Etoile des Neiges • Martinez ✓

24

Une légère effervescence trainait dans les lieux lorsque Lisandro se leva ce matin-là. Il pouvait ressentir à l'ambiance qu'on était à l'aube de Noël. Une délicieuse odeur trainait dans la cuisine et il s'approcha de la compagne d'Erik pour obtenir des informations. Mais il fut mis dehors sans ménagement sous le regard amusé de son entraineur. 

— Ne t'inquiète pas, je me suis aussi fait virer. Les préparatifs de Noël semblent être sacrés.

Il suivit son coach dans son rire alors que les derniers membres de la maisonnée arrivaient pour prendre à leur tour leurs petits-déjeuners. 

— Vous pouvez aller un peu skier ce matin, on préparera le reste cet après-midi. On devrait avoir le temps. 

Son regard marron s'attarda une seconde sur la belle-fille. Un sourire ornait désormais son visage et il en fut heureux. Elle semblait bien moins triste que la veille depuis qu'elle avait senti l'odeur dans la cuisine et qu'elle avait eu le droit d'entrer dans celle-ci pour regarder ce qu'il s'y tramait. 

Le froid le saisit une seconde lorsqu'il sortit armé de nouveaux skis et de nouvelles chaussures. Il se demandait ce que cela allait donner. Lorsqu'il avait vu les autres skier, cela lui paraissait bien simple mais il n'était pas très sûr que ce soit le cas. Et ce ne fut pas le cas. Les directives contraires de tout le monde n'étaient clairement pas là pour aider. Les deux frères n'étaient pas d'accord sur la façon d'expliquer et les éclats de voix résonnaient régulièrement. 

Il finit néanmoins par réussir à aligner quelques pas de skis tout en usant à peu près comme il le fallait de bâtons. 

— Heureusement que t'es footballeur, c'est pas grâce à toi que l'Argentine aurait pu ramener une médaille en skis.

Il ne put s'empêcher de rire de la remarque. Et il se fit la réflexion que c'était la première fois depuis le début des vacances qu'on abordait qui il était. Et c'était peut-être aussi ça qui lui plaisait. Pourtant, les garçons l'avait parfaitement identifié. Il l'avait compris quand il les avait vus arriver un soir après leur douche avec des anciens maillots de l'Ajax floqués d'un Ziyech et d'un Van de Beek. Et aussi quand ils avaient parlé football à table un soir, se plaignant tout particulièrement et avec une bonne dose de mauvaise foi du sort de leurs poulains respectifs.

De l'autre côté de la famille, l'intérêt semblait moindre à inexistant, mais cela lui allait très bien comme ça. Et il espérait que cela resterait pareil le soir lorsqu'il découvrirait le reste de la famille. Il avait tout sauf envie d'être une bête de foire. Quoi qu'il fut actuellement le clown faisant un spectacle de cirque alors qu'il venait de tomber devant les quatre enfants le nez dans la neige et qu'ils avaient tous éclaté de rire. 

— J'en peux plus, on peut rentrer ?

Et il était heureux qu'ils aient eu pitié de lui.

— Et je rigole Lisandro, on a vu bien bien pire comme débutant. D'ici quelques années à partir avec nous, je suis sûr que tu pourras nous suivre partout.

— Surtout avec des bons professeurs comme nous !

L'odeur dans l'habitacle de la voiture était somptueuse. Lisandro n'avait qu'une seule hâte et c'était d'arriver sur place pour pouvoir enfin découvrir les plats qu'il n'avait pas aidé à confectionner et les goûter. A côté de lui, Jeanne semblait enfin profiter et il sourit à cette idée. Etre triste à Noël était la pire chose qui pût arriver à ses yeux. Mais il savait qu'elle n'était pas pleinement satisfaite. Il l'avait entendue se plaindre à l'idée de fêter Noël le 24 décembre au soir. Selon elle, c'était ridicule, le Père Noël ne passant que dans la nuit. Il avait entendu en réponse qu'il y aurait une redite le lendemain et que c'était bien là qu'ils feraient les cadeaux familiaux. Et il avait pu voir à quel point son sourire s'était agrandi à cette idée. 

Les plats de Noël étaient bien différents de ceux qu'il connaissait mais il les apprécia. Il prit quelques verres de vin après consultation silencieuse d'Erik qui fit comme s'il ne voyait rien, ce qui lui arracha un petit rire. A côté de lui, les plus jeunes avaient une boisson pétillante qu'il voulait absolument goûter tellement ils semblaient être conquis. Et il fut presque déçu lorsqu'on lui servit un verre de champagne et non de ce fameux Champomy au moment du dessert. Il soupira en voyant la bouteille vide et espéra secrètement réussir à en obtenir le lendemain s'il y avait bien cette redite.

Il offrit ses cadeaux prévus grâce à la complicité d'Erik pour la sœur de son entraineur, ses parents, beaux-parents et son ex-épouse et son nouveau compagnon. Il était agréablement étonné de l'ambiance qui régnait. Il ne s'attendait pas à voir ces personnes là à table. Mais il avait rapidement compris que si son entraineur et la mère de ses enfants ne s'aimaient plus, ils n'en étaient pas moins toujours amis. Et c'était certainement mieux ainsi. 

Après avoir osé poser la question, il avait appris que tout le monde était ici au frais d'Erik qui tenait absolument à regrouper tout le monde, à l'exception de la famille de son épouse. Ses parents habitaient depuis longtemps à la montagne et elle avait voulu les rejoindre suite à son divorce, entrainant ses enfants avec elle. Lisandro ne put s'empêcher d'être triste pour son coach. Vivre loin de ses enfants devait être difficile. 

Des présents à table, sa sœur fut certainement la personne qui l'impacta le plus. Elle semblait bien se moquer de ce que tout le monde pouvait penser d'elle et venait de plaquer son travail pour faire un tour du monde en voilier. Cela semblait avoir un temps fait débat mais ses parents avaient l'air de s'être faits à l'idée. Partir en mer devait être tellement bien. Et puis Lisandro se rappela qu'il avait le mal de mer et que ce n'était certainement pas quelque chose qu'il pourrait faire un jour. 

Il n'en revint pas lorsqu'on lui apporta des cadeaux. Pêle-mêle, on trouvait du chocolat savoyard, un beau bonnet bleu et blanc, du thé de Noël et une carte du monde à gratter. Il s'empressa d'ailleurs d'aller gratter la Savoie, son Argentine natale et les Pays-Bas, se disant qu'il ferait le reste plus tard. 

Lorsqu'ils rentrèrent tous ce soir-là, il s'empressa d'appeler sa famille pour leur souhaiter de bien profiter de leur soirée, heureux du moment qu'il venait de vivre.