Le salon de thé

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Georgiana

Quelle joie de retrouver mon chez moi ! Le Hertfordshire est, ma foi, très joli et les habitants y sont gentils. Mais je me sens moins oppressée dans des lieux plus familiers. Loin de moi l'idée de médire sur la famille d'Elisabeth mais je me sens plus apaisée lorsque Mrs Bennet n'est pas à mes côtés !

Le trajet avec les deux sœurs Bennet a été une vraie découverte et nous n'avons pas vu le temps passer à discuter loin des oreilles indiscrètes.

Carnet à la main, offert par mon cousin, j'annotais en secret ce que mon frère m'avait demandé : une liste non exhaustive des goûts et attirances en matière de bijoux, de soieries et de tendances. Tout ce que sa fiancée préférait.

En suivant les deux sœurs et leur tante dans ces rues commerçantes, j'observais Elisabeth toujours aussi vive et charmante. Mais la visite des boutiques n'avait pour elle pas le même attrait qu'elle pouvait me procurer.

Je découvrais alors sa propension à choisir des tenues simples et confortables mais loin d'être représentables de sa future situation. Heureusement la persévérance de nos deux chaperons, Mrs Gardinier et Mrs Annesley, arriva à lui faire entendre raison. Je retenais dès lors que si Fitzwilliam voulait vraiment la combler ce ne serait point avec de riches parures ou des frivolités!

Mes compagnes avaient déjà franchi l'entrée de la célèbre Maison Taylor que je tardais encore sur le seuil de l'entrée, à coucher mes dernières réflexions sur le papier. C'est alors que je fus hélée, me sortant de mes pensées. Il est rare et peu usuel qu'on m'appelle en pleine rue de manière si peu conventionnelle.

Miss Darcy?

À trois pas de moi se tenais un jeune homme de haute naissance, à la stature imposante et pleine de prestance. Mon cœur manqua un battement et je me suis ébaudie en le regardant. Ma réaction peu élégante m'étonnait mais je restais coite malgré moi.

Mon nom est John Graham de Belfort, dit-il en retirant son haut-de-forme, l'air gêné de m'aborder. Mrs Annesley nous avait présentés...
Bonjour Mr le Comte, dis-je embarrassée en le saluant à mon tour. Veuillez m'excuser, j'étais... absorbée.
Je luttais pour ne plus le fixer, même si je sentais son regard sur moi se poser. Il sembla ravi que je me sois souvenu de lui.

C'est alors qu'une voix forte s'exclama depuis l'entrée de la boutique alors que des femmes en étaient violemment chassées.
Non, mesdames, inutile d'insister, nous ne pouvons vous aider !

Je reconnus d'emblée mes amies et me demandais pourquoi elle se faisaient ainsi molester. Mrs Annesley, sous l'effet de la bousculade, manqua une marche et serait tombée si Mr le Comte ne l'avait pas de justesse rattrapée. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, je questionnais d'emblée la boutiquière, coupant de court le Comte qui allait s'exprimer.

Puis-je savoir ce qu'il se passe? Dis-je d'une voix ferme que je ne me connaissais pas.
Oh, Miss Darcy, je ne vous avais pas remarquée, entrez donc je vous prie ! Fit la dame d'une voix mièvre.

Je me suis retournée vers Jane Bennet à mes côtés qui semblait troublée et n'osait pas parler. La dame, embarrassée essaya de se justifier:
Ces dames se sont trompé de commerce...

Je sentis alors une étrange colère monter en moi :
Mrs Taylor, depuis combien d'années fournissez-vous la famille Darcy ? L'interrompis-je.
Oh depuis fort longtemps, Miss Darcy ! Répondis t'elle pleine de fierté. Je me souviens avoir reçu avant vous, votre mère et la mère de votre père.
Et bien je peux vous dire que c'est dorénavant terminé !
Elle me regarda, interrogative.

Orgueil & Conséquences Where stories live. Discover now