Chapitre 44 : Fil conducteur

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Deux jours.

Je me suis autorisé deux jours de répit après cette soirée catastrophique signée par le retour de Ryle.

Le lendemain et le surlendemain, j'ai préféré m'isoler. Restant cloitrée dans ma chambre, ce cocon de confort et de sécurité, au moins autant qu'il est possible d'en avoir en ce moment. Quoi qu'il en soit, je n'en suis juste pas sortie, bloquée, à mon propre gré, entre réflexion, haine et peur. Mes journées pleines de doutes, de "et si...", de regrets.

Mon seul contact avec le monde extérieur, ces dernières 48h, s'est résumé aux passages de Cameron pour tenter de jauger mes états d'âmes, discrètement mais pas tant que ça, quand il m'apportait des plateau repas dans un espoir déjà vain à l'avance de me faire manger quelque chose qu'il juge correct.

Malheureusement, il n'y a pas grand chose qui ne donne pas l'envie à mon estomac de se rebeller automatiquement, pourtant, il faut dire que mes nausées ne me laissent pas plus de répit que ça au quotidien, que je mange ou non.

J'ai simplement le ventre trop noué, l'esprit trop meurtri et le corps trop crispé pour me détendre assez pour poursuivre ma vie telle qu'elle l'était.

Peut-être un problème de volonté...

Quel intérêt, en perspective de tout ce qui m'attend et après tout ce qu'il s'est déjà produit ?

Certains vivent pour le bonheur qu'ils pourraient trouver en chemin, mais, à moi, que me reste-t-il ?

Je ne vis plus, même si j'ai pu bêtement en avoir l'impression, le déni m'a lâchée, je me contente de survivre.

J'ai cru comprendre que Ryle quittait la maison tous les matins pour ensuite s'enfermer dans sa chambre tard le soir, ce qu'il fait depuis deux jours. Certainement pour me laisser le champ libre et me libérer de la contrainte que serait de l'éviter si jamais je me décidais à quitter cette pièce. Chose que je vais bientôt devoir faire, rien que pour me débarrasser des plateaux amenés ici par son meilleur-ami.

D'ailleurs, j'ai entendu ce dernier prévenir Satan de me laisser tranquille, sa voix à résonner dans l'escalier hier matin, alors que Ryle était en train de monter, il lui a littéralement interdit de venir me voir ou d'essayer de me parler s'il en trouvait l'occasion, pas tant que je n'étais pas à l'origine du moindre contact que nous pourrions avoir.

Cameron s'inquiète. Je pense qu'il redoute qu'on se détruise encore plus que nous ne l'avons déjà fait. Pourtant ça n'a rien de surprenant. Cette relation qu'on a cherché à développer était vouée à l'échec d'une façon ou d'une autre.

Peu importe comment les choses auraient pu être différentes, le résultat aurait inlassablement été le même. Nous le savons tous.

Et partant de ce principe, je suis de nouveau assez lucide pour comprendre que me terrer ici, dans cette chambre, ne sert peut-être à rien.

Ravalant difficilement mon anxiété, j'attrape mon couteau, que je ne laisse plus hors de ma portée depuis que j'ai dû m'en servir entre ces murs, et me lève de mon lit.

Inutile de préciser que je n'ai même pas chercher à m'habiller ce matin, je ne compte pas sortir de toute façon, ce serais du suicide. Maintenant que j'en suis consciente, il est hors de question que j'aille me pavaner à l'extérieur pour une raison ou une autre, aucune ne serait valable pour prendre le risque de se faire tuer, pas après tant de fois où j'ai eu la chance de passer au travers.

Je me dis aussi que je pourrais simplement ne pas en tenir compte. Juste continuer, sous prétexte qu'il y a bien une raison au fait qu'il ne me soit encore rien arrivé. Mais maintenant que je suis au courant du point auquel je suis en danger, loin de moi l'envie de découvrir jusqu'à quand je vais y échapper.

Tears Of BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant