Sunset |

41. « Je pense que ça craint vraiment »

Le dos appuyé contre le mur, la main dans les cheveux, Eren se demandait comment il avait pu faire tout foirer une nouvelle fois.

Depuis son arrivée dans cette maison le matin même, le jeune homme avait la sensation que plus rien ne leur était impossible, qu'ils pouvaient régler leur problèmes et que rien ne pourrait jamais les séparer. Cette ambiance sécurisante, ce foyer accueillant et cette famille chaleureuse, avaient contribués à faire s'effacer, même l'espace de quelques minutes, ce sentiment d'insécurité et de solitude perpétuelle qu'il ressentait.

Mais bien évidemment, cette noirceur qui le rongeait revenait au galop dès que sa lutte s'affaiblissait.

Comment pouvait-il lui avouer la raison pour laquelle il avait couché avec quelqu'un durant cet éloignement ? Comment pouvait-il lui dire qu'il avait été désespéré au point de tenter de la retrouver via une autre ? Il préférait qu'elle croit qu'il avait flanché plutôt que de dire à voix haute ce qu'il s'était réellement passé dans sa tête à ce moment là.

Un long soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il se décidait enfin à quitter ce couloir. Eren fila vers la salle de bain et s'y enferma. Enlevant son tee-shirt, il remarqua qu'une petite pile de vêtement était proprement posée sur une chaise. Un tee-shirt, un caleçon et une paire de chaussette. Son visage se fendit d'un petit sourire quand il comprit que ça lui était destiné. C'était l'une des choses qu'il aimait chez elle. Malgré leur dispute et la distance qui s'était creusée entre eux, elle avait pensé à lui sortir des vêtements propres.

L'eau chaude n'eût pas l'effet escompté. Eren n'arrivait pas à s'éclaircir les idées et à savoir quoi faire. Il se demandait comment il pouvait rattraper le coup cette fois ci. Il n'était certainement pas envisageable de lui dire la vérité, il devrait donc se faire pardonner d'une autre manière. Au fond, il espérait que si son comportement était doux et prévenant, elle passerait sur cet écart qu'il avait commit. Bien qu'il n'ait rien fait de mal, finalement. Ils n'étaient pas en couple et il avait encore le droit de faire ce qu'il voulait, il en avait conscience. Mais pour lui, il considérait ce geste comme une erreur. Si elle avait fait la même chose, il en aurait été blessé.

Les cheveux encore dégoulinants, Eren enfila les vêtements propres puis sorti de la salle de bain. Arrivé devant sa chambre, une main sur la poignée, il jeta un coup d'oeil à sa porte à elle. Un bref moment d'hésitation plus tard il se retrouvait devant cette même porte, les bras ballants. Il voulait la voir. Elle lui manquait déjà. Il voulait que le dernier son qu'il entende avant d'aller se coucher, soit le timbre doux de sa voix, pas celui froid et en colère qu'il avait entendu quelques minutes plus tôt.

Mais il ne savait pas si aller la voir maintenant était la meilleure des solutions, ni même une bonne idée. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait se trouver comme excuse et avait conscience qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Cette fille butée ne lui autoriserait pas à rester auprès d'elle s'il ne s'expliquait pas. Il enrageait intérieurement mais osait s'avouer que c'était l'une des raisons pour lesquelles il... ressentait quelque chose. Pour elle. Elle ne lui facilitait jamais la tâche, compliquait toujours tout et le rendait fou. Mais c'était tellement enivrant.

Eren adorait ce jeu du chat et de la souris. Il adorait qu'ils se cherchent, se chamaillent, se charment, s'aiment. Mais il voulait enfin l'avoir pour lui, il en avait marre de jouer. Cependant, il avait également peur de l'évolution de leur relation. Quand, ou plutôt si, ils se mettaient ensemble... qu'est-ce qu'il resterait de tout ça ? Ne se lasserait-il pas ? Une vie si calme et sans vague lui plairait-elle ? Il n'en savait foutre rien. Mais ce qu'il savait c'est qu'il voulait être auprès d'elle. Le reste il s'en inquiéterait plus tard.

Il cherchait une raison pour fuir le moment où il devrait se justifier, et il la trouva sans batailler. Une voix masculine provenait de la chambre. Il ne distinguait pas la conversation mais il crut reconnaitre la voix d'Aedan. Elle n'était pas seule.