XXIX. La refonte du gouvernement

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Tous les hauts officiers de l'armée s'étaient réunis dans la grande salle du tribunal militaire. Ça faisait du beau monde, et les souvenirs du procès d'Eren revinrent à la mémoire d'Hannah lorsque ce fut au tour des brigades spéciales d'entrer en piste. La salle avait été réorganisée et des tables disposées en U se dressaient à présent sur les côtés. Les membres du bataillon d'exploration et de la garnison étaient déjà installés. Elle avançait aux côtés de Nile qu'elle avait retrouvé tôt le matin avec le chef Scheich et le Caporal Kammendel, fraîchement gradé en remplacement de Seefeldt. L'implication de celui-ci auprès de la première division n'avait pas franchement fait scandale au sein des brigades. Tout le monde semblait se foutre royalement qu'il soit un enfoiré de première s'étant rendu complice du quasi-meurtre d'Eren Jaëger. Ça l'énervait, mais la jeune femme n'était pas très étonnée. 

Au vu des regards qu'ils recevaient de la part de la garnison et des patrouilleurs, elle n'était pas non plus surprise de voir qu'ils étaient toujours aussi farouches. Pendant le coup d'état, seul le Commandant Dork s'était opposé vigoureusement à la fermeture des portes du mur Sina. En d'autres termes, les brigades spéciales n'avaient rien perdu de leur mauvaise réputation et des tensions se faisaient déjà ressentir parmi les fomenteurs du putsch. L'organisation de ce nouveau gouvernement allait être longue et laborieuse. Elle se contenta d'ignorer leurs mines hostiles tandis que leurs pas résonnaient dans le silence incroyablement pesant du tribunal.

Arrivés à leur tribune, les soldats s'installèrent. Hannah tira une chaise au premier rang et s'affala dessus. Tout ce petit manège l'ennuyait déjà, ils allaient passer la journée à mettre en place des actes administratifs pour la gestion du royaume. La Reine étant inexpérimentée dans les affaires, elle allait recevoir un enseignement politique, économique, social et commercial complet avant d'être à même de gouverner par elle-même. Il fallait également lui apprendre à s'entourer de conseillers honnêtes et avisés afin que les erreurs passées ne se reproduisent pas.

En même temps qu'elle s'adossait contre le dossier de sa chaise et sortait un carnet qu'elle jeta sur la table devant elle, un mouvement en face d'elle la tira de ses ruminations. Hanji la saluait de mouvements amples et excités de la main, et elle ne put que répondre par un bref salut amusé à son tour. Cette femme pourtant si brillante et sérieuse à ses heures avait le don magistral de se décrédibiliser en moins d'une demi-seconde. Elle reçut un coup de coude sur sa gauche et Hannah porta alors son attention sur un Caporal Livaï profondément ennuyé par le comportement de sa camarade. Elle croisa un instant son regard mais détourna bien vite la tête, de peur de rougir ou de sourire comme une imbécile. Sa manie qu'elle avait de se trahir involontairement l'y obligeait.

Elle ne put cependant pas s'empêcher de ressasser les souvenirs récents qu'ils avaient partagé. Livaï avait passé la nuit avec elle, dans le salon de musique. Ils avaient fait l'amour une deuxième fois, puis une troisième. Entre chaque, elle avait joué de la musique, ils avaient parlé. De tout, de rien. De sujets sérieux, d'autres moins. Il lui avait raconté tout ce qu'il s'était passé pendant leur cavale, comment Hanji avait réussi à discréditer les brigades avec l'aide de Flegel qui avait finalement survécu, le soldat de la première division qu'il avait torturé dans les bois pour pas grand-chose au final. Elle n'avait pas eu vent de tous ces détails avant, et elle avait eu l'impression de se faire compter un roman de cape et d'épée. 

Avant l'aube, elle avait fini par s'endormir, allongée contre lui. Elle ne s'était même pas sentie sombrer. Il l'avait laissé se reposer, et lorsqu'il l'avait réveillée, il était déjà rhabillé de son uniforme et sur le point de partir. Elle soupçonnait qu'il n'ait pas fermé l'œil encore une fois et se demandait comment il pouvait tenir le coup avec si peu de sommeil. Elle était si fatiguée qu'elle se tassait dans le fond de sa chaise sans même s'en rendre compte.

Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OCWhere stories live. Discover now