Chaude nuit

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Darcy

Le moment tant attendu était arrivé, cet instant dont j'ai tant de fois rêvé. Elisabeth, ma chère et tendre, ma jeune et belle épouse se tenait dans notre maison, là dans la chambre juste à côté. Combien de fois n'ai-je pas songé à la prendre et la faire mienne? Dans mes rêves les plus fous, dans le plus bas de mes instincts, au plus infime de mes espoirs, jusqu'à espérer qu'elle puisse m'accepter. Jamais je n'ai cessé de la désirer.

Elle était éblouissante ce matin à l'autel et je ne voyais qu'elle. Elle a fait de moi un homme comblé. Aussi je souhaitais que cette nuit soit parfaite, je ne voulais ni l'effrayer, ni la contraindre. Elle est tellement pleine de surprises que je ne sais jamais comment me comporter. Elisabeth est plurielle, tantôt douce, tantôt espiègle, elle peut se montrer fragile aussi bien que rebelle.

Je tenais à ce que notre nuit de noce ne se passe pas à Netherfield dans le bruit et la promiscuité des autres invités. Si j'avais pu, c'était à Pemberley que je l'aurai emmené mais hélas le trajet aurait été bien trop long pour le faire en une seule soirée.

J'avais pris grand soin à ma toilette, me suis rasé de près afin de ne point l'irriter. J'avais mis une longue chemise fraîchement repassée et une robe de chambre afin d'être plus distingué. Que pouvais je ajouter de plus? Je ne cessais de me questionner : Comment un jeune marié est sensé se présenter ? Dois-je être entreprenant ou la laisser venir à moi? Dois-je la guider ou écouter nos corps parler?

Sur une console près de la cheminée était disposé, à ma demande, une bouteille de ce vin de France que l'on m'avait conseillé. Je décidais de l'ouvrir afin de le faire chambrer mais le bouchon n'était pas ordinaire et je ne dispose guère de ce genre de savoir-faire. Mon valet était resté à Netherfield et je ne souhaitais pas faire appel à un domestique pour lui demander.

Je m'acharnais donc sur cette bouteille récalcitrante lorsqu'un « pop » retentissant me fit sursauter alors que son contenu jaillissait. Je suivis des yeux la trajectoire du bouchon de liège qui rebondit sur un mur pour se diriger droit vers le visage interloqué de ma dulcinée !

Elisabeth venait, en effet, de franchir la porte qui sépare nos deux chambres et eut l'excellent réflexe d'éviter le projectile. Je la regardais, confus, alors que le vin blanc aspergeait le parquet. Elle apparaissait tel un ange dans l'obscurité, avec sa chemise de satin immaculée bordée de dentelles et ses cheveux nattés.

Ce n'est pas la première fois que vous me visez, Mr Darcy. Dois-je craindre pour ma vie à présent que nous sommes mariés? Me taquinait-elle en faisant évidemment allusion au fameux carnet de poésie dans la bibliothèque.
– Je... je suis consterné Elisabeth. Je ne vous ai pas entendu entrer. Vous n'êtes pas blessée?

Elle me répondit par un large sourire.
– J'ai frappé à la porte mais il semble que vous étiez... très occupé.

Elle me regarda, probablement accablée par l'image pitoyable que je devais afficher et demanda :
– Où se trouve votre cabinet de toilette?
Hésitant, je lui désignais la porte derrière le paravent. Elle en revint avec des linges et en étendit plusieurs au sol afin de remédier à ma maladresse. Je restais prostré.
– Elisabeth, non, vous n'avez pas à faire cela...
– Servez-nous donc deux verres, plutôt que de gâcher ce vin qui doit sûrement coûter bien cher.

Je m'exécutais. Mais alors que je comptais lui tendre sa coupe de vin de Champagne, elle me demanda d'ôter ma robe de chambre. Je pense avoir rougi à cette subite demande.

Elle braqua ses yeux enivrants dans les miens et soupira.
– Votre robe a été aspergée, je souhaite juste la faire sécher!
Elle m'aida donc à retirer ce vêtement et le fit pendre au paravent.

Une fois cela fait, Elisabeth s'approcha de moi et commença à éponger mon visage qui avait, lui aussi, été éclaboussé. Elle le fit avec beaucoup de douceur. Elle prit ensuite l'initiative d'essuyer également la chemise que je portais. Ses gestes et la promiscuité de nos corps commençaient à m'échauffer. Elle dû le remarquer et recula, les joues empourprées.

Je pris nos verres afin de trinquer. Mais à mon grand désarrois, le vin pétillant, qui m'avait donné tant de tracas, n'eut guère la saveur pour lequel il est réputé. Nous nous regardâmes, la même grimace sur le visage, ce qui nous fit sourire instantanément. Je repris le verre de ma dulcinée.
– Pardonnez-moi c'est... imbuvable !
– Je crois surtout, Mr Darcy, que votre vin n'a pas apprécié d'être si près de la cheminée.
C'est à cet instant que je découvris que les flammes de l'âtre dévoilaient ses courbes parfaites au travers le satin opalin de sa chemise de nuit.
– En effet, il fait très chaud ici.

Cette phrase lancée de manière anodine relatait, en vérité, l'état dans lequel je me trouvais. Sans plus hésiter, je me suis approché d'elle et l'ai embrassé. Loin d'être incommodée par mon initiative, elle mit ses bras autour de mon cou pour ne plus me lâcher.

Nos baisers n'avaient plus rien de ceux que nous nous volions alors au détour d'un couloir ou d'une haie, mais ils exhalaient l'attirance et la passion que nous nous éprouvions.

Tous deux enlacés, nous avons improvisé une danse malhabile au travers de la chambre pour rallier le lit. Sur celui-ci, je me mis en face de ma mie pour mieux regarder son visage, ses joues roses et ses yeux qui me fixaient.

J'ai commencé à embrasser sa nuque dégagée qui sentait bon le parfum léger. Elle tressaillit. Puis j'ai pincé une extrémité de son ruban qui nouait sa natte et je l'ai tiré. Avec délectation, j'ai glissé mes doigts dans ses cheveux afin de les délier. Quelle chevelure magnifique, j'ignorais qu'elle était si longue et si ondulée !

Ne tenant plus, je l'ai basculée sur les oreillers, embrassant chaque parcelle de peau dévoilée. Puis mes mains prirent le relais pour caresser toutes les courbes qui étaient à ma portée. Sa poitrine dont les deux extrémités pointaient au toucher, ses cuisses fermes et ses fesses affriolantes sous sa chemise relevée.

C'est ainsi que, dans un élan de désir, je la fis mienne et qu'elle m'offrît sa virginité.

Orgueil & Conséquences Where stories live. Discover now