Les bottes souillées

178 8 0
                                    

Voici un chapitre que j'ai beaucoup aimé écrire, j'espère que vous allez l'apprécier !

Mr Darcy

Il est étrange de songer combien ce « oui » qu'Elisabeth m'a accordé a allègrement modifié notre relation. Durant les jours qui ont suivis, nous avons passé toutes nos après-midi à d'inépuisables discussions. Et de ce que je découvrais d'elle chaque jour, m'émerveillait. Je sens qu'avec elle, jamais je ne m'ennuierais.

Ce moment de douce euphorie prit fin lorsque j'ai quitté le Hertfordshire un  matin. Quelques jours seulement devaient suffire pour mener à bien mes projets. Il me fallait publier les bans et voir mon notaire, évidement, afin de mettre noir sur blanc mes dispositions. Je voulais également réaménager les appartements de ma future épouse, prévoir quelques cadeaux et diverses choses pour le jour du grand événement.

Notre statut de fiancés nous offrit le privilège d'entamer une correspondance et nous ne nous en sommes pas privés ! Ces lettres échangées quotidiennement ont renforcé, il me semble, notre attachement. Car ces mots choisis avec prudence, loin de l'être aimé, sont vite devenus des confidences. Nous avons abordés des sujets que jusque-là nous avions précautionneusement évités. L'attente de la réponse devenant chaque jour un supplice et l'arrivée du courrier un doux moment de délice.

Progressivement, je pris conscience que ce séjour seul à Londres me pesait énormément, aussi ai-je écourté la liste de mes obligations pour enfourcher en pleine nuit et sous la pluie mon brave canasson afin de rejoindre celle qui me manquait insupportablement.

Alors que le soleil ne pointait pas encore son nez, j'ignore pourquoi ce n'est pas en direction de la maison de Charles que je me suis dirigé mais devant la façade de Longbourn que je me suis retrouvé. La pluie avait cessé et je guettais, tel un rôdeur, me demandant derrière quelle fenêtre Elisabeth pouvait bien se reposer.

J'avais l'improbable espoir de l'entrapercevoir, c'est alors que mon vœu s'est exhaussé. Une lueur apparut brièvement à l'une des baies et une silhouette vêtue de blanc me fit un geste de la main puis disparût. Je crus un instant avoir rêvé et que la fatigue du trajet me faisait halluciner.

Prudemment, je guidais en silence Hermès vers l'entrée, la porte s'ouvrît légèrement et j'entraperçus le visage décoiffé de ma chère amie. Elle me pria en chuchotant de me joindre aux écuries, ce que je fis sans réfléchir, trop heureux de la retrouver bien plus tôt qu'espéré.

L'écurie était sombre et le brave cheval des Bennet y dormait paisiblement. Elisabeth me rejoignit, une lanterne en main. À la lueur de celle-ci, je découvris qu'elle était encore en chemise de nuit sur laquelle elle avait enfilé un long gilet de laine et glissé ses pieds dans de vieux souliers.

Elle me sourit, s'approcha puis se figea.

Mr Darcy, vous êtes trempé ! Descendez donc de votre monture pour que vous puissiez vous sécher !

Son ton n'était pas autoritaire et je me suis plié volontiers à son souhait, trop heureux de l'intérêt qu'elle me portait.

Mais à ma grande surprise ce n'est pas vers moi que ses pas l'ont menée mais vers Hermès qui s'ébrouait. Elle caressa sa tête, lui parla avec gentillesse. Elle lui offrit une carotte sortie de sa poche, probablement subtilisée au cellier. Je la regardais, attendri, bien que pris d'une légère pointe de jalousie.

Elle apporta une couverture afin de réchauffer ma monture et me pria d'ôter la scelle. J'obéis même si je n'avais pas le projet de m'éterniser en cette heure indue. Toutefois, le désir de profiter de chaque minute passée en sa compagnie prit le dessus sur les convenances et mes bonnes manières.

Orgueil & Conséquences Where stories live. Discover now