-il en se maudissant lui-même.

Sif se pencha vers lui. Elle murmura quelques mots à son oreille, avant de reculer. Il l'observa un moment en réfléchissant.

– Tu y penses sérieusement ?

– Oui.

– Je te laisse la main libre.

Elle partit, ses cheveux bruns voletant librement à chacun de ses pas.

§.§.§.§.§.§

Sif descendit les escaliers en prenant son temps pour admirer les colonnades dorées autour d'elle. Elle salua les gardes en faction, qui lui indiquèrent la direction du cachot qu'elle cherchait. Elle se planta devant en essayant d'être parfaitement calme. Elle avait un peu de mal.

– Sif ! la salua Loki d'une voix faussement joyeuse. Quel bon vent t'amène ?

– N'essaie pas de créer une amitié qui n'a jamais existé entre nous, le tança-t-elle.

– Ce n'est pas mon but. J'essayais plutôt d'être poli envers une ancienne amie qui m'a rejeté.

Dit comme ça, elle se sentait presque coupable. Elle secoua la tête pour chasser cette idée.

– Je viens te faire une proposition.

Elle l'observa, alors qu'il se permettait un mince sourire ironique. Il avait des cheveux noirs coupés au niveau des épaules, qu'il portait détachés, et des yeux bleus-verts profonds. Il plaça ses mains dans son dos, fit tranquillement un tour de la cellule blanche et vide, et revint se placer face à son interlocutrice.

– Je suppose que ça ne va pas me plaire et que je n'ai pas le choix ? siffla-t-il.

– Pour la première partie, peut-être, pour la seconde, non. Tu as le choix.

Il croisa les bras devant lui.

– Vas-y, explique, réclama-t-il.

Elle marmonna pour elle-même :

– Pourquoi j'ai l'impression de faire une erreur.

Elle inspira, et se lança :

– Tu as le choix entre deux possibilités. Mort, ou exil.

– Ça ne m'arrange pas plus que ça, mais bon... continue.

Ils se regardèrent un bref moment dans les yeux, avant qu'elle ne poursuive.

– Si tu te décides pour l'exil, tu partiras sur Midgard, au service d'une reine, jusqu'à ce qu'elle juge que tu t'es amendé. Sinon, tu peux tout aussi bien choisir l'autre option.

– Thor ne me tuera pas. Sinon, tu ne serais pas là pour me proposer ce choix.

Elle lui lança un regard de défi.

– Ton frère (elle insista sur le mot, et il se crispa) n'osera peut-être pas, mais je n'ai pas la même vision des choses que lui.

– N'aurais-tu pas pris ma défense, récemment ?

Il semblait presque taquin.

– J'ai essayé de ressembler à ta mère.

Il tressaillit imperceptiblement. Il savait qu'elle jouait avec ses sentiments, et la haïssait d'autant plus pour ça.

– Donne-moi une minute, lui réclama-t-il avec un visage parfaitement neutre.

Il se retourna pour arpenter de long en large la pièce. Il sentait qu'un détail lui échappait, sans pouvoir mettre le doigt dessus. Il se repassa les termes de l'accord. On l'envoyait sur Midgard, au service d'une reine qui...

Il cacha de justesse son air triomphant en comprenant ce qui l'avait gêné. On lui proposait d'aller obéir à une simple humaine. Mais pourquoi le confier à quelqu'un sans magie ? Il rejeta la question. Pour l'heure, il devait tout simplement répondre à Sif.

– Je choisis l'exil, déclara-t-il.

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 1 : Love above the realmsWhere stories live. Discover now