Etoile des Neiges • Martinez ✓

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Le mercredi était une journée que Juliette adorait. En effet, c'était ce jour-là qu'elle avait option arts plastiques. Et elle aurait pu y rester des heures à peindre, griffonner, crayonner, construire, détruire. Créer. 

— C'est terminé pour aujourd'hui, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine.

La voix de leur professeur la sortit de ses pensées. Elle ne voyait jamais le temps passer lorsqu'elle était dans ce monde qu'elle façonnait. Une légère moue s'installa sur son visage lorsqu'elle vit tout le matériel étalé devant elle et qu'elle allait devoir ranger avant de rentrer. Mais il fallait bien quelques inconvénients après des heures de pur bonheur.  

Lorsqu'elle finit par quitter la salle, Hilde l'attendait dehors. Son amie n'excellait pas un pinceau à la main, mais elle était une remarquable musicienne. Alors comme elle, elle trainait dans les couloirs le mercredi quand tous les autres avaient le loisir de rentrer chez eux. 

— On prend un chocolat chaud ?

Elle hocha la tête. S'installer pour une petite heure au café en dessous du lycée était devenu une tradition avec le temps. L'été, elles y mangeaient des glaces tout en débriefant leur début d'après-midi, et l'hivern elles buvaient des boissons chaudes pour se réchauffer en attendant leur bus qui n'arrivait qu'environ une heure plus tard. 

— Deux chocolats j'imagine ?

Une belle blonde aux yeux bleus se tenait devant elle. La serveuse du bar n'était pas très âgée et semblait y travailler depuis un moment déjà. Juliette avait le souvenir de la voir depuis une bonne année. Elle était sympathique et avait appris à faire légèrement connaissance avec elles au fil du temps. Si elles ne se racontaient pas non plus leur vie, elles savaient qu'elle travaillait en parallèle d'études d'histoire. Elle connaissait également par cœur leurs goûts en terme de choix de boissons ou de glace, au point qu'elle aurait pu les préparer avant même de leur demander de choisir. 

Le sourire qui égaya son visage lorsqu'elles hochèrent positivement la tête entraina les leurs. La serveuse était joyeuse et elle semblait appréciée de tous les clients. Mais il ne fallait pas pour autant rire avec elle. La brune se souvenait qu'elle avait une fois retourné le poignet d'un client qu'il l'avait approchée d'un peu trop près. Elle s'était ensuite vantée de faire du judo. 

Une pierre était alors tombée au plus profond de l'estomac de Juliette. Elle ne visionnait jamais ce sport pourtant si populaire dans son pays. C'était celui de son père et sa mère n'arrivait plus à en regarder. Alors elle avait suivi le mouvement, pour ne pas la rendre triste. De toute façon, personne ne faisait le rapprochement avec son nom de famille.  

Elles finirent par quitter les lieux. Leurs pas les guidèrent à travers la ville, longeant les canaux glacés. Dessus, un petit groupe organisait une course. Des cris ainsi que des rires s'élevaient par moment. Le crissement de leurs patins résonnaient doucement alors que les claquements de la lame sur la chaussure retentissaient à intervalles réguliers. 

Ses yeux verts tombèrent sur un visage légèrement bronzé un peu plus loin. Ils restèrent figés dessus.

— Juliette ?  On va rater le bus.

Elle sortit de ses pensées. 

— Désolée, c'est juste. J'arrive pas à savoir d'où je le connais.

Ses pensées tourbillonnaient mais elle n'arrivait pas à savoir où elle avait pu déjà voir cette tête. Elle arrêta bien rapidement de réfléchir, accélérant le pas pour rattraper la blonde qui était légèrement devant. 

Pourtant, elle y pensa de nouveau une fois installée à côté d'elle dans le bus, alors qu'elle pouvait enfin sortir ses doigts de ses poches. Mais ça ne revenait pas. Et ça l'énervait. Parce que Juliette était normalement très physionomiste et elle aimait cette qualité-là. Alors ne pas savoir d'où elle connaissait une personne était une chose qu'elle détestait particulièrement.