Gourmandise

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Voici un chapitre que j'avais hâte de vous partager.

Lizzie

Mes sens doucement s'éveillaient et je percevais des sons qui ne m'étaient pas familiers. Pas de craquement de l'escalier familial, ni de cri du coq, ni de chant d'oiseaux. Au lieu de cela des bruits de pas, de sabots, de roulottes et de vendeurs de journaux.

Je sentis une respiration calme et profonde dans mon dos mais je prenais progressivement conscience que le lourd bras qui encerclait ma taille n'était pas celui de Jane. J'ouvris alors grand mes yeux. Il faisait sombre dans la pièce, seuls quelques rais de lumière s'échappaient d'entre épais rideaux. Le constat était clair : le jour était levé et je n'étais pas à Longbourn !

Puis il me vint en mémoire la journée d'hier, notre mariage et notre arrivée tardive à Londres. Darcyhouse ! Je compris que le bras qui me tenait amoureusement était évidemment celui de mon... mari. J'ai apposé ma main sur la sienne en ressentant le sentiment d'être là où je devais.

Je suis restée un instant plongée dans mes pensées, savourant ce moment d'intimité dans le calme et la plénitude. Puis, les images de notre première nuit firent surface, échauffant mon corps et embrumant mon esprit.

Cet homme endormi à mes côtés avait été, la veille, bien différent lorsque, emporté par l'exaltation, il m'a initié à l'amour avec ardeur et passion. Je souriais sous les draps en songeant à ce que je ressentais rien qu'à y repenser.
Les mots de Mère à l'annonce de mes épousailles me revinrent en tête : « Lizzie, plus rapidement vous remplirez votre tâche, plus vite vous en serez délivrée. Avec un homme aussi austère que Mr Darcy, j'espère que vous trouverez vite d'autres manières pour vous amuser. »

Mère serait bien stupéfaite si elle savait que Mr Darcy n'a rien d'austère dans la sphère privée et que je n'ai guère eu le temps de m'ennuyer!

Mais l'appel de la nature se fit ressentir et le besoin pressent de quitter ce nid douillet. Je me suis glissée hors du lit le plus délicatement possible afin de ne point le réveiller et rejoindre mon cabinet

En revenant ensuite par ma chambre, j'ouvris les tentures et découvris au grand jour la beauté de la pièce qui avait été fraîchement décorée avec goût et élégance. Les tapisseries bleu céruléen aux délicats motifs floraux, le lit à baldaquin et les coussins assortis, tout semblait avoir été pensé. Même une bibliothèque avait été disposée à mon intention, car il semble que d'ordinaire ce genre de meuble n'a rien à faire dans la chambre d'une maîtresse de maison. Sur une des étagères était disposé quelques livres que je reconnus d'emblée. C'était ceux que j'avais emporté dans ma manne de Longbourn. L'un d'eux attira mon regard, c'était le fameux carnet rouge tout abîmé. Je souris en caressant le dos de celui-ci et à tout ce qu'il représentait.

C'est alors que mes entrailles se mirent à quémander que la journée était déjà bien avancée. J'ouvris les armoires et pris ce qu'il me semblait être une robe de chambre, elle était en soie avec des motifs orientaux. Puis j'ouvris doucement la porte afin de me rendre aux cuisines sur la pointe des pieds pour y trouver de quoi me sustenter.

Mrs Darcy.
Fit derrière moi une toute petite voix tout aussi surprise que moi. C'était une jeune demoiselle de chambre qui baissait la tête, les mains jointes sur son tablier.

– Oh, bonjour, répondis-je un peu gênée d'avoir été prise sur le fait. Faites comme si je n'étais pas là.
Je peux vous aider?
Je n'ai pas eu le temps de répondre que déjà arrivait l'intendante d'un pas assuré.
Mrs Darcy, j'espère que vous avez bien dormi. Vous désirez quelque chose?
Je me rendis compte que, désormais, je ne pourrais me déplacer à mon gré sans avoir des domestiques à mes côtés.
– Je... j'aimerais déjeuner.
Oui évidemment. Si vous le souhaitez, on peut monter un plateau dans votre chambre.
– Ce serait adorable, merci! Oh, préparez aussi un plateau pour Mr Darcy, s'il vous plaît.
L'intendante eu un moment d'hésitation. Je souris intérieurement en songeant qu'il devait être inhabituel que le maître mange à l'étage
– Et qu'est-ce qui vous ferait plaisir, Madame?
– La même chose que Monsieur, ce sera parfait.

J'ai regagné la chambre de mon époux et fermé la porte le plus silencieusement possible. Les bruits de la rue qui m'avaient réveillée attisèrent ma curiosité aussi je me suis approchée des larges baies à pas feutrés. En écartant un peu les tentures, je pus observer ce beau quartier de Londres s'animer.

– Bonjour Mrs Darcy. Fit une voix endormie derrière moi.
– Bonjour mon époux. Fis-je rieuse en me retournant.

Il était là, la tête posée sur un oreiller à me fixer.
– Le lit me semble vide.
D'un pas sautillant je me dirigeais vers le lit.
– Je dois vous prévenir que je suis matinale.
– Je le suis également, cependant...
Il se redressa et me fit signe de le rejoindre.
– Cependant?
– Cependant, je tiens à rappeler que nous sommes en lune de miel et je n'ai point l'intention de quitter ce lit de sitôt!
D'un geste rapide, je me suis retrouvée enlacée dans ses bras. Prise au piège d'un endroit duquel je ne voulais pas m'échapper.

– Que ces pieds sont glacés ! Quelle est donc cette manie de marcher pieds nus à tout prix?
Son ton était railleur et sa bonne humeur si séduisante.
– Pardonnez-moi, Mr Darcy, de ne pas avoir les manières d'une lady !
Il s'immobilisa et me fixa, alors qu'il tenait mes deux poignets de part et d'autre de mon visage.

– Ne comptes-tu plus me tutoyer à présent que le jour est levé?
Je réalisais, qu'en effet, cette nuit, nous nous sommes tant rapprochés que je me suis permise des familiarités que je n'ose même pas avec ma propre famille !
Pour toute réponse, je lui donnais un baiser. Il n'en fallût pas plus pour que l'atmosphère change. La raillerie laissant sa place à la sensualité.

Les choses en emmenant une autre, il m'embrassa du visage à ma gorge et, incommodé par le peu de vêtements que je portais, il me les ôta prestement et se dressa pour mieux m'admirer.
– Lisbeth, tu es superbe!
Je fis de même avec sa chemise afin de pouvoir, moi aussi, le toucher.
Son torse était plus râblé que je ne l'imaginais, pâle comme les hommes qui ne travaillent pas aux champs et légèrement velu.
– Tu n'es pas déplaisant également, Will !

Il entrepris de me caresser et embrasser chaque parcelle de ma peau et progressivement, sous les draps, il disparut de ma vue pour y explorer les parties les plus secrètes de mon intimité. Ce fut comme si mon corps plongeait dans une douce ivresse, un instant de béatitude difficile à exprimer.

Soudain, on frappa à la porte, faisant éclater la bulle dans laquelle nous semblions nous oublier. Will se redressa d'un bond, sortant dessous des couvertures tel un diablotin d'un boite.

– Qui que vous soyez, je vous défends d'entrer! s'écria t'il d'une forte et implacable voix qui me fit sursauter.
– B... Bien Monsieur. Nous allons poser vos plateaux dans les appartements de Madame.

Will me regarda circonspect alors que, derrière mes mains, je tentais de retenir un éclat de rire.
Tu as demandé qu'on nous serve à manger? Tu... as faim?
– J'ai grand appétit, mais je pense avoir trouvé ce dont j'ai envie, lui répondis je mutine en l'attirant à moi.

C'est ainsi que notre gourmandise fut assouvie de baisers et dans le lit à baldaquin, nos corps exaltés ne firent rapidement plus qu'un.

Orgueil & Conséquences Where stories live. Discover now