Etoile des Neiges • Martinez ✓

21

Des éclats de voix réveillèrent Jeanne le lundi matin. Elle enfila un sweat au-dessus de son pyjama et descendit rejoindre le reste de la famille en bas. Les enfants d'Erik se disputaient au milieu du salon. De son côté, l'argentin était devant la fenêtre observant l'extérieur. La brune n'avait pas trop saisi pourquoi il venait. Déjà on la privait de son voyage et en plus on embarquait un inconnu. Lorsqu'Erik leur avait demandé, elle n'avait pas osé dire non mais elle n'en pensait pas moins. Il n'aurait plus manqué que ce fut cet imbécile de Kenneth. Elle avait presque été soulagée lorsqu'elle avait reconnu le patineur au moment de le récupérer la veille. 

— C'est vraiment trop trop beau.

Elle ne put s'empêcher de sourire devant l'expression présente sur le visage de l'argentin. Il semblait complétement admiratif du paysage. Elle se demanda si c'était la première fois qu'il venait à la montagne, ou qu'il voyait la neige. Elle se rapprocha de lui, laissant les autres continuer de se bagarrer dans son dos et Erik tenter de les gérer, sans trop de succès. 

— T'étais jamais venu à la montagne ? 

Il se tourna vers elle, lui sourit une seconde avant de reporter ses yeux marron vers l'extérieur. 

— Si j'en avais déjà vues, mais c'était toujours l'été.

Et Jeanne le savait très bien, ça n'avait rien à voir. Elle ne savait pas si elle préférait la montagne l'été ou l'hiver. Dans les deux cas, elle était heureuse. L'été, elle crapahutait sur des sentiers qu'elle avait fini par apprendre par cœur au fur et à mesure des années à passer quelques semaines là-bas en compagnie de ses grands-parents. L'hiver, elle aimait dévaler les pentes à grande vitesse ou forcer sur ses bras et ses jambes sur des circuits qu'elle avait fini par maitriser à la quasi-perfection. Et plus que tout, elle aimait profiter des arbres recouverts par le givre. Le spectacle de l'étendue blanche immaculée n'avait aucune égale à ses yeux. 

— Moi aussi j'aime beaucoup l'hiver.

Elle finit par le quitter pour aller prendre son petit-déjeuner. Ses yeux verts errèrent en direction de sa mère. 

— On fait quoi aujourd'hui ?

— Erik a promis une bataille de boules de neige et de faire de la luge à ses enfants. Mais on peut aller faire autre chose si tu veux. 

Ses prunelles pétillèrent une seconde à l'idée de passer du temps en compagnie de sa mère juste à deux. Mais après des mois sans avoir vu la neige, commencer par une bataille et de la luge était un programme tout aussi sympathique. Elle se leva donc sans souci pour se diriger vers sa chambre où elle comptait se préparer après avoir lancé un Je vais m'habiller tout sourire. 

— C'est glacé, c'est glacé, c'est glacé.

Des cris venaient de résonner mais personne ne les avait compris. Lisandro hurlait des mots en espagnol qu'ils n'arrivaient pas à saisir. Tous néanmoins ne pouvaient s'empêcher de rigoler en le voyant gesticuler. Le spectacle était à se tordre de rire. Il y avait forcément eu un problème lié à de la neige qui avait glissé sous son pull. Jeanne comprit vite qui était le responsable lorsqu'elle vit le plus jeune arborant un sourire malicieux et dont les yeux pétillaient. 

— Allez, c'est bon pour aujourd'hui. Retour à la maison et repas chaud.

C'était évidemment son beau-père qui venait de couper court à leur bataille. Peut-être avait-il pris peur que son joueur tombe malade. Mais il fallait admettre que cela faisait une bonne heure qu'ils étaient tous à s'envoyer de la neige et qu'il était peut-être temps d'y mettre un terme. Jeanne était presque déçue. Pour la première fois, elle s'était bien entendue avec la famille d'Erik, allant même jusqu'à créer des alliances avec sa fille. Et elle ne fut pas déçue lorsqu'il fut décidé que tout le monde resterait à l'abri pour des jeux de société l'après-midi alors qu'une tempête de neige s'abattait sur le village. Si on lui avait dit ça un jour.