La volonté de Dieu

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Voici un petit chapitre qui ne s'est pas fait attendre!

Mr Collins

Chaque jour, je remercie Dieu d'avoir fait de moi son disciple et d'avoir amené ma chère Mrs Collins sur ma route. Chaque jour, mes prières vont pour ce petit être qui grandit en elle et portera bientôt mon nom. Et dans sa grande miséricorde, qu'il puisse nous apporter par la suite une nombreuse descendance.

Je pensais vivre à jamais dans la sérénité mais Dieu avait d'autres projets pour le pasteur dévoué que je suis. Quitter aussi abruptement mon humble presbytère a été pour moi une épreuve, je l'avoue, mais j'ai bien vite compris que tout cela n'était que la volonté du tout puissant, et ce depuis le début.

En effet, Dieu m'a choisi pour être le témoin privilégié et son serviteur sur terre pour une autre mission dont j'ignorais jusqu'à présent l'existence.
En choisissant ma douce Charlotte comme épouse, j'ai non seulement trouvé une modeste compagne de vie et la future mère de mes enfants, mais j'ai, par la même, détourné ma cousine Elisabeth d'une destinée qui n'aurait pas été la sienne.

C'est également parce que j'ai emmené Mrs Collins vivre à mes côtés à Hunsford que cette dernière a invité sa meilleure amie à séjourner gracieusement chez nous. Sans cela, Miss Elisabeth n'aurait jamais eu l'honneur d'être invitée par sa Grâce Lady Catherine avec qui j'entretenais d'excellents rapports. Je lui ai donc permis de retrouver cet éminent Mr Darcy qui, justement, y séjournait et avec qui elle a eu le loisir de faire plus amplement connaissance.

Je peux donc affirmer à présent, et sans fausse modestie, que ce mariage entre Mr Darcy et ma jeune cousine Elisabeth Bennet n'aurait jamais eu lieu si je n'avais pas été, en quelque sorte, la main terrestre du père éternel pour que les choses se passent comme elles le devaient.

Pour parfaire l'heureux dénouement, nous avons eu l'adorable surprise de recevoir aujourd'hui la visite de Miss de Bourgh, accompagné du Colonel Fitzwilliam, venus en personne nous saluer et prendre des nouvelles de la santé de ma tendre femme. La demoiselle a fait tout ce chemin depuis Rosing pour nous revoir et assister aux épousailles de son cousin Mr Darcy.

Mon honorable bienfaitrice a du se remettre de ses émotions et comprendre que les voix de Dieu sont impénétrables, sinon Lady Catherine n'aurait jamais envoyé sa chère fille unique la représenter, preuve évidente du souhait de notre Seigneur quant à cette union. J'en ai d'ailleurs discuté avec les parents de mon épouse qui nous ont accueillis dans leur charmante maison.

Je leur ai annoncé au repas que j'avais déjà préparé l'homélie que je réciterais lors de la célébration. La chère Mrs Lucas m'a suggéré d'aller en discuter avec le pasteur de Meryton car elle avait ouï qu'il avait déjà été choisi pour cette mission. J'avoue en avoir été étonné et j'ai décidé, séance tenante de me rendre à l'église afin de dissiper tout malentendu.

Le Révérend Thomson est un homme de la campagne, à l'accent fort prononcé et au regard dur. Il est évident que je suis bien plus distingué et instruis que lui! Je me suis présenté comme il se doit, bien qu'il devait se rappeler de ma personne puisque c'est lui qui a célébré nos noces il y a de cela déjà une année.

– Je me souviens bien de vous Mr Collins. Fit-il sans trop me prêter attention.
– Voilà, il va sans dire que demain je célèbrerais la cérémonie de mariage de mes deux chères cousines Bennet et je voulais m'assurer que tout était prêt.
Ai-je bien entendu? Vous allez quoi? Dit-il en mettant ses poings sur ses hanches.
Et bien, vous savez... Je suis leur cousin, et puis je connais Mr Darcy...
Mon petit monsieur, je ne sais pas comment cela se passe par chez vous mais ici c'est ma paroisse et mon église! J'ai moi-même baptisé chacune des filles Bennet et c'est moi qui les marierais !

Ensuite ce rustre confrère a eu l'outrecuidance de me prier de prendre la porte sous le prétexte qu'il avait encore beaucoup à faire. Jamais on ne m'avais parlé sur ce ton, d'autant plus qu'il s'agissait d'un pasteur tout comme moi sensé être au service de ses ouailles. Empreint d'un ressenti qui nouait mes viscères, j'ai pris le chemin de Longbourn afin d'avoir une explication.

Arrivé sur place, je suis tombée sur Miss Mary. Elle m'ouvrit la porte avec un large sourire qui eut l'effet de baisser, malgré moi, ma colère. Elle me parla avec respect et politesse.
Bien le bonjour Mrs Collins, C'est un plaisir de vous voir! Que puis-je faire pour vous?
– Heu, bonjour Miss Mary. Plaisir partagé. Vos sœurs ou vos parents sont-il là?
– Je suis désolée Mrs Collins, ils sont tous à Netherfield pour les derniers préparatifs. Vous souhaitez leur transmettre un message?
– Non, non, je vais m'y rendre moi-même Miss. Je vous remercie.
– Comme vous voulez, Mr Collins. Je vous souhaite une agréable journée.

Miss Mary n'a certes pas eu pour elle la beauté et le charme de ses sœurs mais il faut avouer qu'elle a reçu en échange l'amabilité et la piété!

C'est avec mes pieds meurtris et le souffle court que je suis arrivé à Netherfield. Lorsque je suis entré dans le hall, tout le monde s'affairaient sans prêter attention à ma présence. J'essayais de les appeler un à un lorsqu'ils passaient devant moi mais chacun semblait s'atteler à sa tâche sans me remarquer. Les uns installaient les bougies aux différents lustres, les autres les noms aux tables. Certaines faisaient des bouquets pendant que d'autres portaient des chaises.

Mrs Bennet! m'écrirais je à pleins poumons.
Le silence se fit et tout le monde se tourna vers moi alors que je tentais péniblement de reprendre mon souffle.

Mr Collins?
Charlotte se porte bien? Demanda Miss Elisabeth d'un air inquiet.
– Devons-nous appeler un docteur? s'inquiéta le gentil Mr Bingley.
Je fis non de la main car je n'arrivais pas encore à bien parler.
Miss Bennet m'apporta un siège et un domestique un verre d'eau.
Ils attendirent que je me remette de mes émotions. J'avais enfin et malgré tout réussi à attirer leur attention.

Je les ai d'abord rassuré sur la santé de mon épouse mais expliquais mon dilemme. Ils se regardèrent en silence. Ils devaient assurément être tout aussi outrés que moi.
Mr Bennet s'approcha alors de moi et toussota avant de parler.
Mr Collins, voyons, il est évident que votre place n'est pas près de l'autel! Nous avons expressément demandé au Révérend Thomson de s'occuper de la célébration afin que vous puissiez vous tenir auprès de votre famille!
Mr Bennet jeta un regard en direction de Mr Darcy et de sa fiancée puis il continua.
Vous êtes mon cousin et donc aussi le cousin des deux mariées et de leur futurs époux. En tant que tel, votre devoir est de partager notre bonheur à nos côtés.

Miss Elisabeth ajouta:
Mrs Collins pourrait ainsi s'assoir aux côtés de Miss de Bourgh, je suis sûre qu'elle en sera enchantée.
Une petite voix se fit entendre dans le fond de la pièce:
Oh oui, j'en serais ravie! S'exclama à ma surprise Miss de Bourgh avec enthousiasme.

Je sentis mon cœur se remplir d'une grande reconnaissance face à tant de sollicitude familiale. Je remerciais avec chaleur l'assemblée et, sous leurs conseils, je décidais de rentrer à Lucaslodge afin d'informer ma douce épouse du bonheur que j'éprouvais.

Je sais à présent que la volonté de Dieu, en récompense à toutes mes bonnes actions, est de faire de moi le cousin par alliance du maître de Pemberley !

Orgueil & Conséquences Where stories live. Discover now