La fidèle amie

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Charlotte

La lettre que mon amie Lizzie m'a apporté beaucoup de joie même si je n'ai pas été surprise quant à son contenu. Je suis sincèrement heureuse de cette union qui se profile entre ces deux-là.

Je pourrais me targuer à l'avenir de l'avoir prévue et d'avoir été la première à observer les transports d'affection que cet homme lui vouait secrètement, même si elle se refusait d'y croire !  Depuis toute petite, Lizzie a toujours caressé le rêve romantique de se marier par passion et amour et non par intérêt. Épouser Mr Darcy lui apportera encore bien plus qu'elle n'espérait.

De fait, devant ses exaltations romanesques, j'ai toujours crains qu'elle ne finisse vielle fille ou se lie à un homme qui ne la mériterait point. Sa fierté et son orgueil lui ont déjà joué des tours et j'aurais été bien désolée de la voir enlisée dans un mariage qui ne lui apporterait aucune des commodités auxquelles elle a toujours bénéficié à Longbourn. De plus, Mr Darcy semble avoir le caractère approprié pour contrecarrer ses excès et l'intelligence vive pour ne pas l'ennuyer.

Dans sa missive, Lizzie tente de me décrire la liesse indicible que ressent sa mère à l'idée que bientôt ses deux aînées seront si bien mariées. J'imagine clairement le tableau en songeant que j'en serais très prochainement témoin !

Car, ce que mon amie devait probablement ignorer en écrivant ceci, c'est qu'à l'instant précis où je la lis, je prépare nos mannes avec grande hâte. Il est regrettable en effet que la lettre que Mr Darcy a écrit à sa tante soit arrivée un jour avant celle de Lizzie, sans quoi nous aurions pu prendre congé de Rosing sans essuyer les vociférations de la maîtresse de maison.

Au vu de la manière dont Lady Catherine a toujours dédaigné Lizzie et les projets de mariage qu'elle avait planifié pour son neveu, il était évident que la Lady n'aurait jamais accepté cette annonce. À la voir partir en urgence après avoir appris les rumeurs, nous doutions bien que nous allions vivre des jours désagréables mais nous fûmes, Mr Collins et moi, surpris de la rapidité des événements.

Ainsi donc nous quittons notre maison de Hunsford pour une durée indéterminée, le cœur un peu gros mais sans vraiment de regrets. J'ai toujours souhaité enfanter auprès de ma mère, ce sera donc un vœu qui pourra se réaliser à Lucas Lodge. Si ma santé le permet, je serais également présente aux préparatifs et aux festivités du double hyménée. Entendre Lizzie dire « oui » au fier Mr Darcy atténuera assurément la tristesse de notre exil forcé.

Mon époux semblait au préalable irrité de la tournure des évènements et de devoir fuir sa chère bienfaitrice et son office pour, selon ses dires, « les caprices une lointaine cousine ». Mais une lettre écrite de la main de Mr Bennet a changé subrepticement sa position, car, par cette union, cela fera de lui le cousin par mariage du maître de Pemberley !

Je ne vais donc pas répondre à Lizzie et lui laisser la surprise de notre arrivée, sauf si les commérages de nos mères respectives ne viennent déjouer l'effet.

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