62. I love you

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Le vacarme de la pluie s'amplifie maintenant que tu te trouves sur le pas de la porte. Eren se tient debout à l'abri sous le petit porche, devant le rideau de pluie brouillant l'horizon. Ses cheveux sont mouillés, sa veste à capuche est assombrie sur ses épaules à cause de la pluie. Il a les mains dans les poches et regarde ses pieds. Sa tête se relève lorsqu'il entend le bruit de la porte.

Etre loin de lui était douloureux, mais le voir maintenant devant toi après tout ce temps l'est encore plus. Ce n'est pas une bouffée d'air, ce n'est pas un soulagement, c'est un coup de couteau. Tu as l'impression que, ton coeur dans le creux de sa main, il y plante ses ongles un peu plus profondément à chaque respiration. Tu es coupée en deux entre deux sentiments, entre deux volontés.

L'amour. Profond, éperdu et destructeur. La colère. Déchirante, dévorante et violente.

Tu souhaites l'étreindre et pleurer dans ses bras. Tu souhaites lui faire part de ton malheur, de ta tristesse et lui demander de ne plus jamais te causer autant de soucis. Mais tu souhaites aussi planter tes doigts dans sa chevelure brune et tirer de toute tes forces pour lui faire comprendre que tu n'es pas celle qu'on laisse sans nouvelles et chez qui on se pointe deux semaines après sans prévenir.

Quoi qu'il en soit, tu ne sais toujours pas pourquoi il est là. Il est peut-être là pour finir ce qu'il a commencé et te briser définitivement. Quelle que soit son attitude, le repenti ou l'abandon, tu seras brisée dans tous les cas. Qu'il ose croire que c'est si simple de te récupérer te donne la nausée.

Tu te plantes dans l'embrasure de la porte grande ouverte, les bras croisés et une épaule appuyée contre le mur en pierre. Lorsque vos regards se croisent, le bruit que ton coeur fait en se brisant un peu plus résonne dans ta tête.

— Pourquoi tu m'as pas fait monter ? demande Eren.

Il tâtonne. Il n'est pas aussi sûr de lui que tu le pensais. Sa voix est prudente et il ne te regarde pas dans les yeux.

— Parce que je ne veux pas que tu rentres chez moi.

— Outch...

Il sourit en regardant sur le côté.

— Mais il pleut. Tu vas attraper froid, ajoute-t-il.

— Pourquoi t'es là, Eren ?

Il daigne enfin te regarder, mais c'est très bref. A l'instant où tu lui rends son regard, il détourne les yeux. Il se frotte distraitement la nuque du plat de la main, geste trahissant son malaise.

— Uhm, bah... fallait qu'on parle je crois. Non ?

— Tu crois ?

Tu as un rictus ironique et ta question n'attend clairement pas de réponse.

— J'ai pas grand chose à te dire moi, poursuis-tu. Alors si tu veux dire quelque chose, dépêches toi. J'ai pas ton temps, il est cinq heure du matin.

— Pourquoi t'es si virulente ?

Le regard perdu dans le vide en direction de la route inondée, tu le tournes instinctivement vers lui.

— Tu te fous de moi j'espère ?

Tu regardes Eren qui semble réellement sérieux.

— J'ai passé dix jours sans nouvelles de toi, putain Eren ! Dix jours où je me suis rongée les sangs en essayant de te joindre ! Dix jours dans cette putain de chambre d'hôtel à attendre un signe de toi ! Et quand j'en ai enfin eu... c'était pour me faire passer pour la dernière des connes ! Je me sentais déjà assez minable comme ça, mais après cet appel...

Sunset |Kde žijí příběhy. Začni objevovat