Chapitre LXXVII

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-Il est là ? L'interrogea-t-il finalement.

Andréas hocha la tête, s'adossant au dos de son canapé.

-Il est arrivé il y a quelques heures complètement bourré, en arrêtant pas de dire que tu devais le détester. Là il est dans ma chambre.

-Je peux aller le voir ?

Le plus grand pointa sa chambre d'un signe de tête, le conviant à y aller. Noah lui sourit une dernière fois, s'avança dans le couloir et s'arrêta devant la porte entrebâillée.

Il prit une grande inspiration, puis entra.

Morgan était resté de longues minutes seul, dans cette ruelle sombre. Peut-être même des heures ? Il était resté adossé au mur, contemplant le sol en béton et se demandant ce qui avait foiré dans sa vie.

Ça ne pouvait pas seulement dater de lorsqu'il avait accepté de cambrioler Mehdi, ni même de quand il avait préféré être redevable à Julian plutôt que de parler du pari à Noah. Peut-être était-ce venu de la boule d'angoisse qui s'était formée dans son ventre lorsqu'il pensait à révéler l'histoire du pari à Noah, ou encore tout simplement quand Ulysse et lui avaient décidé de séduire la première personne qui rentrerait dans la pièce ! Non, il le sentait tout datait d'avant. Il avait l'impression d'être pourri et de ne rien pouvoir faire pour changer.

D'un pas lent, Morgan s'était rendu au premier supermarché, avait attrapé deux bouteilles et les avait acheté. Après tout, personne ne demandait de carte d'identité pour acheter de l'alcool. Il y a quelques mois encore, il en achetait avec ses amis pour des soirées en se moquant du manque de contrôle des vendeurs. Maintenant, une bouteille dans chaque main, il alla s'assoir seul dans sur le sable granuleux d'une plage.

Le sportif déboucha la vodka black qu'il s'était prise, observant le liquide semblable à du pétrole. Morgan enchaina les gorgées, regardant les vagues s'échouer au bord, alternant écume blanche et eau bleutée. De temps à autres, des coureurs passaient devant lui ou des chiens et leurs maîtres. Il se rappela de la dernière journée qu'il avait séché. Il était allé au même endroit avec Noah, et avaient passé la journée à parler en anglais et italien pour s'entraîner.

Maintenant, savoir parler d'autres langues ne lui servirait plus à rien. Julian respectait ses promesses et le brun lui avait bien fait comprendre qu'il irait raconter la vérité à Noah. Le rouquin ne lui pardonnerait jamais d'avoir été lâche, de ne lui avoir parlé de rien. Il est toujours si gentil, si doux, si compréhensif. Il aurait pu comprendre ! Il aurait pu lui dire ! Il aurait dû, il aurait tellement dû.

Morgan porte la bouteille à sa bouche, attendant de sentir le goût sucré et amer de la vodka sur sa langue. Mais il se l'était déjà descendue, il ne lui en restait déjà plus qu'une. Son ventre gargouillait et criait famine, ses jambes refusaient de se lever, son esprit aussi. Il resta planté sur le sable, plongé dans ses pensées.

Qu'est-ce qui avait bien pu merder ? Est-ce qu'un jour, il avait pris une décision innocente qui l'avait mené à ce stade ? C'était surement ça "l'effet papillon" dont Noah lui avait parlé : un événement insignifiant qui mène à une situation catastrophique.

Le noiraud ricana seul, se rappelant de cette fois où il avait désobéit à sa mère qui lui avait demandé de ne pas faire de vélo sur la route. C'était la première fois qu'il se souvenait avoir enfreint l'autorité parentale. C'était peut-être là que tout avait foiré.

Ses chaussures s'enfoncèrent dans le sable, laissant derrière elles la traînée de ses semelles. Il faisait bon, quel dommage que son cœur ait été si lourd. Morgan s'allongea sur le sable, sentit les grains chatouiller sa peau et s'immiscer dans sa nuque. Il ferma ses yeux et s'endormit.

DAWN     「 BxB 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant