Chapitre LXV

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Noah envoya valser son pieds sur sa jambe et se leva brusquement, tachant de rester de dos.

-Je vais aux toilettes, grogna Noah qui déverrouilla la porte de la chambre.

-Essaie de croiser personne ! S'exclama Morgan qui le regarda claquer la porte derrière lui.

Le noiraud retomba sur son matelas, se félicitant de porter un jean assez serré pour cacher son entre-jambe. Au retour de Noah, il en profitera tout de même pour aller à son tour aux toilettes.

Morgan attrapa son téléphone et fit défiler ses dernières notifications, parmi lesquelles une invitation de Julian pour aller fumer avec Mehdi et sa bande. C'est en souriant qu'il reposa son téléphone, heureux d'être aux côtés de Noah plutôt que dans un endroit où il ne se serait pas senti à sa place et où la pression aurait été insoutenable.

Il faisait chaud et doux. Du moins assez pour laisser les fenêtres de la voiture ouvertes après l'autoroute. Katerine, la tante maternelle de Noah, était arrivée chez sa soeur en fin de matinée, le lundi de la première semaine de vacances. Les garçons s'étaient dépêchés de ranger leurs valises dans le coffre de la grande Fiat grise, avaient lancé un dernier au revoir à la mère de Noah, puis s'étaient confortablement installés sur les sièges arrières.

-Tu es déjà allé en Italie ? Demanda Katerine au volant de sa voiture.

Elle avait beau parler en français, son accent italien restait prononcé. À l'inverse de Nathalie qui habitait en France depuis la naissance de Noah, sa soeur était restée travailler dans leur village natal. Le grand-père de Noah tenait une boucherie familiale que Katerine avait repris.

-Oui, à deux reprises avec l'école, répondit Morgan qui se redressa sur son siège, mais jamais très longtemps.

À travers la chevelure rousse de Katerine qui claquait contre le siège conducteur à cause du vent, Morgan put la voir hocher la tête.

-Tu vas voir, notre village est magnifique ! Dis lui gattino !

-Notre village est magnifique, répéta Noah d'une voix ensommeillée.

Le noiraud tourna la tête vers son copain, dont le front retombait mollement contre le siège passager. Le bruit blanc du moteur et l'heure passée sur l'autoroute l'avait complètement assommé. Morgan s'amusait de le voir fonctionner au ralentis. La dernière fois qu'il l'avait vu d'une si mauvaise humeur était lorsqu'il l'avait réveillé, chez lui.

-La mer est encore fraiche à cette période de l'année, mais vous pourrez toujours vous promener sur le port. N'est-ce pas gattino ?

-Oui, le port c'est bien, grommela Noah dont l'âme semblait s'enfuir de son corps.

Le sportif lui jeta un regard en biais, amusé de voir ses boucles rousses s'emmêler au gré du vent. Son front et ses yeux avaient disparu sous la nuée flamboyante.

-Nous comptions justement y aller, surenchérit Morgan qui essayait de faire bonne impression, et Noah m'a parlé d'une sortie en montagne il me semble.

-Sì, sì ! S'exclama Katerine qui tourna un peu trop brusquement au goût du noiraud, on a une grande forêt et une belle montagne juste derrière le village. Quand ils étaient plus jeunes, Noah et ses cousins y passaient leurs journées. Tu te rappelles gattino ?

-Oui zia, souffla Noah qui ne semblait pas ébranlé par la conduite mouvementée de sa tante.

Morgan eut un haut le coeur lorsque l'imposante Fiat s'engagea sur une petite route au bord d'un ravin. Il essaya de ne pas regarder le précipice et concentra plutôt son attention sur les bougainvilliers, qui pénétraient dans la voiture au travers des fenêtres ouvertes.

DAWN     「 BxB 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant