Etoile des Neiges • Martinez ✓

20

Lisandro ne savait plus trop quoi penser. D'ici quelques heures, il allait se retrouver dans une voiture en compagnie de son entraineur, sa belle-fille et sa compagne. Il s'était fait à l'idée qu'il ne verrait pas ses proches pour les fêtes, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir malgré tout plus que mal au cœur. Il avait eu sa mère et une partie de sa famille au téléphone la veille au soir et ils lui avaient urgemment demandé d'accepter cette proposition. Comme ils l'avaient dit à de nombreuses reprises, rien ne disait quand ce maudit volcan allait s'arrêter de cracher de la fumée. 

En partant avec son coach, au moins il ne serait pas tout seul et cela leur importait presque plus que de le voir. D'autant plus qu'ils savaient tous à quel point cette fête était importante à ses yeux. 

Il avait mis longtemps à préparer son sac. Erik devait le récupérer à midi tapant. Et alors que l'heure approchait, il était à courir dans toutes les pièces à la recherche d'affaires qu'il aurait pu oublier. Il avait pris un bonnet, une écharpe et une paire de gants, l'espoir de voir de la neige comptant plus que tout. Mais il n'avait rien du reste. Il n'avait jamais été au ski et n'avait donc aucune affaire pouvant convenir. De toute façon, il doutait fortement que son entraineur le laissât dévaler les pistes. S'il n'avait pas le droit de patiner, il n'y avait pas de raison qu'il eut le droit de skier. Cette idée lui fit légèrement mal au cœur. Il espérait qu'ils n'allaient pas tous l'abandonner en journée. 

Ce ne fut que lorsqu'il vit les cadeaux emballés dans le coffre alors qu'il y glissait ses affaires qu'il comprit qu'il avait oublié le plus important. Il n'avait rien prévu pour eux, espérant jusqu'à la dernière minute partir en Argentine.

— Ne t'inquiète pas pour ça, tu pourras toujours acheter trois quatre chocolats là-bas si tu veux.

Le visage amical de son entraineur se fixa sur lui et il ne put s'empêcher de se sentir rassuré. De toute façon, rien ne disait qu'ils avaient eu l'idée de lui offrir quelque chose de leurs côtés. Mais l'emmener avec eux était déjà le plus beau cadeau qu'ils pouvaient lui faire. 

Il se glissa à l'arrière. La brune le salua brièvement et il lui répondit de la même façon. Il ne savait pas trop quoi dire, alors il laissa la famille faire la conversation, répondant lorsqu'ils s'adressaient à lui. 

— Tu viens d'où ?

La question le surprit. C'était la première fois qu'elle s'adressait directement à lui. D'ordinaire, ça avait toujours été lui qui avait été la voir. Pour lui interdire un accès, ou pour acheter son silence sur ses dérives disciplinaires. Il lui fit un bref sourire. 

— D'Argentine. 

— Cooool !

Il se demanda ce qu'elle connaissait de ce pays pour le juger ainsi. Car s'il y avait beaucoup de choses qui lui plaisaient, il y en avait également un beau paquet de pas si terribles que ça. Il comprit lorsqu'elle enchaina. Elle semblait renseignée sur certaines zones. Alors qu'il la regardait avec un air étonné, sa mère lui donna quelques éléments d'explications. 

— Jeanne rêve de travailler en lien avec la pampa. 

— C'est depuis que j'ai vu un documentaire sur le sujet sur France 2.

Et il eut par la même occasion la confirmation des dires de Kenneth sur son origine. 

Ce ne fut que le soir que son cœur se brisa. Après un trajet agréable, il ne s'attendait pas à être si chamboulé par les retrouvailles entre son entraineur et ses enfants avec qui il passerait les fêtes. Lorsqu'il les vit se jeter dans ses bras, il contint avec beaucoup de difficulté ses larmes. Parce que normalement, c'était ce que son frère aurait fait lorsqu'il aurait mis un pied chez lui. Mais pas cette année. Il prit sur lui, Erik l'avait invité, il pouvait bien essayer de voir le bon côté des choses le temps de quelques jours.