La danseuse

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Darcy

Quel a donc été le moment le plus pénible de cette journée? Le fait de m'extirper des bras de ma douce Elisabeth à l'aurore en fait indubitablement partie, tout comme celui de me poster devant la porte de la chambre de Charles en attendant que celui-ci se décide d'en sortir, comme je l'avais présagé.

Fichtre Darcy, vous m'avez saisi ! Que... faites-vous ici de si bonne heure ?
– Charles, je me tiens ici chez moi et je vous attendais.
– Vous... m'attendiez ?
– N'est-ce pas le seul moyen de profiter de votre humble présence ? Trêve de bavardage, nous risquons de réveiller ces dames. Enfilez vos bottes et suivez-moi dans le hall.

Ma voix s'était faite autoritaire et reflétait surtout mon agacement accumulé envers lui ces dernier jours. Il refusa de prendre un déjeuner matinal, je le conviai à m'accompagner dans le fiacre qui nous attendait.

Darcy, où allons-nous ?
– Vous le saurez bien vite, le trajet sera bref.

Mes mots brefs eurent le bénéfice de couper court à ses questions. Son regard était fuyant et sa posture indolente.
Nous sommes arrivés devant la large grille alors que le soleil se levait à peine. La fraîcheur matinale, qui présageait un hiver précoce, éveillait mon esprit

Le concierge vint nous ouvrir. Le petit homme trapu nous salua et sortit son large trousseau. Nous le suivîmes en silence à la lueur de sa lanterne dans le large escalier qui nous menait au sous-sol. À mesure que nous descendions, je sentais la température légèrement remonter comme dans ces caves où l'on affine le fromage ou le bon whisky.

Messieurs, laissez-moi le temps d'éclairer les lieux et de vous allumer un feu. Avez-vous apporté votre équipement?
– J'ai pris le mien mais pourriez-vous fournir à mon ami le nécessaire?
L'homme toisa Bingley et se rendit dans la pièce mitoyenne alors que Charles remarquait le bagage de cuir ainsi que le fourreau que je portais à l'épaule.

Dans la pièce qui servait de vestiaire, il me questionna d'une voix incertaine.
Darcy, avez vous quelque grief envers moi ?
– Avez-vous quelque chose à vous reprocher, Bingley ?
– Moi ? De fait, je confesse que je n'ai guère été un convive très présent ni très agréable.
– Est-ce là la seule chose que vous avez à repentir ?

Je ne lui laissai pas le temps de me répondre et me rendis sur la piste. Il me suivit, dépité. Après quelques étirements, je sortis mon fleuret de son fourreau, inspecta son aspect et me mit en garde pour l'inviter à combattre.

Darcy, je n'ai pas croisé le fer depuis quelques années. Se lamenta t'il.
En garde ! M'exclamai je.

Nous avons combattus tous deux mais mon adversaire ne démontrait ni motivation ni technique jusqu'à ce que des hommes vinrent nous rejoindre. Le maître d'armes lui proposa son aide pour corriger sa posture et ses gestes et j'en profitai pour me désaltérer.

– Darcy, quelle surprise de vous rencontrer ici !

C'était Mr Whitaker qui m'avait abordé. Ancien élève d'Oxford, intelligent et convivial, il a néanmoins toujours eu la désagréable habitude de se mêler des affaires des autres avec sarcasme. Je le saluai de la tête et continuais à regarder Bingley se démener avec son épée.

– Je vois que vous êtes venu avec votre danseuse !
Je me retournai vers l'importun en fronçant les sourcils lui signifiant de cette manière que je n'appréciais pas son propos.

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⏰ Last updated: May 01 ⏰

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