– Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour vous l'expliquer maintenant.

Après quoi, il sortit, et ferma doucement la porte derrière lui. Il fila aussitôt vers les quartiers d'Anna. Elle le tuerait si elle savait qu'il ne l'avait pas prévenue. Il parcourut les couloirs du château sans rencontrer âme qui vive, et toqua à la porte principale de la rousse. Une voix fatiguée et agacée lui répondit :

– Oui ?

– Princesse Anna ? C'est Loki. Votre sœur s'est réveillée.

Il y eut un tapage de l'autre côté du battant, suivi du bruit caractéristique d'une chaise qui racle contre le plancher, avant qu'elle ne sorte de sa tanière, un immense sourire aux lèvres. Elle sautillait déjà sur place.

– Vraiment ? Où est-elle ? Elle va bien ?

– Oui, elle va bien, assura-t-il. Elle est dans sa chambre, mais je vous conseille de ne pas trop la brusquer, elle...

Il n'avait pas encore fini sa phrase qu'elle était déjà partie. Il haussa les épaules avec un rire amusé. Le comportement de la rouquine lui rappelait celui de Sif, quand Thor était malade. Sif... ça faisait bien un mois qu'il n'avait pas eu de nouvelles. À croire qu'elle se moquait de son sort. Ce qui était parfaitement crédible, comme explication. À cette idée, il sentit une vieille rancœur lui étreindre le cœur. Un jour, songea-t-il. Un jour, je leur ferai payer. Il se secoua, et repartit en sens inverse pour gagner sa chambre. Il n'y avait plus mis les pieds depuis un bon moment. Il trouva tout tel qu'il l'avait laissé, c'est-à-dire les meubles éparpillés, les livres traînant dans tous les coins avec des pages arrachées, le baldaquin déchiré, souvenirs de sa dernière colère. Il avait au moins ça de commun avec Elsa : son incapacité à se contrôler. Mais seulement quand il était vraiment furieux. Et heureusement. Il fallait juste qu'il arrête de tout ramener à elle, et tout serait parfait.

Il s'allongea sur son lit. Les morceaux de tissu pendaient tristement au dessus de sa tête, mais il n'avait pas le cœur à appeler quelqu'un pour les réparer. Il voulait être seul.

Ainsi, il sombra dans le sommeil, sans même s'en rendre compte.


– Tu bénéficies de vacances que tu n'as absolument pas méritées.

La voix, froide et cruelle, avait retenti dans un souffle léger, qui pourtant sembla aussi bruyant qu'un coup de tonnerre. Loki frissonna. Il connaissait cette voix. Il avait passé deux années avec elle, dans le vide glacial des abysses intersidérales. L'autre croyait que Loki ne savait pas qui il était. Il se trompait. C'était Thanos, le Titan, l'Éternel. Le monstre qui détenait le pouvoir suprême, et qui était devenu l'être le plus puissant de la galaxie. Malgré tout, il était assis là, dans son fauteuil, l'air presque tranquille. Presque.

– Tu as échoué, reprit sa voix basse, fils de Laufey. Nous t'avions prévenu que tu en paierais le prix.

Thanos lui tournait le dos, aussi, Loki ne pouvait pas voir son expression. Mais il l'imaginait très bien. Il se composa un masque de tranquillité apparente parfait, et le Titan se retourna.

Il avait une peau à mi-chemin entre le rouge et le violet, des yeux bleus glacier, et un rictus cruel aux lèvres. Sa taille – bien supérieure à celle d'un homme – et sa posture laissaient deviner une musculature impressionnante.

– Nous t'avions prévenu, petit homme, répéta-t-il.

– Jötun, corrigea instinctivement le dieu.

L'autre émit un rire bref, qui ressemblait à s'y méprendre à un grondement de chien.

– Alors, pourquoi gardes-tu cette forme ? interrogea-t-il.

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 1 : Love above the realmsWhere stories live. Discover now