🏹 Chapitre 8.2 🏹

Depuis le début
                                    

De retour à la surface, il émerge du puits en fronçant les sourcils. Accroupi près de ses affaires, un jeune enfant est en train de fouiller sans honte à l'intérieur de son sac. S'il avait été un Elfe, Soarën lui donnerait une vingtaine d'années, mais les Humains n'ont pas la même croissance ni la même longévité qu'eux, il n'a donc aucune idée de l'âge qu'il peut bien avoir.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Les mots lui sont venus naturellement, en langue commune, sans qu'il ne sache si l'enfant est capable de le comprendre ni s'il faut s'adresser à lui de cette manière. Mais Soarën a parlé sans réfléchir, désagréablement surpris de voir le jeune Humain examiner ses possessions en son absence. Égoïstes et sans aucun respect de ce qui appartient aux autres. Les on-dit paraissent vrais, pour une fois.

Le gamin relève la tête et pousse un glapissement étranglé en le voyant ainsi debout face à lui, comme surgi de nulle part. Pas une seule seconde il ne serait capable d'imaginer que l'Elfe était descendu au fond du puits. Il se redresse sur ses pieds d'un bond, le sac de Soarën toujours entre les mains, et s'enfuit en courant à toutes jambes vers les ruelles à l'autre bout de la place.

Le Traqueur reste estomaqué une seconde, puis récupère ses autres affaires en pestant avant de se lancer à la poursuite du voleur. Bon sang, le Maître Veilleur n'avait rien exagéré en les avertissant sur les mentalités douteuses et la bassesse des Humains ! Même les plus jeunes d'entre eux ne sont pas dignes de confiance ! Soarën s'en souviendra. Mais pour l'heure, tout ce qui l'intéresse est de récupérer ses biens. Hors de question qu'il laisse l'enfant s'en tirer comme ça : le reste de ses provisions se trouve dans ce sac... mais aussi le peigne de sa mère !

Encore une fois, ses capacités physiques d'Elfe lui sont utiles dans des circonstances auxquelles il ne s'attendait pas du tout. Alors que le garnement espère parvenir à le semer dans les ruelles qu'il connaît comme sa poche, contrairement à lui, Soarën décide de le prendre par surprise. Pendant que le jeune Humain tourne à un carrefour, il saute sur un empilement de tonneaux, puis gagne la toiture de bois. Il lui faut quelques secondes pour s'habituer à évoluer sur le support en pente. La poursuite continue, et Soarën se sent curieusement exalté. Il n'est peut-être plus dans sa forêt, mais il a tout de même trouvé une cible à atteindre. La traque est lancée...

Dans la rue en contrebas, l'enfant finit par ralentir, essoufflé, avant de s'arrêter complètement et de regarder si l'Elfe le suit toujours. En hauteur, Soarën s'accroupit sur le rebord du toit, veillant à ce que son ombre ne trahisse pas sa présence. Il attend en silence. Son heure approche. Rassuré de se savoir à présent seul, le garçon pousse un soupir de soulagement. Il ébouriffe sa tignasse brune désordonnée, puis va s'abriter au coin d'un muret. Soarën le suit sur les toits. Enfin sûr d'être à l'abri, le jeune Humain pose son sac par terre et s'accroupit de nouveau. Recroquevillé sur lui-même, terré dans les ombres nocturnes, il reprend sa fouille méthodique des affaires du Traqueur. Mais le fruit de son larcin disparaît soudain d'entre ses mains.

— Tu m'excuseras, mais je reprends ça. C'est à moi et ça ne t'appartient pas, espèce de voleur.

— Mais... !

Soarën lui lance un regard noir qui le dissuade de protester davantage. Le garçon tremble de peur et hoche frénétiquement la tête en essayant de se reculer davantage vers le mur contre lequel il est déjà collé.

— Oui m'sieur.

— Pff. J'aimerais espérer que tes parents ont honte de toi, mais si tous les Humains sont comme ça, ils doivent plutôt être fiers...

— J'ai pas d'parents m'sieur.

Soarën se mord la lèvre inférieure, gêné, même s'il ne décolère pas contre ce sale garnement qui s'en est pris à lui sans raison.

Soarën [MYSTIS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant