Chapitre 31 : Le savoir d'une érudite

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— Merci.

L'Héritière prit le récipient et sirota la moitié du lait. Elle déposa le verre sur un espace libre de la table, chargée de piles de livres. Elle mordit dans le pain complet aux saveurs délicieuses.

Néhémia tira le siège inoccupé devant elle pour s'y asseoir.

— Alors, tes recherches avancent bien ?

La Warloïte termina le dernier morceau de son encas d'une bouchée et essuya ses lèvres, de manière à retirer l'excédent de sauce. Elle couvrit un léger rot de satisfaction dans son poing.

— J'ai eu le temps de lire les rapports des médecins que tu m'as envoyés, durant ces trois derniers jours.

Le pirate porta son regard sur la pile de documents, entassée du côté gauche de la jeune fille, puis se recentra sur elle.

— Qu'est-ce que tu en as retiré ?

Les jambes croisées, les paumes posées sur ses genoux, la naturopathe lui fit son compte rendu.

— À mon arrivée, en voyant l'importante masse de rupus se trouvant à Black Wall, j'avais tout d'abord pensé à l'hypothèse de la fièvre de mocus. Et apparemment, la plupart des soignants pensent la même chose. En fait, ils en sont convaincus.

— La fièvre de mocus ? répéta l'homme d'un ton penaud, gêné de ne pas connaître l'élément paraissant si évident aux yeux du jeune médecin.

Khé-Khé s'aperçut de son embarras. Elle ne le rabaissa pas pour autant ni ne montra un quelconque signe de moquerie.

— C'est une maladie qui se déclare d'abord chez les rupus, les rongeurs piqués par des puces infectées. En mourant, les puces perdent leur hôte et recherchent d'autres sources de sang. Ce qui nous amène à notre descente dans la Zone Zéro.

Le Drënien était visiblement perdu.

— Comment ça ?

— Je tenais à voir de plus près les contaminés en phase terminale. En dehors de la toux et cracher du sang, les malades de la clinique du soignant bénévole présentaient les mêmes symptômes de la fièvre de mocus : des frissons et de la fièvre, accompagnés de douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête, de la fatigue, des zones purulentes sur certaines parties du corps. Et surtout, leur peau changeait de couleur pour devenir violette. Je crois que c'est pour tous ces éléments que les médecins de la forteresse pensent à cette maladie.

Néhémia avala sa salive tandis qu'il s'abreuvait de ses explications. Les marmonnements inaudibles de la fillette, derrière ses sourcils froncés, l'intriguèrent.

— À te voir, tu ne sembles pas convaincue de l'hypothèse de cette fièvre, je me trompe ? Sinon, tu ne serais plus là à étudier tous ces bouquins à longueur de journée.

Khé-Khé acquiesça avec un lourd soupir.

— C'est vrai. Malgré tous ces symptômes qui concordaient avec les malades... quelque chose n'allait pas.

— Quoi donc ? quémanda presque le pirate avec grand intérêt.

— Grâce à mon don, j'ai observé minutieusement les infectés et je n'ai vu aucune piqûre de puces. Elles apparaissent le plus souvent au niveau du cou, aux aisselles et à l'aine, par la présence d'une légère surélévation de la peau, indiqua-t-elle en pointant du doigt lesdites zones sur son corps. D'autres piqûres surviennent plus tard avec la présence de pustules, c'est euh... du pus sous forme de croûtes.

D'une moue maligne, Khé-Khé se pencha près de son ami et lui fit signe de se rapprocher. Guidé par son geste, Néhémia avança son visage près du sien.

Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant