28. « Des signes qui ne trompent pas »

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Tu prends une grande goulée d'air et regardes le paysage qui se dresse devant toi. Trost. Voilà bien des années que tu n'étais pas retourné dans la deuxième ville qui t'a vu grandir. Tu as passé ici la plus grande partie de ton adolescence, après avoir déménagé de Shiganshina et avant de rejoindre la grande ville de Stohess pour entrer à la fac.

Le trajet t'a prit la journée. Quatre heures de train, rajoutant à ça deux escales. Le soleil de cette fin de journée réchauffe ton visage et la brise ébouriffe tes cheveux. Un sourire se dessine sur tes lèvres. La petite ville fortifiée et médiévale t'a manqué. Stohess à tout de la métropole, ce qui à ses avantages, mais ici tu es chez toi. Et tu es contente d'être rentré à la maison.

Tu regardes autour de toi mais, n'apercevant personne, ni aucune voiture familière, tu pose ton sac au sol et sors ton paquet de cigarette. Tu t'en allumes une et observant les gens déambuler autour de toi. C'est une chose que tu adores faire : regarder les gens évoluer dans leur vie, ne se souciant de personne, vaquant à leur tâche ou rejoignant un point précis. Tu te rends compte à chaque fois à quel point le monde est vaste et que chaque être sur cette terre à sa vie, ses préoccupations, ses proches, tout comme toi. Ce sont des pensées peut-être étranges, mais tu te plais à les observer et à imaginer ce que peut être la vie de ces inconnus. Cette femme en talon aiguille qui attend son train impatiemment va-t-elle rejoindre son amant ? Cet homme débraillé et grassouillet mangeant calmement son hamburger, a-t-il une femme et des enfants qui l'attendent chez lui ? Cet adolescent scrollant son téléphone attend-il son train pour partir retrouver sa famille ? Sèche-t-il les cours pour rejoindre une fille ?

Le sourire aux lèvres, inventant une vie imaginaire à un homme mûr et une jeune fille, tu n'entends pas la voiture qui te klaxonne depuis la route. C'est en tournant la tête que tu les vois enfin.

Une femme élancée et élégante sort du gros SUV familial, accompagnée d'un jeune homme à l'allure sportive. La femme est rayonnante.. Le jeune homme, lui, approche de façon nonchalante, les mains dans les poches et regardant ses pieds.

- Maman, Aedan ! dis-tu en parcourant la distance qui vous sépare.

Tu ouvres les bras et les étreins maladroitement. Tes yeux s'emplissent de larmes alors que tu réalises à quel point ils t'ont manqué.

- Ma chérie, répond ta mère, la voix pleine d'émotion. Comment vas-tu ?

Tu relâches ton étreinte.

- Je vais bien.

Tu les observes un moment. Tu n'avais pas vu ta famille depuis presque deux ans. Trost et Stohess sont deux villes assez éloignées l'une de l'autre pour que des visites à l'improviste ne puissent pas se prévoir si facilement.

Tu les as quitté lors de ton entrée à la fac, il y a trois ans de ça. Tu voulais réussir à vivre par toi même, ta mère t'étouffant trop. Cette séparation t'a fait du bien, t'a fait beaucoup mûrir et tu ne regrettes pas de t'être enfuie. Le seul regret que tu as, c'est de ne pas leur avoir donné autant de nouvelles qu'ils le méritaient. Il n'était pas rare que tu passe plus d'un mois sans téléphoner à tes parents et à ton jeune frère.

Aedan est ton cadet. Agé de dix neuf ans, c'est un jeune homme à la beauté évidente. Il est grand, approchant les un mètre quatre-vingt, le teint halé, blond cendré et aux yeux à la couleur particulière. Ils sont d'un noisette presque or, et c'est très troublant au premier abord. Ses cheveux très légèrement ondulés lui retombent sur le front et sa nuque est rasée. Le visage fin, la mâchoire carrée et un nez légèrement remonté en trompette, il a tout du parfait bourreau des coeurs. Et tu ne doutes pas que c'est ce qu'il est en réalité. Il a tellement grandit depuis la dernière fois que tu l'a vu, que tu en es profondément émue. C'est un homme maintenant, pas l'adolescent que tu as quitté. Tu souris en observant son look. Un jean simple et un sweat bleu marine, sa capuche remonté sur la moitié de sa tête. Vous n'êtes pas frères et soeurs pour rien : tu es habillée de la même façon. Excepté que tu as troqué le jean pour un legging de sport, pour le confort durant le trajet. Tu ne portes pas la capuche de ton sweat trop large car tu as déjà une casquette NY noire, de laquelle sort une longue tresse, tombant sur ton épaule droite.

Sunset |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant