23. La blague de trop

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En nous réveillant ce matin, Louis et moi sommes allés faire un jogging pour fêter notre premier jour de vacances de printemps. Depuis que Louis a décidé de m'aider pour que je me sente mieux dans ma peau j'ai pris beaucoup de muscle. Parce qu'après tout nos jogging - à part le dimanche - on va à la salle ou si c'est la fin de journée on fait des abdos dans le parc s'il fait beau, ou chez moi. Aujourd'hui il est lundi donc on va courir deux kilomètres aller retour puis on prendra la voiture pour aller à la salle. On courait encore et encore, comme d'habitude, Louis côté trottoir et moi côté route. On rigolait et Louis me bouscula un peu. Vous savez, c'est ce genre de geste qu'on fait quand on rigole avec des potes. Sauf que j'ai perdu l'équilibre tellement mes muscles étaient affaibli par les rires, et je suis tombé sur la route. Quand j'ai voulu me relever, une voiture est arrivée vers moi et...

- Harry ! Harry !

Puis, plus rien.

Lorsque je me suis réveillé, j'ai regardé autour de moi. Il y avait Louis et ma mère. Aucun d'eux me regarder. Je ne comprenais pas pourquoi. Dans les films, il y a une personne qui attend que la personne se réveil, sa main enlacée dans celle de la personne endormie. Là, Louis à ses deux mains accrochées aux miennes, je lui presse la main pour qu'il sente que je suis réveillé, mais il ne bouge pas d'un poil, la tête baissée en train de regarder ses pieds. J'essaie de parler mais rien, j'ai pas la force. Je regarde ma mère, qui elle aussi me regarde, mais ne me dit rien pour autant. Elle n'a même pas un sourire. Je ne comprend pas, on dirait qu'elle est désespérée. Désespérée que je me réveil.

- J'espère qu'il se réveillera bientôt, dit ma mère, en coupant le silence qui régnait dans cette pièce.

Mais je suis réveillé maman ! Je ne comprend vraiment rien là. Font-ils exprès de m'ignorer pour me faire flipper ou pour me faire une mauvaise blague ? Si c'est ça, c'est pas drôle. Vraiment pas.
Juste pour voir, j'enlève ma main de celle de Louis et regarde celle-ci. Puis après je jette mon regard sur Louis et sa main toujours sur le lit, toujours enlacée à la mienne. Et c'est là que je comprend. Je me lève d'un seul coup et regarde ma mère et Louis, puis mon corps allongé sur le lit d'hôpital. C'est étrange de voir son corps dans une autre position que dans laquelle on est. Par exemple, là je suis debout et je me vois allongé. C'est très bizarre, c'est une sensation très étrange. Je regarde mon corps de plus prêt, ensevelit d'hématomes. Mon œil gauche, entouré de noir. Normal que ça soit l'œil gauche, c'est le côté qui était tourné vers la voiture lorsque je me suis fait renverser par celle-ci. Les médecins m'ont mis un plâtre au bras gauche aussi et une attelle au pied droit. J'ai des perfusions un peu partout dans le corps. Il y a pleins de machines allumées autours de moi, je ne sais pas trop à quoi elles servent, à part une où il est facile de deviner sa fonctionnalité. Celle dont je parle me sert à pouvoir respirer, elle m'envoie de l'oxygène. Je ne reconnais pas mon visage, je me dégoûte. Je n'ai jamais eu de problème avec mon faciès, mais là, je me fais peur, vraiment.
À ce moment-là, je hais le gars qui m'est rentré dedans. Je comprend pas quoi ! C'est pas possible d'être aussi bête et de ne pas m'avoir vu sur la route ! Fallait vraiment le vouloir, j'avais un haut jaune fluo parce que le temps était un peu gris quand on est parti pour courir. En plus, la route était droite et très longue, on me voyait vraiment de loin. À ce moment-là j'ai vraiment envie de tout jeter, mais même si je pouvais je ne pense pas que je l'aurais fais. Puis, après avoir regarder mon corps un long moment, j'ai regardé ma mère et Louis. Tous les deux avec les yeux rouges, gonflés et luisant, près à accueillir une larme. Ils sont démunis, ils ne savent pas quoi faire. J'arrive à percevoir le fait que l'attente est en train de les ronger de l'intérieur. À moi aussi ça me ronge, parce que j'en ai réellement marre d'attendre. Moi aussi je veux me réveiller comme eux ont envie que je le fasse. Je regardais mes pieds puis j'ai entendu un cri et j'ai levé les yeux vers Louis, parce que j'avais reconnu le son de sa voix. Il croit et je ne sais pas pourquoi, la douleur sûrement. Ma mère s'approche de lui et je fais de même, sauf que lui ne me voit pas. Elle le console comme si c'était son propre fils. À ce moment-là je peux voir à quel point ma mère a accepté Louis dans ma vie, et dans la sienne. Elle l'aime presque autant que moi je l'aime. Je dis bien "presque" parce que personne ne peux l'aimer autant que moi je l'aime. Une fois que ma mère ait réussit à calmer Louis, elle sort de la chambre pour aller leur chercher un sandwich. Je me demande vraiment quelle heure il est.

- Harry, mon ange, réveille-toi, s'il te plait. Tu sais, les infirmières m'ont dis que tu pourrais rester dans le coma pendant quelques heures, quelques jours, quelques mois ou encore des années. En fait, elles ne savent pas. C'est ça qui me rend dingue. On attend, on attend, sans savoir quand tu te réveilleras. Je veux être là quand tu te réveilles. Je veux pouvoir te voir ouvrir les yeux. Tu sais, j'adore tes yeux. Je ne sais pas si je te l'ai déjà dis, mais j'adore le vert de tes yeux, même si parfois ils sont bleus quand tu es près de quelque chose de gris. C'est ridicule de savoir ce genre de chose, mais je le sais. J'aime bien aussi te regarder avant que tu te réveil, c'est assez rare parce que je me réveil presque toujours après toi. Je... PUTAIN RÉVEIL TOI ! HARRY RÉVEIL TOI J'EN PEUX PLUS LÀ ! RÉPOND MOI BORDEL !

Pris par l'émotion, je me met à pleurer, comme Louis. Puis les machines m'ont interrompu, en train de biper pour je ne sais quelle raison. Les infirmières sont arrivées en courant et moi, je les regarder, impuissant. Mon fantôme regarder ma mère, arriver en même temps que ces infirmières, affolée tout en pleurant.

- On le perd !

Je vais mourrir.

"J'ai fais le con, tout ça à cause d'une maudite blague." - L

Reasons Why I'm Better / LS / TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant