I. Le nouvel espoir de l'humanité

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Trois heures et demi furent nécessaires à la jeune femme pour atteindre Trost, se situant à environ 130km du district d'Ehrmich. Son cheval n'avait pas tenu la cadence, et elle avait dû effectuer un roulement à un poste de garde sur le chemin afin de le laisser se reposer. Les chevaux des brigades spéciales n'étaient de toute évidence pas aussi endurants que ceux du bataillon. Ils s'exerçaient bien moins. Ce que les gardes de la garnison lui avaient rapporté au cours de son trajet l'avait interloquée. Le Commandant Pixis sur place aurait élaboré un plan afin de combler le trou ouvert plus tôt par le titan colossal. Comment était-ce possible ? Elle n'avait pas eu d'informations plus détaillées, mais elle ne s'empressa que plus d'atteindre sa destination.

Comme on pouvait s'y attendre, une marée humaine était amassée aux abords du district, dans l'enceinte du mur rose. Leur lieu de vie avait probablement été entièrement ravagé. Ces gens avaient été évacués dans la hâte et s'amassaient aux abords de la grande porte, prostrés, les familles se tenaient étroitement serrés, leurs membres se tenant les uns aux autres pour ne pas se perdre. Des hommes, des femmes et des enfants pleuraient. Certains soldats blessés hurlaient à la mort qu'on les achève. Passant au pas sur son cheval, Hannah promenait un regard sombre sur ce spectacle désolant. Elle pouvait sentir l'odeur du sang et de la mort. Au loin, elle remarqua alors un alignement de formes longilignes dissimulées sous des bâches en tissu. Ça fait beaucoup de cadavres... Et ce n'était certainement pas les seuls. Les regards désespérés qui se posaient sur elle l'interpellaient. Elle pouvait y lire la peur, l'horreur, l'inquiétude. Qu'allaient-t-ils devenir ? Ils savaient que leur sort était à présent aux mains des brigades spéciales, l'arrivée d'un gradé ne devait pas les rassurer. S'ils savaient... 

Toutefois, une bonne nouvelle semblait se profiler. Si les évacués étaient toujours aux abords de la ville et n'avaient pas déjà été transportés vers le mur Sina de toute urgence, c'était probablement que le plan de Pixis avait fonctionné. Le mur avait-il vraiment été comblé ? Cette hypothèse semblait irréelle, mais elle avait une confiance aveugle envers le Commandant de la garnison. Bien qu'un curieux personnage à première vue, il n'était pas dénué d'un sens critique hors pair. Il savait analyser une situation pour la tourner à son avantage, et la jeune femme ne doutait pas qu'il ait mis à profit son intuition légendaire pour sauver l'humanité. Si seulement ce bougre n'était pas aussi porté sur la bouteille. Détournant le regard du tableau macabre autour d'elle, elle fit accélérer son cheval pour atteindre le poste de commandement. Un soldat de la garnison vint l'accueillir.

- Sergent Ainsworth ? Est-ce que c'est le commandant Dork qui vous envoie ?

Elle posa un pied à terre en saluant le soldat. Elle le connaissait, elle en était sûre. Pourtant, elle n'arrivait pas à se souvenir de son nom. Elle avait dû l'apercevoir quelques fois aux côtés du Commandant. Oui, certainement.

- Pas vraiment. Disons qu'il ne m'a pas empêché de venir. Quelle est la situation ? Où est le Commandant ?

- Il vous expliquera mieux que moi. Il est en haut du mur, juste au-dessus de nous.

- Merci. Peux-tu donner à boire à mon cheval ? Je l'ai beaucoup sollicitée, cette pauvre bête.

Le soldat accepta docilement avant de s'éloigner en tirant l'équidé par la bride. Elle le remercia avant de se diriger vers le mur. Actionnant son équipement tridimensionnel pour se hisser sur un toit, elle se lança ensuite dans l'ascension de la muraille. Au sommet, elle se hissa maladroitement sur le rebord.  Sa chevauchée l'avait fatiguée, et ses jambes la tiraillaient. Décidément, elle était rouillée. Se redressant avant que quelqu'un ne soit témoin du manque de classe d'une gradée des brigades, elle chercha le Commandant des yeux. Il était non loin, de dos, et discutait vivement avec plusieurs personnes de la garnison. À mesure qu'elle s'approchait, elle commençait à saisir les bribes de la conversation.

Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant