Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OC

II. Le procès

Le retour au district d'Ehrmich avait été mouvementé. Hannah avait fait un rapport détaillé auprès du commandant Dork, qui malgré une colère non dissimulée au départ, avait fini par reconnaître que les initiatives prises sur place par sa subordonnée n'avaient pas été mauvaises. Il n'avait pas envisagé une seule seconde que le district puisse être sauvé, encore moins aussi rapidement. À situation exceptionnelle, décision exceptionnelle, et le Sergent s'en était bien tiré. Très vite, il fut décidé que le jeune titan serait transféré à Mitras, dans les cachots situés sous le tribunal militaire. Le général Zackley lui-même avait rejoint Dork à Ehrmich lorsqu'il avait eu vent de l'attaque. La prise en charge de Jaëger fut donc extrêmement rapide, et ses supérieurs apprécièrent la réactivité dont Hannah avait preuve en le rapatriant ici, sous la surveillance des brigades. 

Elle fut également invitée à se joindre à eux à Mitras avec d'autres gradés jusqu'à la tenue du procès, dont la date n'était pas encore fixée. Il fallait d'abord attendre que le jeune homme reprenne conscience, ce qui n'était toujours pas le cas le lendemain. La jeune femme ne savait pas combien de temps elle allait passer à la Capitale, aussi avait-elle embarqué des affaires pour quelques jours, ainsi que ses carnets de croquis. Elle avait encore du travail. Sa commande spéciale. Elle et les autres officiers se relayaient régulièrement pour que deux personnes soient en permanence auprès du prisonnier. 

Le Major Smith n'avait pas tardé à transmettre sa demande auprès des brigades pour visiter Eren, et cela avait vite généré des inquiétudes dans leurs rangs. Lors de la réunion qui s'était tenu entre les représentants des brigades et leurs officiers, il était clair qu'un clivage était en train de se créer. Les brigades spéciales contre le bataillon d'exploration. Très vite, les théories du complot avaient fusé dans la salle de réunion. Beaucoup accusaient le bataillon de vouloir utiliser la recrue comme une arme, pouvant être utilisée à la fois contre les titans, mais également contre le gouvernement. Hannah fut choquée de ces accusations. Si elle avait conscience du peu d'estime que les brigades portaient au bataillon, c'était la première fois qu'elle entendait des conneries aussi honteuses et infondées à l'encontre de Smith. Certains supputaient même qu'il ait eut conscience de l'existence du jeune homme depuis longtemps, mais qu'il aurait décidé de le cacher. Pour elle, c'était inconcevable. Elle faisait confiance au Major.

Le résultat de cette réunion était tout aussi décevant pour elle que les discussions qui avaient eu lieu. Les brigades étaient tombées d'accord pour utiliser la recrue Jaëger comme cobaye afin de percer le secret de sa transformation et donc, peut-être, des titans. Les hauts représentants du régiment commençaient alors à construire leur argumentaire en vue du procès face au bataillon. Personne ne savait ce qu'Erwin Smith avait vraiment en tête, mais ils savaient que le bataillon voudrait rallier Eren à leur corps d'armée, et qu'ils allaient devoir se disputer la garde du cadet. 

Peu de temps après la réunion, la jeune femme toqua au bureau du Commandant Dork du QG de Mitras. Lorsqu'il l'invita à entrer et qu'il fit face à la jeune femme, il soupira comme s'il savait déjà ce qu'elle allait lui demander.

- Laisse-moi deviner, Hannah, tu viens essayer de me convaincre de laisser le bataillon rendre visite au titan.

Non sans un léger sourire, elle haussa les épaules.

- On ne peut rien te cacher, répondit la jeune femme en s'approchant du bar disposé dans un coin de la pièce.

Elle se servit un Whiskey sec avant de prendre place sur un fauteuil posté devant une cheminée éteinte, les yeux fixés sur les restes de suie d'un feu d'antan.

- Nile, reprit-elle, tu n'as aucune raison légitime de les en empêcher. Tant que le procès n'est pas passé et que la recrue n'a été assignée à aucun corps d'armée, il n'y a rien qui justifie qu'ils ne puissent pas lui parler. Ça ne ferait que décroître le peu de confiance qu'ils ont en nous. On a déjà suffisamment mauvaise réputation comme ça.